Le 17 mars dernier, la nouvelle que craignait l’athlète canadien Gary Robbins est tombée : l’édition 2020 de la Barkley Marathons, qui se déroule le premier week-end d’avril, était annulée pour cause de pandémie de coronavirus.
Alors qu’il se préparait à partir pour un entraînement de nuit, Gary se souvient d’avoir dit à sa femme Linda quelque chose comme « j’avais le sentiment, avec la façon dont les choses se passaient, que tout cela ne servait à rien. Que dans quelques jours ou semaines, plus rien ne tiendrait. »
N’ayant pu s’engager sur la mythique compétition en 2019 en raison d’une fracture de stress, sa détermination à retourner à la Barkley Marathons pour une quatrième fois était incontestable, avec, évidemment, l’objectif d’ajouter son nom à la très courte liste des finisseurs : seulement 15 en plus de trente ans.
« Ce qui a été le plus dur, c’est que c’est probablement mon année la plus forte dans le cycle de préparation pour la Barkley, dit Gary Robbins. Peut-être même ma meilleure. La motivation pour m’entraîner était au maximum. Tout s’est bien déroulé. C’est difficile, après des années à passer à travers des blessures, de revenir là où je me sentais en confiance pour réussir la course. Ça a été une pilule difficile à avaler. Mais il y a évidemment des choses beaucoup plus importantes ici que la course. »
Explorer de nouveaux défis
Bien que les plans aient changé du point de vue compétitif, tout le travail en préparation pour le Barkley ne sera pas gaspillé, assure Gary Robbins.
Ayant déménagé il y a un an dans une nouvelle communauté britanno-colombienne qu’il n’a pas eu le temps d’explorer, l’occasion est belle, puisqu’il ne peut participer à d’autres événements non plus, de découvrir les environs en « mission de montagne », comme il se plaît à dire.
« Je n’appellerais pas ça des tentatives de FKT [Fastest Know Time, ‘’le temps le plus rapide’’ sur un segment, NDLR], parce que les sorties auxquelles je pense et dont je rêve pourraient mieux être appelées des « OKT », pour ‘’Qui Sait le Temps’’ [« Only Know Time »]. »
« Je ne suis pas à la chasse de ce qu’un autre a fait avant, dit-il. Je vois des opportunités pour faire de grandes sorties en montagne de 50 à 160 kilomètres près de la maison. »
« C’est ce que j’ai l’intention de faire avec mon été parce que, dans des circonstances normales, je n’aurais jamais le temps de faire tout ça. »
Un organisateur de courses sans courses à organiser
En effet, celui qui est aussi organisateur de course au sein de son entreprise Coast Mountain Trail Running (CMTR), a dû annuler sept de ses huit événements en Colombie-Britannique. Le sort de la course prévue en septembre est encore incertain, au point où les inscriptions ont été suspendues.
L’annulation de la saison, dans le but d’éviter la propagation du Covid-19, fait mal au coeur de Robbins, notamment pour la perte des revenus caritatifs qu’ils génèrent.
L’an dernier, CMTR a fait un don de 60 000 $ à des organisations de recherche et de sauvetage, explique-t-il, et il entendait répéter des dons de cet ordre à l’avenir. « Il nous a fallu des années pour arriver à un point où nous pouvons générer ces revenus et nous nous étions engagés à faire un don annuel de 50 000 $ à ces organisations », dit Gary.
Il a donc cherché des moyens pour combler en partie le manque à gagner, notamment en organisant une course sur tapis roulant le 27 avril dernier. La communauté réunie autour de Robbins a généré 15 000 $ de dons en 24 heures.
Aider, encore et encore
En avril, Robbins et son équipe ont également lancé une initiative pour aider d’autres organisations de course confrontées à des impacts financiers graves en raison de l’annulation de leur événement.
« Nous nous sommes sentis très soutenus par notre communauté lorsque nous avons été obligés de prendre des décisions difficiles en mars, raconte Robbins. Par exemple, notre remorque d’événements a été cambriolée, avec l’équivalent de 1500 $ de fournitures qui ont été volés. Un de nos coureurs a lancé un sociofinancement sur Gofundme et il a récupéré l’argent en 12 heures. »
Dans le même esprit, Robbins et ses partenaires ont mis sur pied la vente de foulards tubulaires. Près de 30 000 $ ont été amassés, avec 100 % des profits remis aux organisations sélectionnées par les coureurs.
« Nous lancerons également une course virtuelle qui sera différente de tout ce qui existe déjà, révèle maintenant Gary Robbins, avec un pourcentage des profits reversé pour le monde du trail. »
Et… Barkley 2021?
La réponse à la question qui brûle les lèvres de tous arrive à la fin de l’interview. Peut-on s’attendre à voir Gary Robbins courir la Barkley en 2021?
« Je dirai que si tout se passe bien, c’est définitivement en haut de la liste de ce que je veux faire. Avec un peu de chance, au cours des dix prochains mois, on ne connaîtra pas trop de revers et, idéalement, la course sera autorisée au début de l’année prochaine. On fait donc des plans pour y arriver en bonne santé et heureux. Et faire de 2021 l’année où je la termine enfin. »
Traduction : Vincent Champagne
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