L’UTMB, le Graal des ultra-traileurs

Le départ de l’UTMB – Photo : Ultra-Trail du Mont-Blanc

AOÛT 2016 – Il fait rêver les coureurs en sentier du monde entier, les meilleurs comme les amateurs. L’Ultra-Trail du Mont-Blanc, officiellement rebaptisé UTMB à l’occasion de cette 14e édition, est l’une des courses en sentier les plus emblématiques de la planète. L’une des courses à pied en pleine nature que l’on veut avoir fait au moins une fois dans sa vie.

Le « Sommet mondial du trail » accueille cette semaine 7500 coureurs inscrits à l’une des cinq courses de l’événement (UTMB, CCC, OCC, TDS, PTL), sous l’œil bienveillant de plus de 2000 bénévoles. Les plus ambitieux des coureurs s’élanceront de la Place du Triangle de l’Amitié, vendredi à 18 h, heure de Chamonix, en France, pour un raid hors norme, technique, en semi-autonomie autour du géant des Alpes (dont le sommet se trouve à 4810 m), à travers une diversité hallucinante de paysages de montagne à couper le souffle.

Les chiffres sont étourdissants. L’épreuve majeure, à laquelle participent 2300 coureurs préalablement sélectionnés, est longue désormais de 170 km, cumule 10 000 m de dénivelé positif, passe en France, en Italie et en Suisse, et franchit sept vallées, 71 glaciers et 400 sommets, avec des passages à 2500 m d’altitude.

Les organisateurs de l’UTMB reconnaissent avoir été surpris par l’engouement quasi instantané pour leur course, qui offre depuis 2003 l’opportunité de faire le tour du massif du Mont-Blanc en une seule fois.

L’UTMB après la catastrophe

En 1999, le terrible incendie dans le tunnel du mont Blanc, qui avait tué 39 personnes, avait entraîné la fermeture pendant trois ans de l’infrastructure reliant Chamonix et Courmayeur, en Italie. On avait aussi annulé pendant deux ans la course en relais par étapes qui était organisée à l’époque autour du mont Blanc. L’épreuve, qui empruntait au maximum les routes existantes, ne s’en est pas remise.

L’UTMB est, d’une certaine manière, né de la catastrophe. Un groupe d’amis de Chamonix, tous passionnés de course en sentier, se sont réunis pour réfléchir à l’idée d’organiser un nouvel événement. Ils voyaient quelque chose de grand, qui leur ressemblait, donc sur sentier, et surtout qui mettrait en valeur le mont Blanc et son environnement exceptionnel.

Ils se sont dit que courir autour du massif à plusieurs, et par étapes, c’était bien, mais qu’en faire le tour d’une traite, par les chemins, et en individuel, ce serait mieux. L’idée, c’était de « partir de Chamonix et, sans jamais se retourner, arriver à Chamonix », ont souvent résumé Catherine et Michel Poletti, qui faisaient partie de l’équipe originelle et qui sont toujours à la tête de l’UTMB.

Ce qui s’appelait à l’époque l’Ultra-Trail International du Tour du Mont-Blanc a été inscrit dès le départ sur les calendriers de courses internationaux. La première édition devait rassembler environ 300 coureurs. Ils étaient près de 700 à s’élancer, et seulement 67 ont franchi la ligne d’arrivée, après 153 km de course alpine dantesque.

C’est le Népalais Dawa Sherpa qui restera le premier vainqueur de l’UTMB. Il avait été accueilli sous la pluie par la patronne, Catherine Poletti, dont les célèbres bises aux « finishers » valent une médaille.

Dès lors, le succès de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc a été fulgurant, devenant un événement unique et incontournable que les plus grands coureurs ne peuvent pas snober, et que les amateurs doivent mériter.

Il a fallu en effet, dès 2007, mettre des balises et limiter le nombre de participants, qui doivent désormais justifier qu’ils ont les moyens de leurs ambitions en attestant qu’ils sont capables de finir un ultra. Ils doivent passer par un système de tirage au sort. À moins de faire partie de l’élite, il faut donc un minimum de compétences et de la chance pour entrevoir le sommet du mont Blanc.

L’UTMB fait partie des courses en sentier du championnat Ultra-Trail World Tour.