Andrea Huser, athlète des montagnes

lesgrandsentretiens_long_red

ENTREVUE EXCLUSIVE

En 2016, Andrea Huser a participé à une dizaine de courses d’ultra. Elle est montée sur la première ou la deuxième marche du podium chaque fois. Deuxième à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, première à la Diagonale des Fous, première au Lavaredo Ultra Trail, deuxième à la Transgrancanaria… Pour commenter son année, elle déclare : « Je n’aurais même pas osé espérer ça il y a à peine deux ans. J’ai encore du mal à réaliser que c’est réel! »

Une dizaine de grandes courses, sans compter les plus petites. Pourquoi en faire autant? Sa réponse : « J’aime les émotions avant et après les courses. J’aime les sensations pendant. J’aime voyager et voir du pays. Certains diraient que je suis accro. Pourquoi pas? »

banniere_suivez-nous

Dans un calendrier aussi chargé, les courses n’ont pas toutes la même importance. D’ailleurs, dans sa planification, Andrea admet en souriant qu’il y a les courses qu’elle veut faire et celles qu’elle veut… gagner! C’est donc dire que plusieurs épreuves lui servent d’entraînement. Puisqu’elle doit courir de toute façon, aussi bien profiter de l’ambiance, des rencontres et des magnifiques paysages qu’offrent les courses, se dit-elle.

La simplicité, la beauté et la liberté de la course

andrea-eiger-trail

Andrea Huser a d’abord fait du vélo de montagne. D’innombrables kilomètres, courses et podiums plus tard, à 31 ans, elle en a eu assez. Alors, elle a commencé à courir. En montagne, bien sûr! Elle est aujourd’hui vice-championne de l’Ultra-Trail World Tour. Elle se pince encore pour y croire.

Suisse d’origine, Andrea Huser a fait des montagnes son terrain de jeu. Lorsqu’elle a commencé à courir, elle ne s’est d’abord pas concentrée uniquement sur la course. Elle a fait du triathlon et des courses d’aventure multisports. « Je voulais vivre des expériences extrêmes. »

Puis, elle a réalisé que de toutes les disciplines, c’est la course qu’elle préférait. « C’est si simple. J’ai seulement besoin de souliers. Je ne dépends pas de la qualité de mon équipement comme en vélo ou d’un plan d’eau comme à la nage. Avec la course, je peux bouger où, quand et comment je le sens. Et je vois tellement de beaux paysages. C’est ça la liberté pour moi et c’est ce qui me fait apprécier autant la course. »

Avec sa capacité à parcourir des dizaines et des dizaines de kilomètres, et son aisance à grimper autant qu’à descendre les montagnes, on comprend qu’Andrea s’amuse comme une enfant en courant.

andrea-utmb

Les montagnes guident ses choix

La coureuse suisse est indéniablement une femme de montagne. Elle choisit les événements auxquels elle participe en fonction des montagnes qu’elle veut voir dans le monde. Elle aime particulièrement les épreuves techniques avec beaucoup de dénivelé. « C’est là où je me sens forte. Je ne suis pas très bonne sur le plat », dit-elle. Comme quoi tout est relatif.

Les nouveaux paysages l’attirent aussi. En 2017, elle envisage notamment de courir l’emblématique Western State 100 et d’explorer un peu plus l’Amérique du Nord.

Une affaire de cœur et de corps

Si Andrea Huser court avec son cœur, elle considère qu’elle doit beaucoup à son corps. Courir autant sans se blesser est un privilège. « Je ressens une sorte d’admiration face à ce que mon corps peut faire et je suis chanceuse qu’il récupère aussi rapidement », dit-elle. C’est sans doute en partie parce qu’elle fait le nécessaire. Avec 10 à 25 heures d’entraînement par semaine, incluant la course, le vélo (ou le skimo, en hiver), des exercices de tonus et des étirements, sans oublier une alimentation adaptée, sa bonne forme physique ne tombe pas du ciel. Pour cette infirmière, qui travaille à 80 % à temps plein, la discipline est un ingrédient du succès.

L’athlète, qui a eu 43 ans hier (le dimanche 11 décembre), n’est pas prête à arrêter de courir. Il y a encore trop de montagnes qu’elle n’a pas foulées. Elle compte continuer à un haut niveau pendant deux ou trois ans, car elle sait que ça deviendra plus difficile ensuite. Elle n’envisage pas d’accrocher ses espadrilles tant qu’elle sera en santé. Après la compétition, elle passera simplement en mode « exploration ».

Gageons que, comme elle le souhaite, elle laissera dans les mémoires collectives de la course en sentier le souvenir d’une coureuse honnête, passionnée et proche des gens.

Lisez tous les articles de notre série
Les grands entretiens de Distances+