Le seul québécois inscrit à la Western States, Richard Turgeon, prend le départ de la 45e édition de cette course mythique ce samedi. Distances+ lui a parlé, alors qu’il venait d’arriver en Californie.
Richard Turgeon se considère chanceux de participer à cette édition puisqu’il a été pigé dès la seconde année. Chaque fois qu’un participant n’est pas sélectionné à la loterie, son nombre de participations double l’année suivante. Avec 5 000 personnes inscrites, 15 000 participations et seulement 260 noms pigés, ses chances étaient d’environ 4 %, c’est dire la chance qu’il a eue.
« Je pense que j’ai fait quelques jaloux en étant pigé, mais c’est juste une question de chance », dit le coureur de 52 ans.
La Western States est une course qui était sur la liste de Richard depuis un certain temps et qui correspond à son idéal : les courses en haute montagne dans des environnements désertiques et rocheux. Il devra affronter une température particulièrement torride cette année et compléter l’épreuve en moins de 30 heures. C’est un défi de taille pour celui qui en sera à son quatrième 100 miles.
La course est si populaire qu’il faut passer par des courses qualificatives avant même de pouvoir s’inscrire. Richard a accumulé les points nécessaires en complétant deux fois la fameuse UTMB.
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Une ambiance festive
À quelques jours de la course, les festivités sont déjà débutées et les coureurs sont fébriles, raconte Richard.
« À Squaw Valley, sur la ligne de départ, il y a un BBQ pour les 70 coureurs de l’étranger et un autre BBQ, organisé par un Canadien qui vit maintenant dans la région, à l’intention des Canadiens inscrits », explique-t-il.
La ville d’Auburn, point final de la course, n’est pas en reste. « Contrairement à l’UTMB qui est une course grandiose avec des milliers de coureurs, c’est beaucoup plus petit ici avec 360 coureurs, mais la communauté est super connectée avec l’événement. À Auburn, c’est très présent, les gens nous interpellent pour nous demander si on participe à la course », raconte-t-il.
Richard Turgeon explique qu’en plus de la réunion obligatoire du vendredi, il est possible d’assister à grande variété de conférences. « Il y a presque trop de choses à faire! Mais il faut rester concentré sur le 100 miles qui approche, bien manger et se coucher tôt. »
L’enfer sur Terre
Si tous les participants doivent compléter l’épreuve en 30 heures, il espère pour sa part atteindre la marque des 24 heures afin de se qualifier pour un silver buckle.
« Une des caractéristiques de la Western States, c’est la chaleur. On annonce vraiment chaud ce week-end avec des températures de 38 degrés. Or, je ne suis pas un gars qui performe bien à la chaleur », reconnaît-il.
Son objectif sera donc de survivre à la chaleur intense de la première journée, avec un rythme plus lent, puis accélérer une fois la nuit tombée. « Pendant deux semaines, j’ai suivi un protocole en sauna pour m’acclimater à la chaleur, dit Richard. Je vais aussi utiliser la glace disponible dans tous les ravitos pour en mettre dans mes vêtements. »
Pour le reste, Richard Turgeon précise que le parcours est plutôt roulant. « C’est beaucoup moins technique que les sentiers que l’on retrouve au Québec. C’est sec, c’est poussiéreux et c’est un parcours descendant. L’arrivée est 1500 m plus bas que le départ. Ce sont des descentes qui se courent bien, pas trop abruptes, mais c’est traître, car on est porté à descendre trop vite et se brûler les quadriceps », explique celui qui est à la fois ostéopathe et physiothérapeute.
Équipe de support
Pendant toute la course, il pourra bénéficier du support de sa conjointe qui l’accompagne dans tous ses 100 miles. « C’est vraiment un plus d’avoir une personne qui te suit dans les ravitos : linge de rechange, bouffe, sans compter que ça fait vraiment du bien de voir quelqu’un qu’on aime pendant le parcours », reconnaît-il.
En plus, l’organisation lui a trouvé un donneur de rythme, un Français vivant en Californie et qui a fait la Western States à quelques reprises, pour l’accompagner dans les 38 derniers miles. « Ça m’assure que je ne vais pas dévier du parcours durant la nuit. »
La découverte des sentiers
C’est en 2011, lors d’un voyage dans la région de Chamonix, que Richard a découvert la course en sentier.
« C’était une semaine avant l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. À l’époque, je ne connaissais ni l’UTMB ni le monde du trail, se rappelle-t-il. Je suis tombé en amour et depuis, je suis accro. Je m’étais dit que j’allais faire l’UTMB un jour, mais avant de réussir en 2016, j’ai évidemment débuté par des plus petites distances. »
Si sa course est couronnée de succès – il se remet d’une blessure au genou – son intention est de participer au Moab 200 en octobre prochain.
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