Les souvenirs des Québécois à la TransMartinique

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La montagne Pelée, dans le nord de la Martinique - Photo : Sébastien Avenet

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DÉCEMBRE 2017 – Une quinzaine de Québécois s’envolent aujourd’hui, ou dans les prochains jours, pour la douce Martinique, dans les Petites Antilles. Ils n’y vont pas pour paresser, mais bien pour prendre part à la 8e édition de la TransMartinique, une course de 138 km et plus de 5000 m de D+ qui traverse l’île du nord au sud, entre volcans, plantations de bananes et bords de mer.

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Distances+ est du voyage et vous offrira, au cours des prochains jours, une série de reportages pour présenter cet événement et les athlètes présents.

Nous aurons l’occasion de parler plus longuement des Québécois Mathieu Blanchard, Marianne Hogan, Thomas Duhamel, Charles Benoit, Alexandre Genois, Frédérick Viens, Sophie Duhaime et plusieurs autres.

Mais avant d’atterrir à Fort-de-France, tournons-nous vers le passé pour demander à des Québécois qui ont déjà vécu la course ce à quoi il faut s’attendre.

La rencontre marquante de Joan Roch

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Widy Grégo et Joan Roch – Photo : fournie par Joan Roch

Joan Roch a participé à la TransMartinique en 2014. Au bout de 21 h 10, il a franchi l’arche d’arrivée tout au sud de l’île, dans la municipalité de Sainte-Anne.

Le coureur en a tiré un récit qu’il a publié dans son livre Ultra ordinaire – Journal d’un coureur. Il y raconte sa folle équipée avec le Guadeloupéen rasta Widy Grégo, un habitué du circuit qu’il a d’ailleurs remporté en 2010.

S’encourageant l’un et l’autre, en dépassant des coureurs ahuris, comme des petits garçons qui jouent à « qui est le meilleur? » ils ont terminé ensemble sur une forte 10e position.

Trois ans plus tard, le souvenir des quelque 40 à 60 derniers kilomètres de course parcourus avec cette légende du trail dans les Caraïbes reste le moment marquant de l’aventure. « Il m’a permis de découvrir la mentalité insulaire, celle des Caraïbes, qui, après tout, n’est pas si différente de celle des Québécois », estime Joan, en parlant de ces spécificités liées à l’isolement culturel et politique.

Avant même cette rencontre, c’est toute l’île qui s’était offerte à lui. « Un endroit juste superbe, s’exclame Joan. Il y a plein de régions, de paysages différents. Pendant la course, j’ai fait une visite accélérée de toutes les plages, de toutes les côtes. C’est beau et varié », dit-il, rappelant que la course traverse littéralement toute l’île.

« Un moment tu te retrouves au milieu des plantations de bananes, sur la crête. D’un côté, tu vois l’Atlantique, et de l’autre la mer des Caraïbes. Ça change des forêts du Québec et de la côte est américaine où tu n’as aucune vue parce que c’est bouché à cause des arbres. »

« À cinq heures d’avion, tu as des palmiers, des bananiers, un volcan, la mer… »

« Gagner », malgré une blessure

Florent Bouguin à la TransMartinique
Florent Bouguin à la TransMartinique 2014 – Photo : Yann Couvrand

L’année 2014 a été fructueuse pour les Québécois. Cette année-là, Florent Bouguin est monté sur la deuxième marche du podium.

Il s’en est pourtant fallu de peu : l’athlète de Québec aurait pu ne pas prendre le départ de la course. Trois semaines avant le départ, il passait un test par résonance magnétique pour tenter de découvrir l’origine d’importantes douleurs aux jambes. Ce n’était qu’une tendinite, mais elle l’a tenu au repos forcé.

Dans les jours précédant le départ, Florent a effectué une sortie de reconnaissance sur les 20 derniers kilomètres du parcours et a eu toute la misère du monde à les terminer.

Ce qui ne l’a pas empêché, le jour de la course, de finir deuxième, avant de passer plusieurs heures sous perfusion pour contrer la déshydratation. Cette année-là, il a fait très chaud.

