Éric Breton en pleine action sur le G2G 2018 – Photo: Matt Brown (G2G)
Éric Breton a réalisé tout un exploit le 29 septembre dernier, en décrochant la troisième position à la Grand to Grand Ultra (G2G), une course par étapes de 273 km, d’une durée de 7 jours, dans le désert de l’Arizona.
Le chirurgien-dentiste de la ville de Disraeli, dans Chaudière-Appalaches, s’était déjà fait remarquer sur des courses longues distances au cours des dernières années, figurant parmi les rares Québécois à avoir accompli des courses grandioses à l’international telles que le Tor des Géants, la Diagonale des fous et l’Ultra-Trail du Mont Blanc. Le G2G représentait toutefois sa première course par étapes, un défi différent de ce qu’il était habitué de faire et qu’il a finalement adoré.
Une expérience nouvelle
« J’ai vraiment aimé ça. C’est une course mentale où j’ai vécu une montagne russe d’émotions », explique Éric. « La course par étapes est vraiment différente des courses en continu. L’aspect humain prend beaucoup plus de place. Tu côtoies les autres coureurs pendant plusieurs jours et tu vis avec eux quelque chose de très intense. Tu as la chance de rire, de pleurer avec eux, d’échanger sur la course et la vie en général », raconte celui qui a notamment créé de beaux liens avec les six autres coureurs qui partageaient une tente avec lui tous les soirs.
L’athlète souligne aussi les particularités de ce type de gestion de course. « C’est tout un apprentissage. Il faut prévoir tout l’équipement, le matériel obligatoire et la nourriture pour la durée de la course pour s’assurer de ne rien manquer. »
Ayant pris le départ avec 8,5 livres de nourriture et 8 livres d’équipement, Éric est vraiment satisfait de sa gestion de course. « Je n’aurais pas changé grand-chose », admet-il, précisant que les conditions n’étaient tout de même pas faciles pour les pieds en raison du sable, des roches et du climat aride.
Son truc pour bien performer? Prendre le moins de temps possible aux postes de ravitaillement. « Il y a une trentaine de ravitos sur le Grand to Grand. Si tu perds deux minutes chaque fois, tu viens de te rajouter une heure de temps de course au final », calcule celui qui aime bien arriver parmi les premiers 5 % d’athlètes sur une course.
« On dit toujours qu’on fait ça d’abord pour le plaisir, et c’est vrai, mais du moment où on performe, c’est difficile de se convaincre qu’on fait ça seulement comme hobby sans se mettre de pression. On développe le goût de performer. C’est un peu traître », reconnaît-il.
Le défi de la conciliation
Fait à noter, sur les 135 coureurs qui ont pris le départ, 24 ont abandonné en cours de route. Et si Éric est fier de sa troisième position, au devant avec des coureurs d’expérience, il a surtout remarqué être le seul père de famille parmi les 10 premiers arrivés.
Car le plus grand défi demeure certainement pour lui d’arriver à tout concilier, avec trois enfants de douze, dix et huit ans, et un emploi qui l’oblige à travailler 40 à 50 heures par semaine.
« Parfois, c’est certain que je préférerais aller m’entraîner plutôt que de faire les devoirs avec les enfants, mais j’ai réussi à me développer une routine qui fonctionne, en me levant très tôt le matin et en m’entraînant aussi parfois le soir », explique-t-il.
Un gros événement par année
L’expérience lui a aussi appris à faire des choix. En effet, après s’être emballé en 2014 et en 2015 en découvrant la course en sentiers sur le 65 km de l’Ultra-Trail Harricana, Éric avait enchaîné les courses les unes après les autres avec beaucoup d’enthousiasme, allant de la Transmartinique à la Diagonale des fous en passant par la course The North Face Endurance Challenge à Bear Mountain, l’Ultra-Trail du Mont-Albert et la TDS, et ce, en seulement quelques mois.
« C’était trop », a-t-il été obligé de reconnaître. Le papa de trois jeunes enfants a alors réalisé qu’il commençait à perdre l’équilibre. Après son séjour à l’île de La Réunion à l’automne 2015, il a fait le choix de limiter sa participation à seulement un gros événement par année. En 2016, il s’est ainsi concentré sur le Tor des Géants; en 2017, sur l’UTMB; et, cette année, sur le G2G.
Une prochaine année plus locale
Quelle sera sa prochaine aventure? « Pour l’instant, mon prochain défi est de laisser repousser les ongles d’orteils perdus… », avait-il écrit en rigolant sur sa page Facebook au lendemain de son défi. Plus sérieusement, il caresse plusieurs rêves, tels que celui de faire la PTL dans le cadre de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, la Pierra Menta ou la nouvelle course de 450 km du Tor des Géants.
Ses objectifs se préciseront cependant selon les décisions familiales. « Une course par étapes comme le Grand to Grand représente quand même deux semaines complètes d’investissement. C’est énorme », admet le père de famille, qui prévoit donc une année 2019 plus locale, avec des courses au Québec pour le moment.