Gaspesia 100 : la championne Hélène Dumais a maintenant une course à son nom

Hélène Dumais à l'Infinitus 2017
Hélène Dumais durant l'Infinitus 2017 - Photo : Micah Ness

L’aventurière et ultra-marathonienne Hélène Dumais a pris le départ ce vendredi matin à 5 h de la première édition du 150 miles de l’Ultra-Trail Gaspesia 100 (UTG150), baptisée « Les 60 heures d’Hélène » en l’honneur de la championne québécoise. Il s’agit d’une « petite trotte » de 241 km en autonomie complète. Elle passe notamment par la partie gaspésienne du Sentier international des Appalaches (GRA1).

Ils n’étaient que sept coureurs à s’élancer du bord de mer à l’aube, deux femmes et cinq hommes. « On aurait dû être plus, mais tous les participants hors Québec n’ont pas pu venir », a précisé Hélène Dumais.

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L’athlète, qui a vécu un temps aux États-Unis, s’est réinstallée à Montréal peu de temps après être devenue, en juin 2018, la première et seule femme au monde à finir l’Infinitus 888, un défi hors norme de 888 km en moins de 240 heures dans l’État du Vermont.

Ce printemps 2021, elle n’avait pas pu se rendre sur la course, mais elle a accompagné à distance l’un de ses clients, l’Américain Jason Mosel, qui a lui aussi réussi l’Infinitus. C’est le 5e athlète uniquement depuis la création de l’événement en 2015 à réussir cet exploit, ce qui a rempli Hélène de fierté, après deux années de collaboration et de préparation.

Juste avant de prendre la route pour la Gaspésie, Hélène Dumais a pris le temps de répondre aux questions de Distances+, alors qu’elle avait encore le nez dans les cartes du 150 miles.

helene dumais
Hélène Dumais – Photo : courtoisie

Distances+ : Tu es une athlète qui a toujours besoin de défis. Est-ce que la pandémie t’a affecté?

Hélène Dumais : Non, d’autant qu’après l’Infinitus et plus de 10 ans d’aventures et de compétitions, j’avais besoin de temps pour digérer et me demander ce que j’allais bien pouvoir faire à présent. Est-ce que je veux aller plus loin, plus haut, plus longtemps? Il fallait que je mûrisse ça. Mon constat, c’est que j’avais perdu l’excitation, celle que tu ressens quand tu te lances dans un défi et dans quelque chose de nouveau. Il fallait que je me réinvente pour la retrouver. Ce que j’avais envie, c’était de participer à des événements qui sont plus des missions humanitaires ou environnementales, et pas juste courir pour remporter une médaille. J’étais en train d’explorer tout ça quand la pandémie est arrivée.


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Tous tes projets de 2020 ont été annulés et reportés à cette année, à commencer par la nouvelle course au programme du Gaspesia 100, un 150 miles en autonomie complète, qui porte même ton nom. Comment c’est arrivé?

D’abord, ce qu’il faut savoir, c’est que j’étais venu courir le 100 miles du Gaspesia 100 en 2019 (3e, NDLR) et j’avais adoré l’organisation ! Et la Gaspésie, Percé, ça fait vraiment changement!

Qu’est-ce qui change?

Je pense que c’est lié à l’exotisme de la région. Il y a les pêcheurs, les crabes, les homards, ce petit village où tout le monde se connaît. Il n’y a pas de pollution en bord de mer comme à l’intérieur de la province. C’est plus calme, plus propre aussi. Tu décroches facilement. J’ai l’impression d’être un peu à l’étranger. Les gens sont bien tranquilles, pas pressés. L’énergie est cool, relax.

On dirait que tu parles de la Guadeloupe…

Ouiiiii, c’est ça, c’est la Guadeloupe québécoise!

Et tu as eu aussi un coup de cœur pour l’organisateur en chef, Jean-François Tapp.

Oui, toute cette belle énergie part d’en haut, de Jean-François, qui est un ange, un passionné qui se donne pour son monde. C’est un peu lui qui fait tout. Et en ce moment, il ne dort pas beaucoup!

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Sur le parcours de la Gaspesia 100 – Photo : courtoisie

Raconte-nous l’histoire de ce 150 miles, baptisé « Les 60 heures d’Hélène »?

