Yanick Normandeau à Chamonix pour conquérir son UTMB

Yanick Normandeau en reconnaissance dans les Alpes, à quelques jours de l’UTMB – Photo : Yves St-Louis

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L’UTMB, « c’est comme mon Saint-Graal personnel, que je poursuis depuis quelques années! », lance Yanick Normandeau, depuis Chamonix, où il est arrivé une dizaine de jours avant la grande épreuve. L’athlète de Québec est ici pour accomplir la course « qu’il faut faire une fois dans sa vie », et il est gonflé à bloc.

« Ça fait cinq ou six ans que je prépare cette compétition-là, assure Yanick, qui prendra le départ de l’UTMB vendredi, comme environ 2300 autres athlètes. Au fil des années, il a « magasiné » les courses qualificatives pour obtenir les 15 points nécessaires afin de s’inscrire à la loterie. Il a dû s’y reprendre à deux fois.

Par contre, il est passé tout proche d’être sélectionné comme athlète élite pour l’édition de rêve de l’an dernier : sa cote ITRA (International Trail Running Association) était de 696, quatre petits points sous le seuil requis pour obtenir un laissez-passer. Cette année, la cote ITRA minimale a été rehaussée à 770 points.

L’enseignant de 43 ans arrive en forme, même si l’année a été exigeante : sa conjointe a donné naissance à leur quatrième enfant il y a quatre mois, ce qui a « raccourci la laisse » pour lui permettre des entraînements plus intenses et plus loin de la maison. « Avec la charge de la famille, je devais partir courir autour de chez nous, dans les mêmes chemins. Pour la motivation ce n’était pas toujours évident. »

En plus des entraînements quotidiens, il se rendait au mont Sainte-Anne une fois par semaine pour faire des montées et des descentes. « Je trouvais ça merveilleux au début le mont Sainte-Anne. Maintenant j’en ai plein mon casque de tourner en rond comme un hamster dans sa roulette », dit-il en riant.

Pour travailler le dénivelé, les Québécois partent désavantagés, reconnaît-il. « Des montées de 1000 m ou 1500 m, on n’a pas ça chez nous. C’est difficile de compétitionner avec les Européens là-dessus. Ici c’est leur terrain de jeu. »

« Mon objectif, c’est d’arriver premier dans la catégorie des hommes de 43 ans, père de quatre enfants, dont un bébé de 4 mois », plaisante-t-il.

Un terrain de jeu infini, mais roulant

Depuis les quelques jours qu’il est arrivé à Chamonix pour prendre le temps d’absorber le décalage et tester un peu l’altitude, Yanick Normandeau a beaucoup de misère à se retenir de courir partout et à toute vitesse. Il prend beaucoup de photos pour garder toute cette beauté dans son petit coffre à souvenirs.

« Les sentiers sont majestueux, c’est d’une très grande beauté », dit-il, ébahi, s’obligeant à se rappeler qu’il est « officiellement entré dans [son] ‘’taper’’ (période de repos pré-course) ».

Yanick Normandeau n’est pas un anonyme de la scène du trail au Québec. S’il reconnaît lui-même faire rarement des podiums, il est un habitué des tops 10, et on le voit sur plusieurs épreuves.

Soulignons quand même sa victoire sur le 80 km de La Chute du diable l’an dernier. « Je suis un gars qui se tient plutôt dans l’ombre de l’élite, dit-il. Je suis un « lower élite », ou un « higher middle class », je ne sais pas comment on pourrait qualifier ça! »

C’est pourquoi ses ambitions restent mesurées sur l’UTMB, surtout que cette course, souvent qualifiée de « roulante » par la communauté, n’est pas le type dans lequel il excelle. « Je performe bien sur les terrains techniques », explique Yanick, moins dans les sections larges et rapides, comme des chemins ou des sentiers bien tapés. 

« Il y a des sections techniques, mais il n’y en a pas beaucoup, alors c’est dans ces sections-là que je vais essayer de remonter un peu dans le classement. »

Rester tranquille au début

Pour compléter la course, il veut s’obliger à y aller mollo au début, sachant que l’ambiance sera au max, avec la musique emphatique de Vangelis (qu’il a beaucoup écouté à l’entraînement), les médias, les supporters, la folie du départ… 

« Quand je fais des courses comme ça, je pars tout le temps dans l’euphorie. Je suis le roi du monde, explique Yanick. C’est suivi d’une lente dégradation de mon état, jusqu’à ce que je touche le fin fond des enfers et que je visite tous mes démons. »

Il faudra qu’il se fasse violence pour rester lent. « C’est un mantra que je n’arrête pas de me répéter : tout en douceur, tout en douceur. J’ai hâte de voir si je vais être assez sage pour respecter ça sur le départ. »

Yanick est quelque peu inquiet pour la suite des choses. « J’appréhende l’après. Je me demande comment je vais me sentir après l’avoir fait cette course-là. Qu’est-ce qu’il va y avoir ensuite… je ne sais pas encore. Il va sûrement y avoir un creux, un grand vide. »

Car après avoir touché son Saint-Graal, il faudra bien qu’il se trouve des raisons de continuer de courir.


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Ce texte a été rendu possible grâce à la collaboration de l’Ultra-Trail Harricana du Canada.