Annie-Claude Vaillancourt s’ennuie des « belles sorties non-planifiées en montagne » avec ses amis

Annie-Claude Vaillancourt
Annie-Claude Vaillancourt en excursion - Photo : courtoisie
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La pandémie a chamboulé nos vies. Les athlètes ont dû s’adapter à l’annulation ou au report de la plupart des compétitions de trail dans le monde. Ils ont dû réviser leurs objectifs et adapter leur entraînement. En ce début d’année 2021, Distances+ a demandé à plusieurs coureurs inspirants de raconter comment ils vivent cette période inédite.

En décidant, un peu à la dernière minute, de profiter d’une invitation à participer à l’Ultra-Trace de Guadeloupe pour partir en vacances dans les Antilles françaises fin février 2020, Annie-Claude Vaillancourt a été chanceuse. Elle ignorait tout de la crise sanitaire qui s’apprêtait à frapper le monde entier. Le cœur léger, la coureuse québécoise a pu en profiter au maximum en famille et même remporter l’épreuve de 83 km et 2900 m de dénivelé, l’une des rares courses de trail organisées l’an dernier. À son retour au Canada, les frontières se sont refermées.

À l’image de ce qu’elle a fait en Guadeloupe, Annie-Claude envisageait de participer à des courses internationales en fonction des vacances de ses trois enfants. Mais la crise sanitaire a changé ses plans.

Avant sa victoire à l’Ultra-Trace de Guadeloupe, Annie-Claude Vaillancourt avait terminé 2e du 125 km de l’Ultra-Trail Harricana du Canada en 2019, et 7e place, quelques semaines auparavant, de l’épreuve de 81 km au Grand Raid des Pyrénées (5100 m D+) en France.

Annie-Claude Vaillancourt
Annie-Claude Vaillancourt entourée de Liam, Alix et Raphaëlle à son arrivée victorieuse du 83 km de l’Ultra Trace de Guadeloupe – Photo : Nicolas Fréret

Distances+ : Avec du recul, comment as-tu vécu ton année 2020?

Annie-Claude Vaillancourt : Ma saison 2020 en course à pied a commencé avec ma participation à l’Ultra-Trace de Guadeloupe. Ce fut une très belle aventure. J’adore les compétitions en début de saison, elles me permettent de m’activer après la période des fêtes. À l’exception du Marathon de Boston, je n’avais pas planifié mon année en course lorsque la pandémie est arrivée. Je n’ai donc pas vécu de chamboulements de ce côté, mais beaucoup plus avec mon emploi et mes trois enfants en scolarisation primaire à plein temps à la maison. J’ai rapidement ressenti une impression de perte de contrôle sur ma vie et d’inutilité face aux conséquences directes de la pandémie. 

Par rapport à la course, je cherchais un défi qui me permettrait de me sentir davantage utile et je n’étais que très peu appelée par les événements virtuels. C’est dans ce contexte que j’ai contacté Sébastien Roulier afin de l’accompagner sur une partie de son Grand Coeur. L’événement, qui visait à récolter des fonds pour Moisson Estrie, m’interpellait face à la situation actuelle puisqu’il offrait une aide concrète aux personnes se retrouvant en situation de précarité financière. J’ai été impressionnée par l’énergie positive générée par cette initiative, qui m’a accompagnée pendant plusieurs semaines ensuite. 

En plus de m’amener à ralentir afin d’adopter son rythme, le contact avec Sébastien m’a permis de découvrir la course de plusieurs autres manières. Ainsi, j’ai fait des aventures en fastpacking (excursions en autonomie avec un équipement de bivouac léger, NDLR) pendant l’été afin d’explorer plusieurs beaux endroits du Québec. En septembre, j’ai expérimenté les courses partagées en poussant ma belle amie Soleine qui est à mobilité réduite. Plus tard en automne, j’ai animé un groupe pour les enfants via Le Grand Club de course. J’ai vécu une très belle année, cumulant aventures et expériences.

Annie-Claude Vaillancourt
Annie-Claude Vaillancourt s’amuse dehors quelle que soit l’heure – Photo : courtoisie

Quels enseignements as-tu tiré de cette période insolite?

L’absence de compétitions n’a pas fait de différence sur le plaisir que je retire de la course. L’année 2020 a certainement été différente, mais je demeure fière de mes réalisations. 

Comment appréhendes-tu cette saison 2021? À quoi, au moment où l’on se parle, devrait-elle ressembler?

L’année 2021 est incertaine en ce qui concerne les événements en course à pied. Je n’ai aucune compétition inscrite à mon calendrier et je n’ai pas de plan d’entraînement. Ceci dit, même si le souci de performance n’est pas au cœur de mes objectifs, j’ai encore envie de donner le meilleur de moi-même en compétition. La fébrilité qui entoure les événements officiels me manque. Toutefois, je m’ennuie surtout des belles sorties non-planifiées en montagne avec mes amis. En attendant, je continue à courir avec le sourire dans les sentiers près de chez moi. 

Parallèlement, pour des raisons écologiques, je me questionne sur la pertinence de maintenir un calendrier de course avec plusieurs événements nécessitant un déplacement en avion. Alors l’année 2021 sera remplie de défis, principalement dans nos belles régions du Québec, avec ou sans podium, avec ou sans dossard.

Annie-Claude Vaillancourt
Annie-Claude Vaillancourt prend le temps de contempler le paysage pendant ses sorties – Photo : courtoisie



 

 

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