L’Italien Luca Papi, une vraie « gueule » dans le monde de l’ultratrail avec ses cheveux frisés et son sourire collé au visage, sera l’un des favoris du 125 km
(4 400 m de dénivelé positif) de l’Ultra-Trail Harricana 2016. Il apportera un peu de sa joyeuse folie dans la forêt boréale.
S’il est là cette année, c’est grâce à son ami David Jeker, qui avait remporté l’épreuve l’an passé. Les deux hommes se sont rencontrés au début de l’année au Hong Kong 100 et sont régulièrement ensemble au départ des courses de l’Ultra-Trail World Tour (UTWT), notamment grâce à leur commanditaire Team Waa Ultra Equipment.
« Comme je n’ai jamais couru [au Québec], ça me paraissait l’occasion idéale de découvrir un petit bout du Canada, a expliqué Luca depuis la France, où il s’est installé il y a 18 ans. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre côté paysage, je me laisse la surprise et je me dis que je ne vais pas être déçu. »
Quand on lui parle de son statut de favori, eu égard à son expérience (il est actuellement 41e au classement provisoire de l’UTWT), il relativise un peu : « David m’a parlé un peu de la course et je sais que le côté “roulant” sera un défi pour moi, qui aime les forts dénivelés, prévient-il. Je ne me mets jamais comme objectif de gagner, mais si ça arrive, je ne dis pas non. Là, je reste réaliste et je me dis que de faire une bonne place ne sera pas si facile. Les premiers objectifs sont de me donner à fond, de prendre du plaisir et, pourquoi pas, de papoter un peu avec d’autres coureurs. Souvent, on m’entend de loin », s’amuse-t-il.
Sur les courses, Luca aime faire des rencontres. « C’est exceptionnel d’échanger avec des gens venant du bout du monde », insiste-t-il, assurant que c’est l’une des choses qu’il aime le plus dans les ultras, en plus de la « sensation de liberté, d’être seul avec soi-même » et de parcourir la planète.
La « folie » selon Luca
Lors des compétitions, Luca est facilement reconnaissable grâce à sa coupe de cheveux, qui lui donne une image de coureur farfelu qu’il ne semble pas renier.
« Avant, j’étais pompier volontaire. Quand j’ai arrêté, j’ai laissé pousser et, du coup, c’est devenu une partie de mon image », confie-t-il.
L’Italien de 36 ans, qui a pris le départ de presque 50 courses toutes distances confondues de 5 à 886 km (No Finish Line, à Monaco, l’an dernier), dit s’être trouvé et avoir trouvé son équilibre grâce aux ultras. « C’est devenu ma façon de vivre, dit-il. Jusqu’à il y a six mois, j’ai habité dans ma voiture, par exemple, pour pouvoir me payer toutes mes courses. »
Il a à son actif de mémorables coups de folie, comme une fin de semaine de printemps, il y a trois ans, où il s’est aligné sur les quatre courses du Marathon du Mont-Blanc (l’ultramarathon de 80 km, puis le kilomètre vertical de 3,8 km, le cross du Mont-Blanc de 23 km puis le marathon de 42 km).
Il se souvient aussi d’avoir couru un 90 km (6 000 m de dénivelé positif), un vendredi, qu’il n’avait pas terminé en raison d’une contracture, avant de courir le mercredi suivant la TDS de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (119 km, 7 250 m de dénivelé positif), puis, deux jours plus tard, L’Échappée belle (140 km, 11 000 m de dénivelé positif).
Un mode de fonctionnement qui est finalement assez cohérent avec son entraînement, basé essentiellement… sur les courses de fin de semaine. Tout cela, avec un large sourire.
« Je m’épanouis dans la course et, face aux bénévoles et à ce monde qui est là pour nous, c’est un minimum de sourire et d’amener de la bonne humeur », commente-t-il.
Quand il traverse un moment difficile pendant une course, c’est aux coureurs en fin de peloton qu’il songe. « Ils m’inspirent le respect, et je pense toujours à ceux qui finiront 2, 3 ou 24 heures après moi… »
S’il est ravi de venir découvrir le Québec et les coureurs québécois, Luca n’aura pas de temps à perdre, puisqu’il s’élancera dans la nuit de vendredi à samedi du Parc des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie et qu’il reprendra l’avion de Montréal pour Paris dès dimanche matin aux aurores.
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