Après avoir subi un terrible mal de l’altitude lors du Championnat du monde de trail en juin dernier en Italie, Annie Jean a rejoint l’équipe Salomon à Chamonix pour prendre le départ, deux semaines plus tard, du Marathon du Mont-Blanc, remporté une fois de plus par Kilian Jornet. Détendue et selon elle mieux préparée, elle a décroché une incroyable troisième place, confirmant qu’elle fait partie des meilleures coureuses en montagne de la planète.
« Il y avait beaucoup d’émotions là-bas. Je suis tellement heureuse et satisfaite de ma troisième position », s’est enthousiasmée la championne québécoise lors d’une entrevue avec Distances+. Elle considère même que cette « victoire » est une surprise.
L’athlète de Gatineau n’imaginait pas une issue semblable. « Je ne vis pas en altitude, je ne vis pas dans les montagnes, dit-elle. Même Megan Kimmel (la gagnante de la course) demeure au Colorado. Mais je me suis beaucoup entraîné dans les Alpes pendant deux semaines avant Chamonix. J’ai l’impression que ça m’a beaucoup aidé. »
Un début difficile
La course avait débuté sous de bien mauvais auspices. « Je n’étais pas dans mon assiette le matin et je n’avais pas vraiment dormi la nuit précédente, a-t-elle confié. (L’Américain) Max King m’a expliqué que beaucoup d’athlètes, même chez les élites, ont du mal à dormir la nuit qui précède une course, mais que ce n’est pas grave. Ce qui est important, c’est la nuit deux jours avant l’évènement. »
C’est la peur de revivre le même malaise qu’en Italie qui a dominé sa course. « J’en avais des palpitations, dit-elle. Je n’ai presque rien pris dans les ravitos durant la course tellement j’avais peur d’être malade : un seul jujube et un peu d’eau. Je voulais faire vraiment attention. »
Annie Jean a pris le départ sans aucun objectif. « Je me disais : “Je vais la courir juste pour la courir, je vais faire la touriste et je vais avoir du fun” », précise-t-elle. Mais dès le coup de départ, elle s’est, comme d’habitude, laissé prendre au jeu et c’est progressivement imposé dans le peloton. « J’ai commencé prudemment, mais dès les premiers 17 km, j’ai petit à petit dépassé les filles. Je me sentais très forte dans les montées. Au premier ravito, j’étais déjà en 5e ou 6e position. »
Une fin heureuse
La suite de la course a été tout aussi palpitante. « Je me rapprochais des filles restantes devant moi. Je les voyais et elles commençaient à ralentir dans les montées, nous a-t-elle conté. J’ai finalement atteint la troisième position vers la fin de la course. J’ai presque rattrapé Ida Nilsson dans la dernière montée, mais impossible de la rejoindre dans les descentes, car je ne suis pas assez forte techniquement dans les descentes abruptes. »
Annie est persuadée qu’elle aurait été en mesure de devancer Ida et de décrocher une deuxième place si elle avait poussé un peu plus la machine. Elle estime en revanche que la gagnante, l’Américaine Megan Kimmel, était beaucoup trop forte cette journée-là.
Revenir pour mieux repartir
La championne se promet de rééditer l’expérience l’année prochaine. « Je vais vraiment prendre le temps de m’entraîner là-bas pour bien m’adapter à l’altitude avant mes courses », précise-t-elle.
Elle repart d’ailleurs dans les Alpes à la fin du mois en vacances avec son copain. « Nous allons passer deux semaines à Annecy et Chamonix pour courir et faire du vélo. Je veux lui montrer tout ce que j’ai vu là-bas, tous les cols que j’ai parcourus à pied ou à vélo. »
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