Aurélien Collet : « cette période me plaît »

Aurélien Collet a terminé 2e de l'Ultra-Trail Harricana du Canada 2019
Aurélien Collet a terminé 2e de l'Ultra-Trail Harricana du Canada 2019 - Photo : UTHC
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Écrit avec la collaboration de Yohan Malliard

Le confinement obligatoire instauré en France pour endiguer le coronavirus ainsi que l’annulation ou le report de toutes les compétitions, a mis la saison de tous les athlètes européens sur pause. Comment ont-ils vécu cette période complètement inédite? Distances+ a posé la question à plusieurs des meilleurs traileurs français. Ces entrevues ont été réalisées en avril.

C’est au tour de l’expérimenté Aurélien Collet de nous raconter son confinement.

Aurélien Collet à l'Ultra-Trail Australia 2017
Le Valdoisien a fini 3e de l’Ultra-Trail Australia en 2017 – Photo : Ultra-Trail Australia

Aurélien Collet possède un riche palmarès. Le traileur français, qui multiplie les courses chaque année, comptabilise 26 victoires et 39 podiums sur les 58 courses qu’il a terminées, selon le recensement de l’ITRA.

Parmi les victoires du natif de Saint-Lô, on soulignera celles sur l’Endurance Trail (100 km, 4400 m D+) 2015 et la Boffi Fifty (50 km, 2570 m D+) 2017 au Festival des Templiers, ses quatre succès sur des épreuves de l’UT4M (à l’UT4M 40 Vercors, l’UT4M 40 Chartreuse et à deux reprises sur l’UT4M 160 Challenge), ses trois victoires consécutives au 50 km du Trail des Rois Maudits (2017, 2018 et 2019) en Normandie ou encore celle, flamboyante, sur le Trail Des Balcons D’Azur (77 km, 3260 m D+) 2017.

L’athlète de l’équipe Hoka s’est également illustré, entre autres courses internationales, sur le 125 km de l’Ultra-Trail Harricana du Canada (4020 m D+), en septembre dernier, en prenant la 2e place derrière le Franco-Québécois Guillaume Barry, sur la Transgrancanaria (2e de l’épreuve reine de 127 km, 6550 m D+) 2018, ou encore à la Diagonale des fous où il a pris la 3e place en 2014 derrière François D’Haene et Ludovic Pommeret.

Aurélien Collet a aussi connu la joie d’une sélection en équipe de France de trail à l’occasion des championnats du monde de la spécialité (85 km, 4500 m D+) en 2016. À Gerês, au Portugal, il avait terminé 7e de l’épreuve et décroché l’or au classement par équipe.

Le Valdoisien est aussi organisateur du MaxiCross, qui a lieu à Bouffemont, dans le Val d’Oise au début du mois de février.

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Distances+ : Comment vis-tu la période de confinement actuelle?

Aurélien Collet : Ma réponse va certainement paraître très égoïste, mais cette période me plaît. Non pas l’aspect Covid, bien entendu, mais le temps que cela libère.

Lorsque le Covid a commencé à prendre de l’ampleur et à se répandre en France, j’ai eu peur. Non pas pour ma sphère directe, qui d’après les dires n’avait vraiment rien à craindre, mais pour mes parents qui collectionnent les printemps.

Très rapidement, la société où je travaille a pris les mesures nécessaires pour mettre ses employés en sécurité. N’étant pas éligible au télétravail, je me suis retrouvé au chômage partiel. Ça représente une perte de salaire, certes, mais compensée par du temps, un bien inestimable derrière lequel je cours à longueur d’année.

Une fois confiné, je me suis un peu coupé du monde. Nous ne regardons jamais la télévision, par conséquent le Covid est vite passé au second plan dans notre quotidien jusqu’à l’oublier.

