Math Sport devient YUL et se lance à l’assaut du marché américain

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Mathieu Raymond, fondateur et dirigeant de Math Sport, devenu YUL - Photo : courtoisie

Mathieu Raymond est fébrile en annonçant l’opération de grande envergure qu’il lance cette semaine et qui devrait faire passer Math Sport, l’entreprise de fabrication de chaussures de course qu’il a fondée au Québec, à un niveau supérieur.

C’est « presque » fini pour la marque « Math Sport », a-t-il confié à Distances+. Désormais, les chaussures seront commercialisées sous le nom « YUL ». Le sigle identificateur de l’aéroport Pierre-Elliot-Trudeau, à Montréal, a fini par incarner au fil des années la métropole dans l’imaginaire collectif. 

Le nom permettra à la marque un jeu de mots tel que « Yul Run » (« tu vas courir » / « vous aller courir »), qui est déjà l’adresse du nouveau site web.

Mathieu Raymond, un ancien athlète de niveau national en 800 m, avait lancé Math Sport en 2014, en rêvant d’offrir aux coureurs une chaussure « personnalisable ». Les consommateurs peuvent ainsi moduler la semelle interne, l’épaisseur de la semelle externe et le dénivelé (drop), ainsi que la couleur.

Après deux ans de développement, il a lancé sur le marché sa chaussure de « première génération », entièrement fabriquée dans son usine montréalaise. Il a continué de travailler son produit en fonction des commentaires des consommateurs, et a lancé une « deuxième génération », qu’il a commercialisée pendant trois ans.

Il note toutefois que 85 % de sa clientèle ne requérait pas vraiment les services de personnalisation. Ainsi, toujours en évolution, il lance maintenant sa troisième itération, qui est cette fois fabriquée en Chine pour plus d’efficacité. « C’est enfin le produit qu’on voulait avoir », dit Mathieu, qui, sûr et fier de son nouveau modèle, se sent « d’attaque pour les États-Unis et le Canada anglais ».

Par le sociofinancement

Photo : YUL

C’est ainsi que YUL se lance à la conquête de l’Amérique du Nord, avant de, peut-être, conquérir le monde, espère Mathieu Raymond. Une opération de sociofinancement est lancée cette semaine sur la plateforme Indiegogo, avec toute une campagne de promotion pour faire connaître le produit.

Il espère vendre au moins 1000 paires au cours de cette offensive publicitaire. « Je ne vois pas comment ça pourrait ne pas arriver, dit-il. Avec l’expérience qu’on a, la qualité du produit… ce serait vraiment une mauvaise communication! » 

La plateforme Indiegogo accueille plus d’un million de visiteurs par mois, explique Mathieu. Ce sont des gens à la recherche de nouveautés et qui sont prêts « à endosser un produit pour faire lever une entreprise. »

« Les gens qui achètent là-dessus, ils cherchent des choses qui n’existent pas », dit Mathieu. Ce sont des ˝early adopter˝ [adopteurs précoces]. » 

« Ça fait des années que je rêve d’avoir la chaussure « Gen3 » (troisième génération). Maintenant que c’est réglé, j’aimerais bien avoir une entreprise internationale, dit Mathieu. Les Québécois nous ont suivis depuis des années, mais quand j’ai lancé Math Sport, mon ambition c’était d’avoir une entreprise internationale. Là, j’ai hâte d’aller en Californie, par exemple, et de voir des gens courir avec des YUL aux pieds. Je vais être vraiment content! »

Changement de nom

« On savait depuis quelques années que le nom Math Sport ne fonctionnait pas bien sur le marché anglophone», explique Mathieu. On a cherché, avec mes actionnaires, si on ne pouvait pas trouver un autre ˝branding˝. » Pour le moment, la communication sera entièrement en anglais.

La marque Math Sport va continuer à coexister pendant un certain temps sur le marché québécois, avant de s’éteindre, révèle Mathieu. « Math Sport, ce sont les six dernières années de ma vie à temps plein, alors ça a créé un sentiment d’appartenance à la marque, c’est sûr. »

Pour ses dernières productions, l’équipe entend « faire quelque chose de spécial », comme de numéroter ses chaussures, pour leur donner un statut de collection.

Une gamme de vêtements stylés

Photo : YUL

Ce n’est pas tout : YUL offrira aussi toute une gamme de produits complémentaires, comme des bas, des casquettes et des t-shirts. L’équipe a collaboré avec un artisan montréalais pour développer ses produits.

Avec ces items, Mathieu espère positionner sa marque dans un créneau un peu plus « tendance. » « On est dans le haut de gamme, mais on est dans le confort, la mode, le look. C’est déjà assez dur d’aller courir, donc pourquoi pas y mettre un peu plus de style », dit-il en riant.

« Dans le milieu de la course, je trouve que c’est étrangement difficile de se faire un ˝outfit˝ qui ˝match˝ et dont tu es fier. D’avoir des chaussures qui ˝fit˝ avec ta casquette et ton chandail, pour pouvoir montrer fièrement que tu es un coureur », et pas seulement qu’en événement, mais lors des entraînements du quotidien aussi.

« Ça n’a pas été un chemin facile se rendre là, confesse l’entrepreneur. Ça a été plus que compliqué que prévu. On s’est gratté le coco souvent et il y a eu des moments où je me suis posé des questions sur mon avenir. »

« Maintenant qu’on lance YUL, ça fait longtemps que je n’ai pas été autant gonflé à bloc, parce que je suis convaincu du succès. »



 

 

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