Pascal Moreau : le « survivant » des 24 éditions des Templiers

Pascal Moreau
Pascal Moreau n'a jamais raté une édition du Festival des Templiers - Photo : Festival des Templiers

DISTANCES+ À MILLAU – Ce dimanche 27 octobre, Pascal Moreau sera sur la ligne de départ de son 25e Grand Trail des Templiers (80 km, 3690 m D+) en Aveyron. Il est le seul «  rescapé de la première édition en 1995 de ce trail devenu mythique en France et dans le monde et il a eu le droit à sa page dans le livre « Légendaires Templiers », publié à l’occasion de l’édition 2021.

Quand il a pris le départ en 1995, Pascal Moreau ne se doutait pas qu’il reviendrait ici tous les ans. Ce qui l’intéresse avant tout, c’est de courir de longues distances en nature. À l’époque, le trail n’était pas aussi démocratisé, les courses de ce genre étaient moins nombreuses. Le paysage aussi l’attirait particulièrement. « Les Templiers, ce sont les causses. Et les causses, ce sont quelques séjours en vacances avec mes parents, évoque-t-il nostalgique. Ces paysages d’herbes à mouton, de petits bosquets et de rochers ruiniformes qui sont sur les causses, ça me transporte. »

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Pourtant, l’athlète récréatif de 58 ans est venu sur le tard à la course à pied. « Courir régulièrement avec des programmes un petit peu structurés, c’est venu pendant mon service militaire dans les années 80 avec Gilles Grindler (un militaire très performant en ski de fond, NDLR) », raconte Pascal Moreau.

« se prendre au jeu du nombre de participations »

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Pascal Moreau a tissé un lien assez fort au fil des ans avec les organisateurs du Festival des Templiers, Gilles Bertrand et Odile Baudrier – Photo : courtoisie

Il a évolué en même temps que l’événement dans le monde du trail et il y est toujours resté lié. Il a notamment connu les premières éditions à Saint-Eulalie de Cernon (1995 et 1996), puis celles à Nant (1997-2009) et à Millau depuis 2010.

Pourtant, Pascal Moreau assure ne pas « être très dossard ». Ce qu’il aime surtout, c’est de profiter des paysages ou courir avec des amis. Alors pourquoi continue-t-il de revenir inlassablement année après année? « Je ne sais pas si j’ai répondu à la question du pourquoi et je ne sais pas si j’arriverai à y répondre un jour », commente-t-il. Il avance aussi l’argument de la date de l’événement qui tombe à une période où il peut souvent s’entraîner comme il faut.  « J’aime bien cette période. L’automne, on n’a pas trop chaud, on n’a pas trop froid et puis les paysages sont magnifiques, les couleurs sont belles », détaille-t-il.


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Bien évidemment, le lien tissé au fil des ans avec Gilles Bertrand et Odile Baudrier, les fondateurs de l’événement, joue aussi un rôle important dans ce choix de revenir. Il dit même avoir une histoire commune avec Gilles Bertrand qui les rapproche tous les deux puisqu’ils sont géographes de formation et ont étudié à Tours dans la même université, à quelques années d’intervalles. Mais l’attachement à cette course est tel que certaines années, comme en 2010 ou en 2018, elle a été la seule à laquelle il a participé.

Il n’a, par ailleurs, jamais couru une autre course de l’événement que le Grand Trail des Templiers, l’épreuve reine. « On doit sans doute se prendre au jeu du nombre de participations », avance-t-il sans conviction.

Si tel était son objectif, il a été atteint puisque l’autre seul coureur à avoir participé à toutes les éditions était Christian Vignaud. Mais ce dernier a dû renoncer pour cette année à se présenter sur la ligne de départ. D’ailleurs, son absence ne laisse pas indifféremment Pascal Moreau.

« Je pense que le fait qu’il ne soit pas là, ça va me prendre à la gorge, estime le coureur. Je m’attends à un grand moment d’émotion sur la ligne de départ. »

Le film de sa course est prêt

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Pascal Moreau a terminé 21e du Grand Trail des Templiers en 2004, son meilleur résultat – Photo : courtoisie

L’émotion sera d’autant plus forte qu’il a dû passer deux années à ronger son frein puisque l’édition de 2019 avait été annulée en raison des mauvaises conditions météorologiques et la pandémie avait empêché d’organiser la course en 2020.

Malgré tout, l’an dernier Pascal est venu à Millau avec des amis et sa fille pour emprunter les sentiers qu’il connaît par cœur. Le parcours, il l’a fait sur deux jours, notamment pour permettre à sa fille, Marion, de repérer le tracé depuis Pierrefiche jusqu’à l’arrivée.


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Le film de la course, Pascal Moreau se le fait dans sa tête depuis deux ans. « J’ai hâte de le dérouler en réel, je ne pense pas qu’il me manque un morceau, plaisante le traileur. Sauf la bifurcation sur la Salvage (pour des raisons sanitaires, les organisateurs ont délocalisé le ravitaillement de Pierrefiche à Notre-Dame de la Salvage, ce qui a entraîné une légère modification du parcours, NDLR. »

L’objectif cette année sera modeste : terminer la course, assurément bien loin de sa 21e place acquise en 2004. C’est d’ailleurs lors de cette édition que Pascal Moreau retient le meilleur souvenir puisqu’il avait franchi la ligne d’arrivée main dans la main avec son ami Thomas Vericel qu’il avait rattrapé dans la montée du Roc Nantais.

Tenir pour sa fille

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Pour préparer ses courses, Pascal Moreau s’entraîne sur les pentes du massif du Vercors – Photo : courtoisie

Mais les années passent et « la carcasse vieillie », selon ses propres mots. « Il y a des chocs, des articulations qui fatiguent, des petits bobos à gauche à droite qui empêchent de construire un entraînement qui m’amènerait serein sur la ligne de départ », explique Pascal Moreau. En 2015, il a également été opéré du ménisque et il doit composer aujourd’hui avec un genou qui a tendance à coincer. « Avec cette histoire de genou, je ne sais pas trop où je vais, assure-t-il. Si ça coince vraiment, je ne sais pas si je serai capable de continuer. »

Son corps vieillissant et son problème de genou ont poussé Pascal à revoir sa préparation. S’il assure maintenir au maximum des entraînements d’intensité, il a aussi mis l’accent sur la natation depuis l’année dernière. À tel point qu’il s’est même inscrit dans un club de triathlon. Un moyen pour lui de continuer à se préparer pour les Templiers tout en préservant son corps.


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Car Pascal Moreau ne sait pas quand il s’arrêtera, mais il compte bien revenir encore quelques années de plus. Il rêve de pouvoir tenir suffisamment longtemps pour participer à cette épreuve avec Marion, sa fille, qui sera alignée sur la VO2 Trail (19 km, 810 m D+) cette année.

En 2016, en pleine course, Pascal Moreau confiait « qu’aller vers l’arrivée, ça veut dire que c’est une histoire qui se termine. C’est toujours dommage, surtout quand les histoires sont belles ». Étant donné que le gardien du temple (comme il se fait surnommer dans le livre Légendaires Templiers, NDLR) n’a pas décidé de rendre les clés, l’histoire ne se termine pas vraiment, il finit juste un chapitre de la grande historie du Festival des Templiers et laisse la place au suivant.