Qui remportera l’Ultra-Trail Harricana? Un Américain? Un Marocain spécialiste du désert? Un coureur québécois?

Ultra-Trail Harricana du Canada

Sur le parcours de l’Ultra-Trail Harricana – Photo : Maryse Nobréga

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La quatrième édition du 125 km de l’Ultra-Trail Harricana du Canada (UTHC), une épreuve de l’Ultra-Trail World Tour qui emprunte le tracé du sentier de la Traversée de Charlevoix, promet d’être très disputée tant le plateau de coureurs élites est relevé cette année. Distances+ vous propose un tour d’horizon des forces en présence.

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La course se déroule dans l’arrière-pays sauvage de Charlevoix, au coeur de la forêt boréale québécoise, parsemée de lacs. Quatre ascensions cumulant près de 4000 m de dénivelé positif (et plus de 4100 m de dénivelé négatif) sont au programme, à savoir le mont du Lac-à-l’Empêche, le mont des Morios, La Noyée et la montagne Noire avant l’arrivée au mont Grand-Fonds.

Le début du 125 km, qui devrait se gagner en 13 heures environ, a été retravaillé par les organisateurs pour supprimer les sections de route. Il y a aura davantage de sentiers.

Mohamed El Morabity

Sur la base de la cote ITRA, qui permet de classer les coureurs en sentier du monde entier, le favori de l’UTHC est le Marocain Mohamed El Morabity, grand spécialiste de la course dans le désert. Il a terminé à la deuxième place des deux dernières éditions du Marathon des Sables.

« Je veux conforter mes performances après ma bonne année dernière (deux victoires sur des ultras de plus de 100 km à Oman et en Tunisie, 2e du MDS au Maroc, 3e du challenge UT4M en France…) et gagner en expérience sur d’autres terrains que le désert », a-t-il indiqué, heureux de participer à son premier 125 km au Canada.

S’il vient courir en territoire inconnu, le jeune homme de 26 ans ne s’en cache pas, c’est pour gagner, « Inchallah ».

Mohamed El Morabity dans les escaliers de Mont-Royal - Photo Facebook
Mohamed El Morabity dans les escaliers de Mont-Royal – Photo Facebook

Brian Rusiecky

L’athlète américain passe tout son temps libre sur les sentiers. À l’aube de ses 40 ans, le double vainqueur du 160 km du Vermont 100 (2016 et 2017) a toutes les qualités requises et une bonne connaissance du terrain de jeu pour s’imposer ici.

Brian Rusiecki - Photo Facebook
Brian Rusiecki – Photo Facebook

Colton Gale

L’un de ses principaux adversaires sera son compatriote Colton Gale, notamment attiré par l’Harricana pour ses points qualificatifs à la Western States.

L’athlète américain est excité par cette course qui sera sa dernière de l’année. Il a hâte d’explorer ce nouveau coin de pays et de partager les sentiers avec les meilleurs.

Colton, qui se décrit comme un coureur polyvalent, capable de performer autant sur des sentiers techniques que des sentiers roulants, a le bon profil pour s’illustrer sur le 125 km.

« J’ai quand même tendance à être meilleur quand les conditions sont mauvaises, quand il faut très chaud ou quand il y a de la pluie et de la boue, dit-il.

Petit bémol, ce sera sa plus longue distance à vie. « Mon objectif est de me positionner pour être compétitif et de finir fort. »

Colton Gale à Tumalo Mountain, en Oregon - Photo Facebook
Colton Gale à Tumalo Mountain, en Oregon – Photo Facebook

David Jeker

Le Québécois le mieux classé des participants de l’épreuve reine de l’Harricana ne sait pas trop où il en est. La dernière grosse performance de David Jeker, 9e du 50 km du Trail de la Clinique du Coureur, remonte à 2015, lorsqu’il a, justement, remporté le 125 km de l’UTHC. L’an dernier, il était au départ, mais avait été contraint à l’abandon à cause d’une blessure. Il venait aussi de courir, la semaine d’avant, la TDS à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (57e).

Si David est dans l’expectative, c’est aussi parce qu’il a changé son approche de la course à pied.

« Mon retour à Sherbrooke, où je débute un doctorat en sciences de l’activité physique, m’a amené à me préparer différemment pour cet ultra. Notamment en faisant beaucoup de vélo et j’ai bien hâte de voir le résultat.

