Il y a quelques années, lors d’une randonnée en forêt, le technicien forestier Patrick Vaillancourt entend de curieux petits cris et des gémissements. Au détour du sentier, il tombe face-à-face avec une masse imposante d’environ 400 livres et de 7 pieds de haut. C’est un ours, sur ses deux pattes, qui le regarde depuis les bosquets.
Malgré sa formation et son expérience, Patrick vit sa plus grande montée d’adrénaline en carrière. S’il s’en est tiré avec une bonne frousse lors de cette rencontre inopinée, c’est qu’il a mis en pratique ses connaissances en ce qui a trait aux rencontres avec ces grosses bêtes. Heureusement, il a pu s’éloigner et contourner l’animal quelques mètres plus loin, avant de poursuivre son chemin.
Distances+ lui a demandé de nous donner ses conseils sur les bons comportements à adopter en présence d’un ours.
Dans le pays de l’ours
Lorsque nous pratiquons la course en sentier, nous quittons notre territoire civilisé et urbanisé pour entrer dans celui des animaux. Notre façon d’agir doit donc s’adapter à l’environnement.
« Au Québec, partout où il y a de la forêt, il y a des ours, dit Patrick. Il arrive donc régulièrement que des rencontres se produisent. » C’est pourquoi il est important de s’informer pour que ces dernières se passent sans anicroches.
Au cours de ses nombreuses années dans la forêt, Patrick a rencontré plusieurs ours et a eu l’occasion de s’adapter à leur présence. Il faut savoir, pour commencer, que les ours sont généralement des animaux craintifs et qu’ils ne cherchent pas à entrer en contact avec les humains, explique-t-il. La plupart des rencontres se produisent lorsque nous les surprenons dans leur routine.
Pour éviter, ou encore pour bien réagir à une rencontre avec un ours, voici quelques astuces :
Éviter de trimballer de la nourriture
L’odorat est très développé chez ces bêtes et la nourriture odorante a pour effet de les attirer. Dans le but d’éviter le plus possible les rencontres fortuites, la nourriture en forêt est définitivement à éviter.
Faire du bruit
Comme les ours ne cherchent pas les rencontres, faire du bruit est une bonne façon de les éviter. En manifestant notre présence, la plupart du temps, les ours réagiront en s’éloignant de la source du bruit.
Être à l’écoute
Dans les quelques cas où la présence humaine ne fait pas fuir les ours, ces derniers se manifesteront en faisant du bruit. Les branches qui craquent fort autour de vous et les bruits de pas indiquent que vous êtes en présence d’un animal. L’ours donne ainsi la chance de s’éloigner de lui et de poursuivre votre course dans une autre direction. D’ailleurs, en forêt, comme l’environnement est différent, courir avec de la musique est peu recommandé. Cela empêche de reconnaître les indices qui vous montrent que vous êtes en présence d’un animal potentiellement dangereux pour vous.
Rester sur place
La dernière chose à faire lors d’une rencontre avec un ours est de s’enfuir en courant, explique Patrick. Lorsque l’on se met à courir, les ours peuvent nous percevoir comme une proie facile. Leur instinct de chasseur peut s’en retrouver stimulé. Les coureurs de sentier sont donc particulièrement à risque d’être perçus comme une source de nourriture par ces derniers.
La première chose à faire lorsque vous vous trouvez en présence d’un ours est d’arrêter de courir et de rester sur place. En se tenant droit, sans pour autant regarder l’ours dans les yeux, vous lui indiquez que vous n’avez pas peur de lui et, la plupart du temps, l’ours passera son chemin. Si vous courez à plusieurs, vous regrouper pour former une masse plus grande est aussi une bonne idée.
C’est d’ailleurs ce dernier conseil qui a permis à Jacques Aubin et à sa conjointe de bien réagir lors d’une rencontre avec un ours. Jacques Aubin est un coureur qui a doucement migré vers la course en sentier dans le but de poursuivre de nouveaux défis et de se dépasser. Lors de sa dernière rencontre avec l’un de ses animaux majestueux, il a eu, lui aussi, une bonne frousse.
À l’occasion d’un entraînement à l’Acropole des Draveurs dans le Parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, Jacques et sa femme croisent un touriste qui leur annonce qu’un ours le suit de près. Peu après, un ours d’environ 450 livres apparaît au coin du sentier. À seulement quelques pas des randonneurs, ce dernier est imposant. D’instinct, les quelques personnes présentes se rassemblent et l’une d’entre eux souffle dans le sifflet accroché à son sac à dos. Le bruit du sifflet et le regroupement font fuir l’ours qui s’éloigne en sortant du sentier.
La plupart des rencontres avec ces grands animaux se soldent ainsi sans trop de problèmes, mais il faut absolument rester prudents et méfiants face à eux, indique Patrick Vaillancourt. Même lorsqu’ils ont l’air inoffensifs, s’approcher d’un ours n’est jamais une bonne idée, pas plus que de provoquer volontairement une rencontre.