Mathieu Blanchard remporte le XTERRA Tahiti Moorea Trail à Tahiti

Mathieu Blanchard
Mathieu Blanchard, heureux de renouer avec la compétition à Tahiti - Photo : courtoisie

Après des semaines et des mois de préparation pour retrouver son meilleur niveau, Mathieu Blanchard a renoué ce week-end avec la victoire, nette et sans bavure, dans le décor paradisiaque de la Polynésie française. Il a remporté haut la main le XTERRA Tahiti Tupuna Trail (45 km, 2300 m D+) au lendemain d’une belle performance sur son tout premier triathlon nature. Tous les indicateurs sont au vert dans la perspective de son objectif de l’année : l’UTMB.

Mathieu Blanchard a accordé quelques minutes à Distances+ après une courte nuit de récupération alors qu’il était déjà en pleine ascension du Moua Puta, la montagne sacrée de l’île de Moorea. « Les Polynésiens m’ont dit que je n’avais pas vu Moorea si je n’avais pas fait cette montagne mythique, alors on part se dégourdir les jambes là-dessus », s’amuse-t-il en s’extasiant de la vue.

Il avait eu un coup de cœur pour Tahiti lors de sa première participation en 2019. Il sortait alors d’une blessure au sacrum et avait gagné la course, même s’il l’avait abordée prudemment, avec incertitude et fébrilité, parce qu’il craignait que son dos ne soit pas complètement réparé. Cette fois, c’est sans bobo, en confiance et avec l’enthousiasme de renouer avec la compétition dans un cadre fantastique qu’il a vécu l’aventure et qu’il a réellement débuté sa saison (il avait participé et terminé 8e à la Transgrancanaria en mars, mais il venait à peine de reprendre sérieusement l’entraînement).

Mathieu Blanchard
Mathieu Blanchard a gagné pour le XTERRA Tahiti Tupuna Trail – Photo : courtoisie

Mathieu Blanchard a donc gagné la course pour la deuxième fois et, cerise sur le sundae, amélioré son temps de près de 30 minutes (4 h 49 contre 5 h 16 en 2019 et une solide cote ITRA de 846), reléguant la vedette du trail local, Thomas Lubin, à près d’une heure.

« J’étais beaucoup plus en forme qu’il y a deux ans, relativise-t-il. À l’époque, je ne m’étais pas beaucoup entraîné, j’avais de l’appréhension par rapport à mon dos donc j’étais moins agressif sur les sentiers et le terrain était aussi beaucoup plus boueux et il faisait plus chaud. Les paramètres étaient cette année un peu plus à notre avantage pour faire un meilleur temps », explique-t-il.


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Ceci dit, « c’est un trail difficile, entre jungle sauvage, montées et descentes abruptes où il faut se hisser avec des cordes et traverser des champs d’ananas. C’était hyper gras, il y avait des racines et des rochers glissants partout et une chaleur de bête. Tu sors de là amoché quand même », détaille-t-il avec son habituelle générosité.

S’il n’était pas blessé, Mathieu avait indiqué sur ses réseaux sociaux avant la course avoir quand même « un orteil pété, la peau des jambes déchirées par un reef (un récif coralien, NDLR)» et une côte entaillée par l’aileron d’une planche de surf. Ça ne l’a apparemment pas beaucoup gêné.

Les joies du triathlon nature

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Mathieu Blanchard a découvert le triathlon nature à Tahiti – Photo : Xterra

La veille du XTERRA Tahiti Tupuna Trail, Mathieu Blanchard a également participé à l’épreuve de triathlon nature. Cela consistait à nager 1,5 km dans les eaux du lagon, à parcourir 40 km en vélo tout-terrain puis à courir 10 km en trail. À sa grande surprise, puisqu’il partait sans aucun repère, il s’est classé 5e, à seulement 15 min du 2e, Thomas Lubin. « C’est largement au-delà de mes espérances », reconnaît-il.

« C’était une première pour moi! Je n’avais jamais fait de triathlon dans une compétition officielle », souligne Mathieu, qui est sorti de l’eau en 25e position avant de remonter à la 12e place après la section VTT et d’aborder la partie course en sentier, son point fort.

« L’an dernier, j’avais fait un Ironman en off pour m’amuser avec mon amie Marianne Hogan, mais c’était sur route. Là, c’était nature et je n’avais jamais vraiment fait de VTT, raconte-t-il. Franchement, il ne suffit pas juste de pédaler. Il y a des montées hyper sèches, des descentes techniques où il faut savoir piloter un vélo, manœuvrer dans la boue, c’est spécial! Après sur la partie trail, c’était plus facile pour moi. J’ai pu rattraper plusieurs personnes ». Il s’est classé 5e au général, avec satisfaction.