Bref, il ne semble pas se mettre de pression cette année, préférant se dire qu’il s’ajustera au fur et à mesure de ses sensations en course et de son « interaction avec l’environnement ».

Ce samedi matin, d’ailleurs, compte tenu de ce nouveau parcours qui selon lui change tout, il prévoit de partir prudemment.

David Jeker en tête du 50 km du Trail de la Clinique du coureur 2018, devant Mathieu Blanchard, Maxime Leboeuf et Jean-François Cauchon - Photo : François St-Pierre
David Jeker en tête du 50 km du Trail de la Clinique du coureur 2018, devant Mathieu Blanchard, Maxime Leboeuf et Jean-François Cauchon – Photo : François St-Pierre

Jean-François Cauchon

Le grand favori parmi les coureurs locaux, c’est Jean-François Cauchon, récent vainqueur de la Sinister 7 en Alberta au début de l’été. Il avait déjà remporté l’UTHC en 2016 et sera sur la ligne avec une seule idée en tête : être le premier à l’arrivée. C’est « définitivement son objectif de la saison », avant Bromont Ultra et la TransMartinique.

« Je me sens super bien et très prêt. Avec l’Alberta, j’ai constaté que j’avais une réserve d’énergie encore plus grande que je ne le pensais. Le Trans Vallée X (2e derrière Mathieu Blanchard) est ensuite venu confirmer que mon entraînement a porté fruit et que ma forme est bonne, puisque j’ai amélioré mes trois temps par rapport à l’année passée », a-t-il détaillé.

Il estime être plus costaud qu’en 2016. « J’ai plus d’expérience, je suis en meilleure forme, je sais quelle erreur ne pas faire et j’ai une meilleure confiance en moi, affirme-t-il. On va être honnête, je vais clairement là pour gagner! Je vise 13 heures de course. »

Il y a deux ans, il avait fini en 12 h 54, mais l’ancien parcours était plus rapide que le nouveau.

Jean-François Cauchon, vainqueur de la Sinister 7 en Alberta - Photo courtoisie
Jean-François Cauchon, vainqueur de la Sinister 7 en Alberta – Photo courtoisie

David Savard-Gagnon

Un autre Québécois sera très intéressant à suivre, David Savard Gagnon, qui a obtenu ses meilleurs résultats sur route. Il a notamment remporté plusieurs marathons, dont celui de Montréal en 2013.

L’an dernier, il était déjà au départ du 125. Il découvrait la course en sentier et a dû la quitter en raison d’une entorse à la cheville après 30 km.

L’athlète de Baie-Saint-Paul a toutefois adoré son expérience et s’est entraîné davantage en trail. Il a même reconnu tout le parcours il y a quelques semaines.

Ceux qui connaissent David savent qu’il a tendance à partir rapidement, mais, sauf surprise, « pour cette première expérience, je serai conservateur dans les premiers kilomètres », prévient-il.

David Savard Gagnon sur le Trail de la Clinique du Coureur - Photo : Trail  de la Clinique du Coureur
David Savard Gagnon sur le Trail de la Clinique du Coureur – Photo : Trail de la Clinique du Coureur

Luca Papi

Le Franco-Italien Luca Papi, qui enchaîne les ultras à un rythme effréné depuis plusieurs années, est de retour à l’Harricana qu’il avait découvert il y a deux ans.

« Je garde le souvenir d’une grande course qui ne se prend pas la tête, familiale, proche des coureurs. J’avais adoré, a-t-il dit. Je reviens parce que c’est un événement que j’ai aimé et parce que j’avais été frustré d’être venu en coup de vent sans visiter. Je veux cette fois en profiter pour voyager avec ma femme et mon bébé. »

Luca estime pourtant que ce n’est pas une course pour lui. Il préfère « quand c’est très dur et très long », mais il pense « être capable de faire un truc sympa quand même, on ne sait jamais. De toute façon, je vais y aller à fond dans l’optique de courir et pas de me promener… et on verra. »

Lors de la Transkarukera en Guadeloupe en juin, il a contracté la leptospirose. Il a été cloué au lit une semaine et arrêté deux autres semaines sans pouvoir courir. « J’ai repris ensuite, mais fatigué. À l’UT4M, j’avais pas les jambes, j’ai coincé au niveau musculaire, ce qui est normal, car j’ai l’habitude de faire 20 000 m de D+ par mois et là, presque rien, à peine 5000. »

Luca Papi de l'équipe Waa - Photo courtoisie
Luca Papi de l’équipe Waa – Photo courtoisie

Thomas Duhamel

Troisième du 125 km l’an passé, le Montréalais Thomas Duhamel pourrait encore tirer son épingle du jeu. D’autant qu’il est très frais.

