Patrice Godin profite de l’hiver pour « guérir une bonne fois pour toutes »

Patrice Godin
Patrice Godin - Photo : courtoisie
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La pandémie a chamboulé nos vies. Les athlètes ont dû s’adapter à l’annulation ou au report de la plupart des compétitions de trail dans le monde. Ils ont dû réviser leurs objectifs et adapter leur entraînement. En ce début d’année 2021, Distances+ a demandé à plusieurs coureurs inspirants de raconter comment ils vivent cette période inédite.

Depuis 2017, Patrice Godin traîne une blessure au tendon d’Achille qui handicape ses entraînements et son moral, lui qui court des ultras depuis 2008, bien avant la popularité que la discipline a connue au cours de la dernière décennie. Les années 2019 et 2020 ont été particulièrement difficiles pour le célèbre acteur québécois, frustré de se sentir diminué et de ne plus pouvoir se pousser comme avant. Il ne parvient plus à bien s’entraîner, y compris sur des petites distances, et a perdu de la confiance, comme il l’a récemment confié au micro du balado Pas sorti du bois.

En cette année 2021, celui que tout le monde appelle amicalement « Pat Godin » dans la communauté du trail au Québec, veut donc repartir à zéro avant de rêver de nouveau à de grandes épopées en courant, comme le Moab 200 miles en Utah.

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Patrice Godin espère en finir avec sa blessure au tendon d’Achille – Photo : courtoisie

Distances+ : Avec du recul, comment as-tu vécu ton année 2020?

Patrice Godin : En mai dernier, je devais participer à mon troisième Massannutten 100 en Virginie. J’avais aussi prévu le demi-Ironman à Tremblant en juin, et en juillet je devais me lancer pour ma première traversée du lac Tremblant, un 12 km à la nage. Naturellement, avec la pandémie, tous ces événements ont été annulés. J’ai bien tenté de pallier avec des événements virtuels, mais les courses virtuelles, ce n’est vraiment pas pour moi. Je n’ai pas de plaisir à me dépasser pour ça. Et comme, en général, je fais un bon volume par semaine, l’intérêt de courir 160 km en un mois n’y était pas, mais pas du tout.

En septembre, j’ai tout de même couru mon sixième 24 heures solo pour la Fondation du Centre Jeunesse de la Montérégie, mais c’est une saison de course loin d’être évidente, surtout qu’une blessure récurrente au tendon d’Achille gauche est revenue en force et m’a grandement limité.

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Patrice Godin – Photo : courtoisie

Que retiendras-tu et quels enseignements as-tu tiré de cette période insolite?

Honnêtement, au début du confinement, en mars, et dans les premières semaines du printemps, j’étais content de pouvoir au moins courir. Bien sûr, mes terrains de jeux habituels comme le parc du Mont-Saint-Bruno et le mont Saint-Hilaire étaient fermés, mais je m’accommodais bien de la route. Je restais zen face à tout ça. Je contrôlais ce que je pouvais. J’y allais au jour le jour, j’avais hâte de pouvoir retourner m’entraîner sur les sentiers, je gardais la forme. Quand ma blessure s’est de nouveau manifestée au début de l’été, la motivation — un mot que je n’aime pas — en a pris un coup! Je me suis entêté, j’ai conservé la discipline de courir cinq à six jours par semaine alors que j’aurais peut-être dû prendre une pause. Résultat : j’ai aggravé le problème. Je profite des mois d’hiver pour mettre les chances de mon côté et guérir une fois pour toutes!

Qu’est-ce que la pandémie et ses conséquences ont eu comme impact sur ta vie de coureur? Quelle est ta vision d’avenir à court ou long terme sur ta pratique sportive?

Je me pose des questions depuis un certain temps et je ne sais pas si c’est dû à la pandémie, à ma blessure ou à un mélange des deux.

Je ne me suis jamais considéré comme un coureur de haut niveau, mais j’ai connu de grosses années de compétitions, en participant à plusieurs ultras de 50 à 160 km dans un même été. Depuis août 2016 et le Bigfoot 200 (dans l’État de Washington), j’ai l’impression de n’avoir rien accompli de fameux. À l’exception de mon second Massanutten Mountain Trails 100 (MMT 100) en mai 2018, j’ai participé à peu d’événements et j’ai un abandon au Moab 200 (Utah) en octobre 2017 et au Bromont Ultra 80 km en octobre 2019.

J’aime toujours courir, mais je me demande si j’ai encore envie des courses officielles. Mes objectifs ne semblent plus être les mêmes qu’avant. En même temps, la blessure joue sur mon raisonnement, puisque je n’arrive plus à m’entraîner, que ce soit en trail ou sur route, sans ressentir un malaise au niveau du tendon. Je rêve de retourner à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, de refaire le Bigfoot, de prendre ma revanche au Moab, il y a certains défis hors normes qui m’attirent, le Tor des Géants par exemple, ou l’Infinitus 888, ce qui me rassure un peu dans ma « folie », dans mon désir des ultras, mais je me dois de guérir à 100 % pour être ainsi capable de faire le point et de voir où j’en suis.

J’aurais aimé pouvoir profiter de la pandémie pour pouvoir courir librement, accumuler les kilomètres et réfléchir posément à tout cela. Chose certaine, je n’ai pas l’intention de m’arrêter. Peut-être vais-je réorienter ma passion vers le thru-hiking… La nage de longue distance m’intéresse aussi. Toutefois, n’ayant pas accès à un lac en tout temps l’été, le problème est de pouvoir bien m’entraîner en ces temps de confinement.

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Pendant plusieurs années, Patrice Godin s’est focalisé sur les très longues distances – Photo : courtoisie

Comment appréhendes-tu cette saison 2021? À quoi, au moment où l’on se parle, devrait-elle ressembler?

Pour le moment, je me concentre sur la guérison. Je m’entraîne à la maison, dans mon gym au sous-sol, je fais de la boxe, de la musculation, des étirements. Je n’ai pas d’attentes précises. On ne sait pas encore si les frontières seront ouvertes, si on pourra voyager aux États-Unis, donc je ne me suis inscrit à rien de ce côté-là et j’ai repoussé ma participation au MMT 100 en 2022.

Mon 24 heures devrait avoir lieu en juin cette année, pour des raisons logistiques et pour permettre à la Fondation du Centre Jeunesse de la Montérégie de tenir une autre levée de fond à l’automne. C’est une bonne chose. Ça me donne un objectif pour me remettre sur pieds.

Ça me donne aussi des options pour le mois de septembre. J’ai entendu dire que le Virgil Crest, dans l’État de New York, serait de retour, j’ai un compte à régler là-bas. L’Ultra-Trail Harricana, que je n’ai jamais fait, me tente aussi. Il y a enfin Haliburton Forest Trail Race, en Ontario. Je vais prendre le temps de voir venir. J’espère surtout, pour le bien de tous, que l’on sortira de cette pandémie et que l’on réussira à dompter ce virus.

Après, juste le fait de tous pouvoir nous retrouver, ce sera parfait!



 

 

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