Après un début de saison en demi-teinte, marqué à la fois par une deuxième place sur le Swiss Canyon Trail, mais aussi des doutes quant à son équilibre entre vie professionnelle et carrière d’athlète, Manon Bohard participe à son troisième UTMB consécutif. Elle compte bien parvenir enfin à boucler la célèbre course autour du Mont-Blanc. Pourquoi pas aux avant-postes, non loin de son père.
Distances+ : Ton été avait démarré par une deuxième place sur le Swiss Canyon Trail, chez toi, dans le Jura. Comment s’est-il déroulé depuis ?
Manon Bohard : Cette course m’avait servi de point de repères, non seulement sur mon état de forme, mais aussi pour me réhabituer à la gestion des courses longues, l’utilisation des bâtons, le bon dosage d’énergie sur le plat et dans les montées, la nutrition, etc. En raison de ma participation avortée à la Transvulcania, je n’en avais pas encore vraiment eu l’occasion cette année.
Avec mon coach, on a construit un nouveau cycle à partir de là, et puis j’ai passé l’été en montagne, en altitude, que ce soit en stage à Val Thorens avec le team Hoka ou encore lors de longues sorties avec Blandine L’hirondel et Sabine Ehrström. Quand tu as l’habitude de t’entraîner seule, tous ces moments de partage font beaucoup de bien.
J’ai aussi fait une reconnaissance de l’UTMB avec mon père, mi-juillet. Cela ne s’est pas super bien déroulé pour lui et je me suis fait la réflexion que, le jour de la course, il faudra qu’on évite de demander de nos nouvelles à nos proches pour ne pas être trop perturbé par les hauts et les bas de l’autre.
Distances+ : En mai, tu avais fait part à Distances + de formes de vulnérabilité mentale, d’une difficulté à trouver le bon dosage entre ton sport et ta vie personnelle et professionnelle, notamment. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Manon Bohard : À cette période, mon curseur de stress et d’anxiété était à son comble. Depuis, j’ai levé le pied sur le boulot et les projets annexes à ma carrière d’athlète. L’environnement s’est donc apaisé autour de moi et je parviens davantage à gérer mes émotions, à dormir, à être plus à l’écoute des autres et de ma performance. Je me sens beaucoup mieux.
Je me rends compte que je ne suis plus totalement épanouie au travail, derrière un bureau, à être submergé de mails à traiter, que j’aspire sans doute à autre chose. En temps voulu, il va falloir que je me pose les bonnes questions. Plus ça va, plus je me dis que je pratique un sport loin d’être monotone, que pouvoir en vivre est un privilège et que je devrais peut-être en profiter un peu plus.
Distances+ : Tu t’alignes pour la troisième année consécutive au départ de l’UTMB. Qu’est-ce qui a changé, dans ton approche, face à ce défi, par rapport aux saisons précédentes ?
Manon Bohard : L’expérience de course. J’ai fait un paquet d’erreurs, à différents niveaux, j’ai parfois joué de malchance, mais j’ai désormais la sensation d’avoir développé une boîte à outils d’adaptation me permettant de pallier n’importe quelle situation. Je me suis rarement sentie prête, or, aujourd’hui, je suis convaincue d’être en capacité de boucler ce tour du Mont-Blanc sans trop souffrir. J’ai progressé en robustesse et en vitesse, en fatigabilité et sur le plan de la nutrition. Il y a deux ans, j’étais encore incapable de m’alimenter correctement pendant l’effort.
Je dois simplement éviter de me laisser gagner par une pensée négative liée à la dernière édition. J’ai tendance à me dire que je faisais une course parfaite, que c’était peut-être mon année pour faire podium, et que de telles circonstances ne se représenteront jamais.
Distances+ : Justement, de quel scénario pourrais-tu te satisfaire ? Dans quelle mesure considéras-tu que ton UTMB est réussi ?
Un scénario dans lequel je pars prudemment, en respectant mes temps de passage, sans me laisser emporter par l’euphorie. Dans lequel j’effectue des ravitos intelligents et optimisés. J’aimerais faire un bout de chemin avec des filles aussi, Blandine L’Hirondel, Fiona Porte ou encore Martina Valmassoi. Jusqu’à présent, je me suis toujours retrouvée seule lors de mes UTMB. Cerise sur le gâteau : croiser mon père à un moment ou à un autre, et qu’on aille au bout, tous les deux.
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