« C’était franchement sympa, j’ai adoré, s’enthousiasme Mathieu. Après, le truc avec ce sport-là, c’est qu’il y a l’aspect matériel qui m’énerve. Genre mon vélo a déraillé trois fois. Je déteste dépendre du matériel. J’ai vu des gars hyper bons qui ont crevé, c’est insupportable de se dire que tu peux t’entraîner pendant des mois et tout perdre à cause d’un problème mécanique. En trail et en natation, tu ne peux pas avoir de problèmes matériels en théorie. »

Victoire sur le « super combo trail + triathlon nature »

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Mathieu Blanchard est dans son élément en Polynésie française – Photo : courtoisie

Grâce à sa 5e place sur le triathlon du samedi et surtout à sa performance sur l’épreuve de trail du dimanche, Mathieu Blanchard s’est classé 1er du super combo, qui prenait en compte les résultats des deux épreuves. « Il fallait que je termine la course de trail devant Thomas (Lubin) avec plus de 15 minutes d’avance donc j’ai poussé un peu », se confie Mathieu, qui a donc été sacré champion.

Il repartira dans quelques jours de Tahiti avec une grande confiance pour la suite de sa saison en Europe.

« Il y a tellement de courses à faire que je ne veux généralement pas les faire deux fois, mais ce XTERRA à Tahiti, ça fait déjà deux fois que je le fais et je pense que ça va devenir un rendez-vous annuel. Je repars tellement rempli d’une bonne énergie que ça me lance pour la saison. Parce qu’on est qu’au début! »

Mais en attendant, cette semaine, il va se concentrer sur la récupération. « Ça va ressembler à zéro course et 10 heures de plongée sous-marine », dit-il en riant.

UTMB en ligne de mire

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Mathieu Blanchard lors de sa première participation du Xterra Tahiti Tapuna Trail en 2019 – Photo : Franck Oddoux

Le prochain objectif de Mathieu Blanchard sera le Trail 100 Andorra-Pyrénées, un ultra-trail de 125 km et 8800 m de D+ où il faudra sans doute marcher beaucoup.

« Je suis allé le reconnaître récemment et ça me met un peu la boule au ventre déjà », prévient-il, lui qui découvre le terrain très minéral des Pyrénées.

Et puis, bien sûr, fin août, ce sera l’UTMB que Mathieu attend avec impatience depuis sa première expérience en 2018 (13e en 23 h 53). Il y aura tout le gratin et j’aimerais vraiment bien faire. » Son objectif, si c’est le même parcours qu’en 2018, est d’améliorer son temps de course d’une heure minimum.


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Mathieu Blanchard dit s’entraîner avec beaucoup de sérieux et de rigueur. Cette étape tahitienne, qui s’inscrit pleinement dans sa préparation, l’a apparemment beaucoup rassuré sur ses capacités à s’exprimer face aux meilleurs.

« Là, je pense que je suis à mon meilleur niveau de forme depuis que j’ai commencé le trail. Je n’ai aucune blessure et je sens que je progresse », se félicite-t-il, plein de promesses.

Défi « Ultra-Versée » tombée à l’eau

Ultra-Versée
Plan du Défi « Ultra-Versée »

Si Mathieu Blanchard a fait le déplacement en Polynésie française, c’était aussi pour réaliser avec un ami, Samuel, un défi multisports, une traversée insolite par leurs propres moyens, entre l’île de Tahiti, qui forme un 8 avec une grosse boucle, Tahiti-Nui, et une petite boucle, Tahiti-Iti, et l’île de Moorea.

L’objectif était de parcourir près de 300 km en moins de 24 heures en VTT, en trail running, en kitesurf, à la nage, en patins à roulettes et en Va’a, une pirogue traditionnelle polynésienne. Malheureusement, le vent a cessé de souffler sur une partie qui devait se faire en kite.


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« La nature a été plus forte que nous et le dieu Éole n’a pas été sympa, car il a décidé de ne plus souffler dans nos voiles, résume Mathieu avec légèreté. On a dû arrêter net cette aventure, qui s’est malheureusement soldée par un échec. »

« C’est beaucoup de déception et de frustration parce que c’est énormément de travail, de planification et d’organisation en amont et aussi parce qu’une vingtaine de personnes, tous des locaux, ont été impliqués, pour la gestion du matériel, pour la sécurité et tout… C’est surtout de les décevoir qui nous a touchés, insiste-t-il. Mais on a quand même réussi les deux premières étapes, en traversant Tahiti-Nui et Tahiti-Iti. Si ça devient un rendez-vous annuel, il y a des chances qu’on fasse une nouvelle tentative dès l’année prochaine. Ce n’est que partie remise », conclut Mathieu Blanchard, philosophe, en poursuivant sa randonnée les yeux rivés sur le Moua Puta.