Swimrun : deux équipes québécoises défient l’Ötillö

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Sur l'Otillo 2018 - Photo : Jakob Edholm

Ce matin, lundi, à l’heure où le soleil s’est levé sur les milliers d’îles de l’archipel de Stockholm, 160 groupes de deux athlètes se sont élancés pour une course réputée difficile.

L’Ötillo (littéralement « d’île en île » en suédois), c’est 65 km de trail répartis sur 24 segments qui font entre 85 m à 20 km de long, et 10 km de natation sur 23 segments, variant de 20 à 1,7 km.

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Parmi les heureux élus de l’édition 2019, on trouve deux équipes du Québec, avec qui Distances+ s’est entretenu à quelques jours de l’épreuve.

Ahmid, Oliver, Olivier et Kamal - Photo : courtoisie
Ahmid, Oliver, Olivier et Kamal – Photo : courtoisie

Triathlètes Ironman à la base (moins de 10 h 30), comme beaucoup de participants, et membres du club YTRI de Montréal, Olivier Girouard (38 ans) et Oliver Cordoba (45 ans) attendaient avec impatience cette expérience.

« Nous venons tous les deux de fêter nos anniversaires, alors l’Ötillö, c’est notre cadeau, rigole Olivier Girouard. Être ici, c’est la cerise sur le sundae! Nous nous sommes bien entraînés, notamment en trail avec la course de Bear Mountain (80 km), mais nous connaissons l’ampleur de la tâche. Nous savons que nous ne battrons pas l’armée suédoise [les équipes des forces spéciales suédoises dominent l’épreuve chaque année, NDLR]. »

« Pour l’instant, j’essaie de transformer la nervosité en excitation, rajoute Olivier. Et mon cerveau est assez naïf pour se laisser convaincre. »

Les deux amis partagent la même passion de cette discipline. « Les parcours sont tellement différents d’une épreuve à l’autre, confie Olivier Girouard, artiste musicien dans la vie. Ces courses nous emmènent dans des endroits incroyables, sur des petits sentiers, sur des îles désertes. L’ambiance est très conviviale. Être à deux, reliés par une corde, est également unique. Les moments que nous allons vivre, nous allons les partager et ce sera donc encore plus beau. »

Une course un peu folle

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Il y a 10 km de natation à faire pour rallier les différentes îles – Photo : Jakob Edholm

Escalader les rochers glissants pour s’extirper d’une mer parfois très agitée, courir avec sa combinaison sur les sentiers forestiers, se débattre, souliers de course aux pieds, au milieu des courants de la mer Baltique dans une eau qui dépasse rarement les 15 degrés Celsius, l’idée pourrait sembler folle à certains.

Elle est née au début des années 2000, à la fin d’une soirée bien arrosée entre amis. Après plusieurs bières, un pari est lancé : rejoindre par des moyens uniquement naturels l’île de Sandham, soixante-dix kilomètres plus au nord. La dernière équipe arrivée paiera l’hôtel et le dîner aux autres.

À l’aide de cartes et d’une boussole, ils sont quatre à avancer à travers les îles et à traverser à la nage les bras de mer qui les séparent. En 29 heures, l’improbable défi est réussi.

Porté par l’explosion du swimrun en Europe, l’Ötillö a beaucoup grandi depuis. Aujourd’hui, le concept est devenu une « série mondiale ». À l’instar du modèle Ironman, plusieurs épreuves sont organisées, principalement en Europe, et permettent aux meilleurs de se qualifier pour la grande finale mondiale de l’Ötillö.

Deux frères au tempérament différent

Les coureurs doivent affronter 65 km de trail - Photo : Pierre Mangez
Les coureurs doivent affronter 65 km de trail – Photo : Pierre Mangez

Kamal Maghri, basé à Gatineau, et son frère Amine, installé à Montréal, étaient aussi du départ ce matin.

« L’Ötillö, c’est comme Hawaii en Ironman, expliquait Kamal il y a quelques jours. C’est le summum. Malheureusement, au Canada, les gens ne connaissent pas trop la valeur de cette épreuve. Quand on prend le départ d’un triathlon, on sait ce qui va nous arriver. Là, c’est l’aventure complète, avec tous ses imprévus. Au Canada, nous avons beaucoup de nature et des lacs un peu partout. C’est vraiment dommage qu’il n’y ait pas encore beaucoup de swimruns. »

La discipline commence en effet tout juste à émerger de ce côté-ci de l’Atlantique. Cet été, une compétition swimrun, le Défi Amphibie, a été organisée à Montréal. Un autre événement a eu lieu à Québec il y a une douzaine de jours.

L’athlète de Granby Alexandre Sauvageau, qui a terminé 4e au Québec Méga Trail cet été, a pris part au swimrun de Casco Bay (nord-est des États-Unis) avec son partenaire Paul Lavoie. Le duo a terminé troisième.

Kamal et Amine Maghri ont aussi participé au swimrun de Casco Bay ainsi qu’à quelques autres épreuves, avec de bons résultats. L’idée de la grande course suédoise a commencé à prendre forme. « On a vu que nous avions du potentiel, poursuit Kamal. On s’est dit que ce serait cool de nous qualifier. »

Chose faite. Avec en bonus le plaisir de partager cette aventure en famille. « Nos personnalités sont très différentes, sourit Kamal. Je suis très extraverti contrairement à mon frère. Pendant la course, je ne vais pas arrêter de parler alors que lui est très concentré. Et comme nous sommes frères, ça peut être violent! La distance est la principale inconnue. En trail, je n’ai jamais dépassé les 40 km. Si nous terminons dans le top 40, ce sera déjà super. » Avec la certitude de souvenirs intenses.

Dans ses discours d’avant-course, Michael Lemmel, un des deux organisateurs, ne manque jamais de rappeler l’importance de l’esprit de la discipline. « Partagez votre énergie et puisez votre énergie dans la force de la nature. Prenez soin les uns des autres. S’il vous plaît, pensez à prendre du plaisir. On vous promet que vous allez avoir une course dure, mais aussi une course magnifique. »

La promesse de difficulté est toujours tenue. Celle du plaisir aussi.