La jeune traileuse Mélodie Gilbert a réussi son pari et poursuit son ascension. Elle est montée ce week-end sur le podium du 50 km et 3500 m D+ de la Whistler Alpine Meadows, en Colombie-Britannique, dernière étape du circuit Golden Trail National Series (GTNS) en Amérique du Nord. Elle s’est classée 3e après 6 h 36 de course, à seulement 33 secondes de la 2e, l’Américaine Robyn Lesh. La coureuse québécoise, qui avait déjà terminé à la 3e place du 50 km du Québec Méga Trail en juillet, arrive en bonne position en finale des GTNS à Flagstaff en Arizona, la nouvelle Mecque du trail. Un bon résultat fin septembre pourrait lui ouvrir la porte vers la grande finale mondiale à Madère (en 5 étapes) avec tout le gratin mondial fin octobre. Elle est revenue sur ce nouveau coup d’éclat pour Distances+, qui lui permet de rêver encore plus grand.
Après un début de carrière en trail exceptionnel en 2021 avec quatre victoires en quatre courses de 25 km, l’athlète Dynafit qui a débuté en cross-country à l’Université de Sherbooke, confirme cette année son statut de coureuse de haut niveau sur qui il va falloir compter dans les prochaines années, au Québec et sans doute à l’international. Entrevue!
Distances+ : L’an dernier, comme coureuse en sentier, tu t’es imposée comme la révélation de l’année au Québec. Comment as-tu vécu ce coup de projecteur sur toi?
Mélodie Gilbert : J’ai eu une très belle saison l’an passé! J’ai été honorée par ce titre! Cependant, je me suis surtout sentie choyée par l’accueil de la communauté de trail et par les merveilleuses rencontres que j’ai faites. Le partage est un aspect que j’adore de la course en sentier!
Comment se sont déroulés les mois précédant cet objectif important de ta saison à Whistler?
La première étape, et l’objectif principal de ma saison, c’était le QMT 50. Il s’agissait de ma première course de cette distance, moi qui me spécialisais sur du 25 km. Les objectifs établis par mon coach (Jean-François Gagné) et moi étaient de faire des apprentissages et de prendre de l’expérience. Nous n’avions pas le podium en tête. Je dirais donc que ma 3e place au QMT a été une belle surprise. J’ai ensuite poursuivi mon entraînement de façon sérieuse en mettant la Whistler Alpine Meadows comme cible principale. Tout s’est super bien déroulé pour moi autant à l’entraînement que lors de mes courses B (Victoires au 30 km du Trail de La Clinique du Coureur, au Trans-Percé 50 du Gaspesia 100 et au 23 km de l’Ultra-Trail des Chic-Chocs, NDLR).
Dans quelles dispositions étais-tu juste avant la course? Et quelle était ton ambition?
J’essaie du mieux de moi-même de ne pas laisser le stress ou la pression m’envahir, mais je crois qu’un certain stress me permet de performer. Je me mets toujours en position de réussite et je crois en moi et mes capacités. J’étais prête physiquement, donc je m’étais permis d’imaginer un top 5 pour la course.
Raconte-nous ta course à Whistler…
Je sors très satisfaite de cette course, car j’ai donné mon 110 % en tout temps! Malgré quelques pépins, tels qu’une lampe frontale défectueuse pour la première heure et demie de course dans le noir qui m’a coûté plusieurs minutes, j’ai réussi à garder le focus et remonter graduellement dans le classement, passant de la 7e position à la 3e après 34 km de course. Cette 3e place m’a motivée à entreprendre la deuxième ascension de façon agressive pour rattraper la deuxième femme. Nous avons ensuite bataillé jusqu’à la toute fin de la course! Cela m’a d’ailleurs fait réaliser l’importance de l’aspect mental pour être capable de soutenir un effort intense aussi longtemps.
Quels sont les enseignements que tu tires de ce podium, pour ta première course à l’extérieur du Québec?
J’ai pris conscience qu’il ne faut pas se laisser impressionner par le niveau de compétition ou la difficulté du parcours. Il faut garder le focus sur sa propre course, suivre ses propres sensations et donner le meilleur de ce qu’on a. Cette course est loin d’avoir été facile pour moi. C’est même l’une des plus dures que j’ai faites, mais je suis fière de me challenger désormais en dehors du Québec.
À quoi va ressembler la suite et fin de ta saison? À quoi rêves-tu au moment où l’on se parle?
Pour l’instant, je prends des vacances en Colombie-Britannique. Je vais en profiter pour faire beaucoup de courses dans les grandes montagnes, sans entraînement spécifique. Je vais planer sur ma forme bâtie dans les derniers mois pour la finale de Golden Trail National Series nord-américaine qui se déroulera à Flagstaff le 25 septembre. Ce sera la fin de ma saison officielle, bien que je compte prendre part pour le plaisir au 25 km du Bromont Ultra au Québec cet automne.
La finale des GTNS, deux semaines seulement après Whistler, est-ce que c’est un problème pour toi? C’est beaucoup deux courses intenses en si peu de temps…
Je vois la Flagstaff Sly Peaks (26 km, 1350 m D+) comme une expérience en soi et je n’ai aucun objectif de performance autre que de faire de mon mieux. Les meilleurs coureurs, dont les Sara Alonso et Maude Mathis de ce monde, y seront. Je veux me tester parmi ce haut calibre et voir si je peux combattre l’altitude.
As-tu déjà des idées pour l’année prochaine? Ce à quoi ton plan de match pourrait ressembler?
J’ai de grandes ambitions à long terme. J’aimerais poursuivre ma progression en dehors du Québec. Un camp d’entraînement en altitude serait peut-être dans les plans!
C’est quoi « ces grandes ambitions », concrètement?
Je veux me rendre le plus loin possible et devenir une athlète compétitive reconnue en trail!