Ryan Sandes, de la Western States à l’UTMB en passant par l’Himalaya

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Ryan Sandes à Cape Town, en Afrique du Sud - Photo : Craig Kolensky / Red Bull

Le champion de course en sentier sud-africain Ryan Sandes a brillé en 2017, en remportant la mythique Western States, aux États-Unis. L’athlète RedBull de 35 ans, qui a connu son heure de gloire de 2008 à 2012, a prouvé qu’il n’a pas dit son dernier mot. En 2018, il s’attaque à deux géants : l’Himalaya et l’Ultra-Trail du Mont-Blanc.

« C’est la plus grosse victoire de ma carrière », affirme à Distances+ Ryan Sandes, à propos de la Western States, l’un des plus vieux 100-miles au monde. « Ça a été tout un périple, un long périple, ça a pris tellement d’années », dit-il. Ça fait depuis 2012 qu’il l’a dans sa mire, ce 160 km qui relie Squaw Valley à Auburn, au nord-ouest de San Francisco, et qui fait dorénavant partie de l’Ultra-Trail World Tour.

En 2012, il était arrivé deuxième, une quinzaine de minutes derrière Timothy Olson, qui avait alors établi la marque record de l’épreuve, qui tient toujours, soit 14 h 46. L’année suivante, désireux de prendre la première place, il avait déclaré forfait trois semaines avant l’épreuve à cause d’un ligament déchiré. En 2014, il a fini cinquième. En 2015, il est tombé malade à deux jours du départ. Il a passé son tour en 2016. Cinq ans après sa première tentative, 2017 était donc l’année du va-tout.

« C’est une course que j’ai vraiment rêvé de gagner », raconte Ryan Sandes, qui se trouvait au départ avec certaines incertitudes. Il fallait revenir de l’année 2015, avec sa mononucléose et des symptômes de surentraînement, et continuer de fortifier les bases retrouvées en 2016. Il fallait surtout affronter celui que tout le monde donnait gagnant au départ : Jim Walmsley.

L’Américain avait dit à tout le monde qu’il partait pour gagner en moins de 14 heures. À quelques centaines de mètres du départ, Ryan lui a demander s’il allait vraiment essayer de faire un « Sub-14 ». « Yeah baby », lui a répondu Walmsley. La suite fait partie de l’histoire : exténué, le filiforme coureur a déclaré forfait à 35 km de la fin, l’un de ses dramatiques abandons de la saison 2017 (il a aussi fait un DNF sur la Diagonale des fous).

« Jim est très intéressant pour notre sport, dit Sandes. Il fait des grosses affirmations, il dit qu’il va courir un temps et souvent il ne le fait pas, mais il essaie vraiment de le faire. J’admire et je respecte cela. »

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Ryan Sandes à son arrivée victorieuse lors de la Western States 2017, avec sa coinjointe Vanessa et son fils Max – Photo : RedBull – Corinna Halloran

La victoire de Ryan Sandes a été rassurante, autant pour lui que pour ses commanditaires, les médias et les supporters. « Il y a plusieurs gars dans la scène de l’ultra qui sont très productifs pendant 2 ou 3 ans, et ensuite ils disparaissent. Je me suis demandé si, avec la mononucléose et le syndrome de surentraînement, si je n’avais pas dépassé mes meilleures années. J’avais ça au fond de l’esprit », raconte-t-il.

« C’est un super bon ‘’come back’’ et une grosse victoire pour moi. La plus grosse victoire de ma carrière », dit Ryan, pourtant habitué des podiums.

Pour rappel, il a été le premier à gagner les courses de quatre grands déserts dans le monde, avant d’enchaîner les victoires sur le circuit mondial, tel que la Leadville Trail 100, la Hong Kong 100 et la Transgrancanaria, entre autres.

Un entraînement spécial

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Ryan Sandes se rafraîchit à un ravito de la Western States – Photo : RedBull – Corinna Halloran

Pour arriver fin prêt à la Western States, Ryan Sandes a mis les bouchées doubles. Il vit à Cape Town, l’une des capitales de l’Afrique du Sud, qui se trouve en bordure de mer, et donc à très basse altitude.

