Évaluer ses performances en course en sentier avec la cote ITRA

David Jeker
David Jeker au 50 km du Trail de la Clinique du coureur 2018, devant Mathieu Blanchard, Maxime Leboeuf et Jean-François Cauchon - Photo : François St-Pierre

Un texte écrit en collaboration avec Nicolas Fréret

L’Association internationale de course en sentier, l’ITRA, a développé en 2012 une méthode de calcul lui permettant d’établir ce qu’elle appelle une « cote » afin que les coureurs puissent évaluer leurs performances individuelles. Connaissez-vous la vôtre ?

Il est important de ne pas confondre cet indice de performance (compris entre 0 et 1000), qui évalue le niveau des participants après chaque course, et les points ITRA (compris entre 0 et 6). Ceux-ci sont attribués automatiquement lorsqu’on se rend au bout d’une épreuve, sans tenir compte de la performance.


Les points ITRA ne sont pas la cote ITRA

Tous les finissants d’une course obtiennent exactement le même nombre de points ITRA lorsqu’ils la complètent. Ces points ITRA sont attribués préalablement en fonction du niveau de difficulté de l’épreuve (distance, dénivelé). Ils permettent, par exemple, lorsqu’on les cumule, de se qualifier pour la loterie de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc.


Comprendre la cote ITRA

En ce qui concerne la cote ITRA, le principe, un peu complexe, est le suivant :

  • la cote est attribuée à chaque coureur pour chacune des courses auxquelles il participe.
  • Le parcours est d’abord converti en « km-effort ».
  • Le résultat de chaque coureur est comparé à une performance maximale théorique équivalente à 1000 points.
  • Une seconde étape permet de calculer un coefficient qui fera en sorte que la moyenne des indices de performance de tous les coureurs à l’arrivée soit la même que celle au départ.
  • Ce coefficient permet donc de tenir compte des spécificités du parcours et des conditions du jour. 
  • Ce système est très précis si la trace GPS du parcours fournie par les organisateurs est bonne.

Une moyenne pondérée des cinq meilleurs résultats donne une cote générale et des calculs sont aussi établis pour chacune des catégories d’événements.

Cette cote permet de catégoriser le calibre des coureurs et est utilisée par de plus en plus de courses de niveau mondial pour déterminer qui a droit à un dossard élite gratuit ou qui pourra outrepasser la loterie pour l’obtention d’une place sur la ligne de départ.

Selon des informations obtenues durant l’assemblée générale de l’ITRA le mois dernier, un classement par groupe d’âges devrait voir le jour bientôt.

Les performances de Jean-François Cauchon et Mathieu Blanchard

Prenons pour exemple deux grandes performances québécoises de 2017 sur la scène internationale, soit la 31e position de Jean-François Cauchon à l’UTMB et la 14e place de Mathieu Blanchard à la The North Face Endurance Challenge en Californie.

Ils ont respectivement obtenu une cote de 739 et de 809 pour ces courses. L’indice de performance permet ainsi de comparer deux coureurs sur des parcours totalement différents et de se donner une idée de leur valeur respective.

L’indice de performance ITRA permet de se comparer

La cote ITRA permet de se comparer aux meilleurs coureurs du monde. À l’heure actuelle, Caroline Chaverot et Jim Walmsley trônent au sommet du classement mondial dressé par l’ITRA, avec respectivement des cotes de 806 et 946.

Notons qu’un abandon est sans conséquence sur l’indice de performance. D’ailleurs, Chaverot et Walmsley ont abandonné plusieurs grandes courses l’an dernier.

Du côté canadien, c’est Rob Krar (899) et Alisa McDonald (777) qui dominent la classement ITRA.

Cet indice permet aussi de se comparer avec soi-même. Le temps est venu de populariser le concept de « record personnel en trail ». Il correspond tout simplement à sa meilleure cote. Chaque coureur peut trouver la sienne sur sa fiche personnelle, disponible sur le site web de l’ITRA.

Au-delà de l’aspect compétitif et de l’évaluation de sa progression, l’indice de performance permet de se situer par rapport aux barrières horaires des courses auxquelles on se prépare. En effet, un critère « finisher » est associé aux courses certifiées par l’ITRA. Si la cote indiquée est en deçà de sa cote personnelle, ont devrait être en mesure de terminer la course dans les délais.

Le jeu du contre-la-montre

L’indice de performance ITRA n’est pas la seule façon d’évaluer sa progression. Répéter un contre-la-montre sur une portion de sentier est aussi une bonne façon de valider son entraînement. En choisissant un segment Strava, il est possible de se mesurer à d’autres coureurs, ce qui ajoute aussi un élément compétitif.

Si la course en sentier est une bonne façon d’oublier le chrono et de se faire plaisir en nature, rien n’empêche de garder un esprit compétitif avec soi-même, avec ses principaux concurrents ou avec ceux qui courent à l’autre bout du monde!


Entraîneur de sports d’endurance, David Jeker détient une maîtrise en sciences du sport. Il est ambassadeur de La Clinique Du Coureur et représente les coureurs canadiens à l’ITRA. Suivez-le sur Instagram et sur Strava.