Rapidement, une routine s’est mise en place dans laquelle ma fille et le sport font partie intégrante. Quel bonheur de pouvoir passer autant de temps avec ma fille. Des après-midi entiers à jouer, s’amuser, courir, chahuter dans le jardin. Un privilège que le temps offre et qui n’existe pas dans une routine quotidienne faite de transport, de boulot et de course contre la montre. Je savoure!

Côté sport, à vrai dire, je n’en ai jamais fait autant. Entre 3 et 5 heures par jour, sept jours sur sept, de quoi verser quelques litres de sueur. Entre les séances de Tiphaine (NDLR : sa conjointe, également athlète élite) et les miennes, le home trainer n’a pas le temps de refroidir.

Avec tout ça, les journées passent trop rapidement. L’ennui n’existe pas et la vie prend toute sa valeur.

Parle-nous de l’impact que le confinement a eu sur ta motivation.

Bizarrement, aucun impact. Les compétitions ne me manquent pas et je ne suis pas spécialement pressé de reprendre. Je me motive avec de multiples défis persos que je me lance hebdomadairement. Mes entraînements sont principalement composés de home trainer sur la plateforme Zwift. Cette plateforme communautaire peuplée de férus de sport et de vélo est un super moyen pour se lancer des défis en tout genre ou encore se transcender dans l’effort.

Aurélien Collet au Trail des Rois Maudits 2019
Aurélien Collet a remporté le 50 km du Trail des Rois Maudits 2019,
en Normandie – Photo : Trail des Rois Maudits

As-tu fait une croix sur ta saison? Sur quoi te concentres-tu désormais?

En 2020, je m’étais fixé quelques objectifs en courses à étapes comme le Sardinia Trail, l’UT4M Challenge sur quatre jours ou encore la MaxiRace d’Annecy. Je n’ai pas encore fait une croix sur la saison, mais le calendrier sportif de fin d’année comporte un gros point interrogation. Tout n’est pas encore mort, mais quand bien même, s’il doit s’agir d’une année blanche, ce n’est pas bien grave. Des courses, il y en aura d’autres! Ce n’est qu’un sport et le trail comme toute autre discipline pourra bien attendre.

En ce moment, je me focalise sur l’organisation du Trail des Châtaignes et la 20e édition du MaxiCross (en région parisienne) qui aura lieu début février 2021 avec, je l’espère, une énorme surprise.

Quel enseignement tires-tu de ce que nous sommes en train de vivre?

Je pense qu’il y a de belles leçons à en tirer, notamment dans la façon dont les entreprises gèrent leurs salariés. Une avancée sans précédent a été faite afin de permettre aux personnes de continuer à travailler de chez eux. Au-delà de ça, il faut mettre en avant la diminution des temps de transport qui est une source de stress permanente dans les grandes villes, et une nette diminution du trafic routier qui une source de pollution et de nuisance.

Même la couche d’ozone s’est renforcée. Doit-on envisager que l’être humain est un virus pour notre planète? Cela doit nous pousser à réfléchir à comment préserver l’environnement en nous basant sur cette période de confinement mondiale, avec une stratégie de gestion du temps de nos habitudes socio-professionnelles.

Quel message souhaites-tu faire passer à la communauté de traileurs et aux sportifs en règle générale en cette période difficile?

Mon conseil serait de gérer cette période comme une période hivernale, en plus long! Il faut toujours s’écouter : si ton corps te demande du repos, repose-toi! Il y a le temps pour le faire, car il n’y a pas d’échéances à l’horizon.

C’est aussi le moment de se relâcher pour faire disparaître une douleur récurrente sans spécialement passer par la case médecin.

Ou bien si, au contraire, l’envie de transpirer est bien là, profitez-en pour vous essayer à de nouvelles disciplines, à travailler votre force et votre maintien ou encore votre posé de pieds. Il y a des dizaines d’exercices à faire, le net en déborde. Perso, je me suis essayé au TRX. Ce sont des exercices en poids de corps sur une sangle suspendue. C’est très complet. En 30 minutes, il y a déjà de quoi attraper quelques courbatures.

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