Il a pédalé longtemps et souvent sur un vélo stationnaire muni d’un masque à oxygène répliquant la haute altitude.

Il a également fait de l’entraînement en sauna afin de s’acclimater à la chaleur. Il est connu que la Western States se joue beaucoup dans la gestion de la chaleur et que les gagnants ont tous leur tactique d’usage de glace dans des bonnets et des manchons, mais ils sont avant tout adaptés au chaud.

Ce ne sont pas les seuls exercices auxquels s’est soumis Ryan. Il a aussi fait une sorte d’entraînement mental! Il aurait pu faire des voyages d’entraînement en montagne, mais dorénavant, il ne fait plus tout à fait ce qu’il veut quand il veut. Il a un bébé qui a tout juste un an et demi, Max, et il veut rester à la maison pour s’en occuper avec sa conjointe Vanessa.

Devenir papa a certainement changé la donne, confie Ryan. « Ça m’a fait réaliser que la vie, ce n’est pas seulement la course en sentier. Avoir un enfant m’a donné de la perspective. Mon fils ne veut pas seulement que je réussisse mes courses, il veut que je sois un bon père. Ça m’a fait réaliser l’importance d’être une bonne personne, et de ne pas être seulement défini par la course. Ça me permet d’être plus relaxe dans mes compétitions », dit-il.

Au fil des ravitos, tout au long de la Western States, Max était là. « C’était incroyable de le voir, ça m’a donné beaucoup de motivation », confie Ryan.

2018 : objectifs ambitieux

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Ryan Sandes dans les Alpes à Chamonix en 2016 – Photo : RedBull – Kelvin Trautman

Après sa victoire à la Western States, Ryan Sandes s’est attaqué à la CCC de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, une course de 101 km. Il a terminé 21e, un mauvais résultat pour lui. « J’étais vraiment déçu », confie-t-il.

« Je pense que je ne m’étais pas complètement remis de la Western States (qui avait lieu deux mois plus tôt, NDLR). J’ai fait pas mal de voyages et des tournages, j’ai été très occupé et n’ai pas donné assez de repos à mon corps ».

Sur la ligne de départ de la grande course, l’UTMB, toutes les vedettes mondiales de la discipline étaient présents pour cette quinzième édition, que l’on a qualifiée de « course du siècle ». « De voir tous ces gars-là sur la ligne de départ, ça me donnait vraiment envie d’y être, dit Ryan. Mais je m’étais vraiment engagé pour la Western States, et j’avais mis tout mon focus sur cette course en premier, alors je n’aurais pas pu faire les deux. Les courses sont tellement différentes que tu ne peux pas te préparer adéquatement pour les deux. »

C’est pourquoi il y sera cette année. Ce sera son objectif pour la deuxième partie de la saison.

Mais avant ça, dès le mois de mars, il s’envole pour le Népal, où il entend affronter la Great Himalayan Trail avec un ami coureur. Ils tenteront de réaliser un FKT sur le parcours, qui est en ce moment de 28 jours.

« C’est une très longue distance dans des sentiers de randonnée. Ça traverse l’Himalaya avec plusieurs pics de 5000 m, c’est vraiment en haute altitude », explique-t-il.

« Nous pensons que nous sommes capables de le faire en moins de 28 jours, peut-être en 25. Mais ça dépend beaucoup des conditions météo et de comment on se sent. Il y a beaucoup d’inconnus », a-t-il précisé.

Le projet devrait faire l’objet d’un documentaire produit par RedBull, a mentionné l’athlète.

Une saison qui se termine à la maison

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Ryan Sandes à Cape Town, chez-lui, en Afrique du Sud – Photo : RedBull – Craig Kolesky

En 2018, on devrait également revoir Ryan Sandes à l’Ultra-Trail Cape Town, une course de 100 km qui a intégré l’Ultra-Trail World Tour en 2017, et qui se déroule chez lui, dans un terrain qu’il connaît très bien.

En décembre dernier, c’était la course qui clôturait la saison 2017 du circuit. Sandes est arrivé deuxième, en 9 h 56. « J’ai tout donné, je n’aurais pas pu faire mieux », admet-il.

Il promet d’y « retourner et d’essayer de gagner cette année ».