Marco Olmo a décroché, à 68 ans, la victoire à l’Ultra Bolivia Race, une course
de 170 km en six étapes qui se déroule à plus de 3 600 m d’altitude – Photo : Canal Aventure
Ce texte a été publié en janvier 2017 – Ce n’est pas tout seul que l’Italien Marco Olmo, figure emblématique de la course d’endurance en sentier, a remporté deux fois l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, à près de 60 ans. Derrière ses exploits, il y avait sa conjointe qui s’occupait de la logistique et de la motivation du champion. Quand il courait de nuit au beau milieu des Alpes avec sa lampe frontale sur la tête, elle était en voiture, entre deux stations de ravitaillement, comme on peut le voir dans l’inspirant documentaire Il Corridore. C’est ensemble, en couple, qu’ils ont vécu ces grands événements, et c’est ensemble qu’ils ont gagné.
Si certains coureurs professionnels ont autour d’eux toute une équipe (masseurs, nutritionnistes, médecins), les ultra-marathoniens en sentier amateurs peuvent souvent compter sur leur partenaire de vie, qui se trouve directement concerné par cet investissement personnel. Comment pourrait-il en être autrement quand la préparation, notamment en vue d’un ultra, exige des entraînements quasi quotidiens, avec de longues sorties les fins de semaine?
Dans ces conditions, comment les conjoints vivent-ils cette situation, en particulier quand ils ne pratiquent pas eux-mêmes la course à pied? Quel est l’impact des nombreuses heures d’entraînement et des compétitions sur la vie de couple? Comment notre engagement sportif est-il vécu par celui ou celle qui partage notre vie? Nous avons interrogé plusieurs couples concernés.
« Finalement, la course à pied est ma concurrente directe, fait remarquer Maryse, la conjointe d’un ultra-marathonien en sentier amateur. C’est un peu comme une maîtresse qui me prend mon mari le soir et les fins de semaine, et qui, en plus, lui procure du plaisir. »
Même si c’est dit sur le ton de la boutade, c’est révélateur de ce que peut parfois ressentir celui ou celle qui partage la vie d’un coureur d’ultramarathons.
Il faut ajouter à cela l’humeur difficile des jours qui précèdent la course. « L’humeur d’un traileur, dans les mois qui précèdent son ultra, c’est l’humeur d’un drogué en quête permanente de came », résume-t-elle.
Imagination et flexibilité
Mais le tableau n’est pas toujours aussi sombre. Le conjoint d’une coureuse montréalaise souligne, au contraire, que « les courses sont l’occasion de passer un weekend dans un chalet avec des amis. Aussi, je n’ai pas l’impression de faire le voyage uniquement pour la trail, dit-il. C’est également du temps pour moi. »
Devenir un coureur-navetteur peut aussi être une bonne solution pour jongler entre le travail, les enfants, les amis et la vie de couple. « Antoine rentre du travail en courant trois à quatre fois par semaine, explique Annie. Ainsi, il n’a pas besoin de sortir s’entraîner lorsque les enfants sont au lit. »
Sylvie a quant à elle trouvé la bonne formule pour s’entraîner tout en passant du temps avec Charles, son conjoint. « Quand je fais une longue sortie sur route ou sur des chemins suffisamment larges, Charles me suit à vélo. C’est comme avoir ma station de ravitaillement mobile. C’est aussi un temps à deux pendant lequel on peut jaser. »
Ces quelques exemples montrent qu’il est tout à fait possible d’envisager une vie de couple équilibrée et d’atteindre ses objectifs sportifs. Le secret est de faire preuve d’imagination, de flexibilité et, peut-être, de savoir parfois renoncer à une sortie que l’on jugeait importante.
« Nous avions un weekend de libre l’été dernier, raconte Geneviève. Jonathan savait que je voulais faire une virée en amoureux à New York et laisser les enfants à mes parents. Il a finalement renoncé à une course pour que nous puissions partir. C’était un très beau cadeau, car je savais que cette décision était un sacrifice. »
Courir un peu moins pour être davantage avec ceux qu’on aime, cela fait aussi partie de l’entraînement.
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