Après avoir (presque) facilement remporté le 125 km de l’Ultra-Trail Harricana en 2016, Jessy Forgues s’apprête à affronter des défis de taille en 2017, dont le Tor des Géants. Elle revient d’ailleurs tout juste d’Utah, où elle a participé à la Salomon Trail Academy en compagnie d’autres coureurs québécois.
Comble de malchance, Jessy Forgues s’est renversé la cheville dès la première journée de l’académie. « C’est la première fois que j’ai ce type de blessure alors que je cours toutes les semaines depuis des années. Sur le coup, je me suis dit : ‘’pourquoi ça m’arrive à moi!’’ J’étais à la fois déçue et en colère », dit-elle.
Comme pour tout coureur, l’arrêt est toujours difficile à accepter. « Actuellement, je suis comme un lion en cage. C’est le printemps, le beau temps revient et je vois tout le monde qui se remet à courir », dit-elle. Mais elle ajoute, philosophe : « J’essaie maintenant de grandir, de voir le positif à travers cette épreuve, notamment pour forger ma détermination. »
Elle espère seulement que sa blessure ne va pas perturber une saison qui sera chargée en événements. Pour atteindre ses objectifs, elle va modifier un peu sa recette cette année. « Je vais augmenter le volume d’entraînement et travailler encore plus en dénivelé. J’ai introduit le yoga en plus du renforcement musculaire », dit-elle. Son kilométrage, dans les semaines qui précédent une course, peut atteindre jusqu’à 130 km par semaine.
Madère, avant un premier 100 miles
Si elle est inquiète, c’est que sa première course importante de la saison, la Madeira Island Ultra-Trail a lieu le 22 avril prochain. Sa guérison devra donc être particulièrement rapide si elle veut y prendre part. Il s’agit d’une course de 115 km avec 7100 m de dénivelé, dans l’île de Madère, à 900 km à l’est du Portugal.
Plus tard en saison, et pour la toute première fois de sa carrière, Jessy va affronter la distance de 160 km dans la cadre de l’Ultra-Trail du Mont-Albert. « J’aimerais ça terminer dans les premiers, mais je n’ai jamais fait de 100 miles. Ce qui m’encourage, c’est qu’après mon 125 km de l’Ultra-Trail Harricana, je me sentais bien, il me restait de l’énergie. »
À l’assaut du Tor des Géants
À l’origine, Jessy comptait refaire l’épreuve de 125 km de l’Ultra-Trail Harricana, mais le hasard a changé la donne. « Le Tor des Géants, c’est une course contingentée et mon nom est sortie au tirage au sort dès la première année. Je vais faire cette course avec mon conjoint qui a été également pigé », explique-t-elle avec enthousiasme.
Le Tor des Géants est une course mythique sur la portion italienne des Alpes. Sur une période de sept jours, les participants doivent franchir une distance de 330 km avec 24 000 m de dénivelé. « Mon premier objectif, c’est simplement de la compléter, mais comme pour toutes les courses auxquelles je participe, j’espère toujours monter sur le podium », dit-elle.
Elle précise que d’autres courses locales seront au programme, mais elle ne s’y inscrira qu’à la dernière minute, selon l’inspiration du moment.
L’atteinte de l’équilibre
Pour cette athlète, qui est mère de jeunes enfants et qui exerce le métier de policière avec des horaires atypiques, l’équilibre travail-famille-entraînement est un art délicat. « Je dois bien gérer mon temps. Pour moi, la télé, je ne suis pas ça du tout. Je dois maintenir un niveau de performance adéquat tout en prenant soin de mes enfants. Et c’est possible de joindre tout ça, j’y arrive », explique-t-elle.
Pour Jessy Forgues, la course en sentier est avant tout une soupape. « Au travail, je suis toujours dans le trafic, à gérer des situations stressantes, c’est un feu roulant, dit-elle. La course me permet d’être seule, face à moi-même, et de renouer avec la nature. J’ai l’impression de m’enraciner dans quelque chose de plus profond », conclut-elle.