« Cette année, je fais peu de course (il n’a participé qu’à la Gaspesia 100, qu’il a remportée pour la deuxième année consécutive), donc Harricana est vraiment un objectif pour moi. »

« Je me sens bien. Très bien dans la tête, mais je sais que j’ai manqué de volume durant l’été pour être à 100 % physiquement. Mon principal objectif est de m’amuser sur les beaux sentiers. Avec le parcours modifié, les temps devraient en toute logique s’allonger. Les coureurs plus habitués à la route pourront moins faire parler leur vitesse que les années passées. De mon côté, ça m’arrange. Je ne cours quasi jamais sur route et je ne suis pas très rapide sur les longs segments plats et roulants. On va découvrir de nouveaux sommets magnifiques dès le départ. »

« Brian (Rusiecki) est selon moi grand favori. Mohammed (El Morabity) va très certainement tout donner pour performer sur cette course loin de chez lui. J’aimerais vraiment que Jean-François (Cauchon) arrive à les suivre, et pourquoi pas faire une belle victoire comme en 2016. Derrière ces trois-là, il y en a beaucoup qui vont se battre pour un top 5. J’espère en faire partie! »

Thomas Duhamel a remporté la Gaspesia 100 en 2017 et 2018 - Photo : Gaspesia 100
Thomas Duhamel a remporté la Gaspesia 100 en 2017 et 2018 – Photo : Gaspesia 100

La grande favorite forfait

Du côté des athlètes féminines, une lutte à trois se dessinait entre Marianne Hogan, Sarah Verguet Moniz et Elisabeth Cauchon, mais la première de ce trio s’est cassé le tibia et le péroné il y a un peu plus d’une semaine.

« Je suis tombée en descendant une côte à la course, a-t-elle raconté. Mon pied est resté pris bêtement et lorsque mon poids et la gravité ont fait effet, ça a fait craquer mon tibia et mon péroné. J’ai dû me faire opérer. J’ai maintenant la jambe dans le plâtre. »

C’est une énorme déception pour Marianne qui était revenue à son meilleur niveau après avoir été blessée. « Ma saison allait tout juste commencer », déplore-t-elle.

Ce sera donc, sur le papier en tout cas, un duel entre deux athlètes en pleine forme pour la victoire.

Marianne Hogan a remporté la Transalpine Run avec Mathieu Blanchard en 2017 - Photo Philipp_Reiter
Marianne Hogan a remporté la Transalpine Run avec Mathieu Blanchard en 2017 – Photo Philipp_Reiter

Sarah Verguet Moniz

Sarah, qui a gagné le 80 km de Bear Mountain et le 100 km du Québec Méga Trail cette année, n’est pas très stressée par cette course, où elle s’était illustrée l’an passé en prenant la troisième place.

« Je ne me suis pas spécifiquement préparée. Harricana est une course plutôt roulante sans trop de parties techniques et ce sont les conditions dans lesquelles je m’entraîne la plupart du temps. Cette année, j’aimerais refaire un podium, mais comme on l’a vu lors de l’UTMB, rien n’est certain dans un ultra. »

Sarah Verguet-Moniz
Sarah Verguet-Moniz – Photo : Vincent Champagne

Élisabeth Cauchon

La grande soeur de Jean-François, qui avait remporté le 80 km de l’UTHC en 2016, s’aligne cette année sur sa plus grande distance à vie, l’objectif ultime de sa saison, affirme-t-elle.

« Je me sens en forme, et plus en forme que l’an passé. J’ai le goût d’aller plus loin dans le sport et de me pousser plus, s’est exprimée Élisabeth. Je me sens bien très fébrile. Je suis stressée un peu, mais c’est vraiment un bon stress. Un stress naturel. Je me sens prête et j’ai hâte d’affronter la distance. »

Elisabeth Cauchon avec son frère Jean-François - Photo Facebook
Elisabeth Cauchon avec son frère Jean-François – Photo Facebook

Le départ de l’épreuve de 125 km de l’UTHC sera donné ce samedi matin à 4 h de la Zec des Martres dans le territoire du Lac-Pikauba.