L’annulation de la saison de trail, en raison de la pandémie de Covid-19, pousse les athlètes à se lancer dans toutes sortes de défis. En Estrie, Alister Gardner a complété un parcours informel de 142 km (5800 m D+) le week-end du 27 juin, après 27 h 50 d’effort.
Le coureur de Bromont est le seul d’un petit groupe de trois comparses à s’être rendu au bout de ce trajet, les « Sentiers de l’Estrie », alors qu’Alexandre Sauvageau et Alexis Lussier, également bien connus dans le monde du trail québécois, ont dû abandonner en cours d’épreuve.
Le départ a été donné le vendredi 26 juin à 18 h 15. Le groupe s’est élancé pour une section de nuit, qui s’est avérée technique. Alexandre Sauvageau en a souffert, se blessant à la cheville et se voyant contraint à l’abandon. Il a terminé son périple au 60e km, juste avant la section du sentier des Crêtes, dans le parc du mont Orford.
Quelque 40 kilomètres plus loin, c’est Alexis, 23 ans, qui a dû déclarer forfait. Pendant le passage du sentier des Crêtes, notoirement difficile, il se sentait au mieux, alors qu’Alister puisait dans ses réserves.
« J’avais un bon entraînement, qui m’a aidé à me rendre jusqu’à 100 km sans problème, jusqu’à ce que ça pète », raconte Alexis.
Il confie ne pas avoir été surpris de la douleur qui s’est réveillée, car il s’agit d’un problème récurrent. « La douleur vient d’une faiblesse que j’ai au niveau du fessier, touchant le piriforme et le nerf sciatique. Une sollicitation trop grande rend ma jambe inefficace et douloureuse. Quand c’est arrivé, je savais ce que c’était. C’était décevant, mais pas une surprise ».
Alister, quant à lui, s’est retrouvé à Sutton, le point final de l’expédition, fatigué, mais enthousiaste. Il souligne que ce projet était une occasion de se retrouver entre amis et de fournir un bon effort.
À l’arrivée, toute l’équipe de soutien, qui avait suivi et aidé pendant l’aventure, l’a accueilli. Parmi eux, Hélène Michaux, Paul Lavoie, Karine Mousseau et Catherine Tremblay, des amis qui s’entraînent et compétitionnent ensemble.
Un projet pour remplacer les compétitions
« Au mois de mars, quand on a vu une course annulée, puis une autre et une autre, il était clair que la saison 2020 nous faisait perdre beaucoup. Aujourd’hui, on comprend mieux la situation, mais à ce moment-là, on s’est dit ˝ok, il faut se trouver un autre défi, une alternative pour l’été˝ », raconte Alister.
L’athlète de 39 ans, qui était jusqu’à tout récemment copropriétaire de la boutique Courir et Cie, à Granby, et qui a dû fermer ses portes, avait prévu d’aller en France pour la saison estivale et participer à la CCC, l’une des courses de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. Pour se préparer, il avait amorcé l’exploration de parcours de longue distance à proximité de chez lui.
Ses comparses d’entraînement, Alexis et Alexandre, étaient intéressés à l’accompagner, après qu’Alister leur eût exposé son idée en avril.
Chacun avait son propre objectif. « On voulait en profiter pour relever un bon défi, se retrouver entre amis et profiter de l’occasion pour se faire plaisir aussi », mentionne Alister.
« Je n’avais pas vraiment d’objectif de temps, confie Alexis. L’objectif était de le finir. »
« Il ne s’agissait pas d’un vrai FKT (Fastest Known Time), puisque le parcours n’est pas fixe, explique-t-il. Dans une semaine, un propriétaire pourrait décider de fermer l’accès à son terrain. C’était vraiment plus une aventure en gang, dans le bois, pour s’amuser ».
Il espérait tout de même, en n’imaginant pas l’abandon, une arrivée en dessous de 26 heures. « Au-dessus de ça, ça commence à faire long, longtemps ».
Un parcours à découvrir
Le trajet des Sentiers de l’Estrie relie la ville de Windsor à celle de Sutton. Dans le but de le promouvoir, Alister a contacté divers regroupements des régions de Brome-Missisquoi et des Cantons-de-l’Est. Plusieurs intervenants étaient enthousiastes, lui rappelant toutefois que certaines sections sont encore fermées au public en raison d’un accès privé.
« Je voulais qu’il se passe deux choses, lance Alister. Que les propriétaires puissent constater que des gens empruntent les sentiers avec un esprit moins individualiste, avec un sens de la communauté, et que la plupart arrivent à le faire avec respect, surtout après une crise comme celle de la Covid. »
Trois cartes d’accès sont requises afin d’emprunter ce parcours, soient celle de la SEPAQ, celle du PENS (Parc d’environnement naturel de Sutton) et celle des Sentiers de l’Estrie.
« Payer ces frais d’accès est un geste important, parce que c’est ce qui permet d’entretenir et de prendre soin des sentiers. On a constaté que, trop souvent, les gens ne jugent pas nécessaire d’acquitter les frais au passage », remarque Alister.
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