Un jour, j’appelle Jean-François pour lui dire que j’ai envie de venir en Gaspésie pendant l’événement, mais pas pour une course, parce que je n’ai plus l’excitation comme je le disais tantôt et que j’avais déjà participé à la plus longue distance. Je lui dis que j’ai envie d’aller me balader dans le bois et dans les montagnes pendant deux jours, mais je ne connais pas du tout, donc je lui demande « tu me proposes quoi? » Il me répond « attends un peu, tant qu’à te dessiner un parcours pour toi, on va le faire pour tout le monde et on va en faire une distance officielle. » Il était tout excité à l’idée de faire passer les gens à tel endroit et tel endroit. On est partis dans l’idée d’avoir des points de contrôle et de demander aux participants de faire un autoportrait à chaque point pour prouver qu’ils ont bien suivi le parcours. Il doit y avoir une dizaine d’autoportrait à prendre. Je ne sais pas encore exactement parce qu’on est encore en train de bosser dessus.

Mais l’événement a lieu en fin de semaine…

Oui, avec les restrictions et les changements qui n’arrêtent pas, c’est vraiment derrière minute notre affaire. Là, je travaille sur les cartes et elles ne sont pas encore imprimées. La semaine dernière, on était encore censés partir du parc Forillon et puis, finalement, je passe sur les détails, mais on a dû renoncer. Jean-François a même failli tout annuler plusieurs fois. Tout se dessine au fur et à mesure. On a dessiné un nouveau départ, mais je ne sais même pas c’est où (elle éclate de rire). On va rejoindre rapidement le GRA1, qui est la partie québécoise du Sentier international des Appalaches, et on se retrouvera un moment sur le parcours classique du Gaspesia 100.

Le 150 miles est un parcours à faire en autonomie complète, donc sans aucun ravitaillement sur le parcours, et sans classement.

Exactement! Comme la Petite Trotte à Léon (la PTL, à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc). Il faut simplement passer la ligne d’arrivée en moins de 60 heures, donc ce dimanche à 17 h. Il n’y a pas de classement, pas de podium, ce qui compte c’est de passer la ligne.

Est-ce que tu vas quand même tenter de terminer la première?

Je ne sais pas. Je pense plutôt que je vais le faire en même temps que les autres, d’autant que je les ai un peu aidés à se préparer. Je leur ai donné à distance des conseils pour gérer leur alimentation, leur stratégie de course et le B.A BA de la course en autonomie. Moi, j’en ai fait des affaires, mais mon excitation, c’est plus de voir les autres aller. Je vais sans doute accompagner ma cliente (la deuxième femme engagée sur l’UTG150, NDLR). C’est cool parce que c’est un événement en solo, mais on va sans doute être ensemble et partager.

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Hélène Dumais sur le parcours de la SwissPeak – Photo : SwissPeak

La course porte ton nom et tu as participé à l’organiser finalement!

Disons que j’ai apporté mon expérience, pour la préparation de l’événement, le matériel obligatoire, la cartographie…

Et puis dans un mois, tu enchaîneras avec une autre nouveauté, la première édition « en présentiel » du Big Wolf’s Backyard Ultra sur l’ancien quai de Cacouna, près de Rivière-du-Loup.

Oui, ce genre de course (parcourir 6,7 km toutes les heures jusqu’à ne plus être capable, NDLR) sera tout nouveau pour moi. Avant, j’aurais été la première à m’inscrire, parce que j’aime les défis et que je suis compétitive, mais l’excitation n’était pas tant au rendez-vous. C’est Yvan L’Heureux, l’organisateur, qui m’a relancé le dernier jour et j’ai fini par dit oui. Je me suis inscrit à la dernière minute.

Est-ce que tu vises le record du monde? (81 tours, soit 543 km, détenu depuis début juin par le Britannique John Stocker dans le cadre du Suffolk Backyard Ultra)

Je ne veux pas répondre à cette question, mais je vise toujours très haut et je rêve toujours grand. J’ai un plan, parce qu’il faut toujours un plan ambitieux, mais on verra bien.

Tu as aussi le projet d’aller dans l’Himalaya un peu plus tard cette année?

Oui, je fais partie des 25 athlètes internationaux à avoir été sélectionnés à la Snowman Race au Bhoutan. Là encore, ce sera une première pour moi. C’est le roi du Bhoutan lui-même qui a lancé ça pour sensibiliser le monde au réchauffement de la planète et notamment à la fonte des glaciers. C’est une course de 222 km sur une trail qui s’appelle la Snowman Track. Les gens la font généralement en 30 jours et nous on devra parcourir la distance en seulement cinq jours. On monte à plus de 5000 m d’altitude et ça aussi je vais découvrir.

Ceci dit, avec la pandémie, j’attends de voir ce qu’il se passe, mais je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment pour aller là-bas, entre l’Inde et la Chine. Le but de la course est d’avoir un impact positif, et là j’ai l’impression que ce serait contre-productif. En plus, j’ai un projet de film en parallèle sur l’événement donc ça complique les choses. Je pense qu’on va reporter à 2022, même si pour l’instant, elle est encore à mon calendrier.