Florent décrit la TransMartinique comme une course « tropicale, chaleureuse et intense ». En trois mots, on sent bien le sable sous les pieds, l’humidité suffocante, les teintes de vert des palmes et le bleu de l’azur et de la mer.

« J’ai adoré l’accueil des gens du Club Manikou [les organisateurs de la course] et des Martiniquais, dit Florent. J’ai logé chez des gens hyper accueillants. J’ai retrouvé l’intensité des tropiques pas très loin du Québec », dit celui qui est né et a grandi à La Réunion, dans l’océan Indien.

La plus longue course de sa vie

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Florent Bouguin, Éric Breton et Joan Roch à la TransMartiniqiue 2014 – Photo fournie par Joan Roch

L’athlète de la région de Thetford Mines Éric Breton n’avait couru « que » 65 km lors de l’Ultra-Trail Harricana, avant de s’attaquer au 138 km de la TransMartinique en 2014, la même année que Joan et Florent.

Avec lui, ce sont donc trois Québécois qui ont terminé dans le top 10, puisque Éric a terminé 8e, ex aequo avec un coureur martiniquais, Maurice.

« C’était très dépaysant », confie Éric, qui évoque la montagne Pelée, les bananeraies et la forêt tropicale.

Alors qu’il ne lui restait qu’une trentaine de kilomètres à faire, et que la nuit était tombée, sa lampe frontale s’est éteinte, et elle ne s’est jamais rallumée. Heureusement, Maurice, lui a prêté sa deuxième lampe. Ils ont terminé la course ensemble et ont franchi l’arche d’arrivée à Sainte-Anne après 20 h 53 d’effort.

« Je venais de découvrir l’esprit de camaraderie du trail », commente Éric, qui qualifie son expérience de « très positive ». Il recommande la TransMartinique à tous les amateurs de course en sentier.

Une météo capricieuse deux années de suite

Daniel Legresley
Daniel Legresley à la TransMartinique 2016 – Photo : courtoisie

Daniel Legresley n’a pas eu autant de chances que ses compatriotes. Le Montréalais originaire du Nouveau-Brunswick était inscrit à la TransMartinique 2015, qui a été annulée à cause des conditions météo.

Cette année-là, il avait tellement plu dans les jours précédant l’épreuve que l’organisation a pris la plus difficile des décisions. Les sentiers étaient jugés trop dangereux.

« J’étais très déçu de ne pas pouvoir prendre le départ après m’être entraîné pendant des mois », se souvient Daniel, qui a partagé cette déception avec les autres Québécois Michaël Higgins, Guy Boisclair, Emmanuelle Dudon et Vincent Gauthier.

Qu’à cela ne tienne, Daniel s’est réinscrit l’année suivante. « Malheureusement, en 2016, la Martinique a encore une fois connu de fortes précipitations de pluie durant la course, ce qui a rendu les sentiers presque impraticables », explique Daniel.

Le mont Pelée
Le mont Pelée – Photo : Joan Roch

L’ascension de la montagne Pelée, effectuée en début de parcours et au beau milieu de la nuit, s’est fait sous la pluie torrentielle. Les coureurs devaient être extrêmement prudents, car les roches étaient devenues glissantes.

Il y avait tellement de boue sur le parcours que Daniel en avait parfois jusqu’aux mollets. Aux environs du vingtième kilomètre, il a trébuché et s’est fracturé une côte.

Comme cela arrive souvent aux ultramarathoniens, l’esprit est plus fort que la douleur, et Daniel s’est rendu jusqu’au 65e kilomètre, avant de se rendre à l’évidence : il devait abandonner.

« C’est seulement en route vers l’hôtel que la douleur s’est amplifiée. À ce moment, j’ai réalisé que la décision d’abandonner était la bonne chose à faire », dit celui qui, depuis, a complété l’Ultra-Trail du Mont Albert et l’Ultra-Trail du Mont-Blanc.

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L’auteur est l’invité du Club Manikou. Distances+ remercie La Clinique du coureur, qui a rendu possible ce reportage.

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