L’Ultra-Trail Harricana du Canada dans le championnat mondial dès 2017

Photo : Ultra-Trail Harricana 2016 / Jérémie Leblond-Fontaine

Après trois saisons, l’Ultra-Trail World Tour (UTWT), qui rassemble les plus grandes courses en sentier de la planète, a décidé de presque tout changer. Un nouveau circuit élargi à 23 ultras sera inauguré dès 2017 et, grande nouvelle, le 125 km de l’Ultra-Trail Harricana du Canada (UTHC) en fait partie.

La course organisée au Québec, dans la région de Charlevoix, avait été intégrée au calendrier cette année dans la catégorie « Futures », ces compétitions d’avenir présentant un fort potentiel, mais n’apportant aucun point pour le classement général de l’UTWT. Après avoir fait ses preuves, l’UTHC entre dans la cour des grands dans la catégorie « Challenger », comme cinq des six autres « Futures » (seul le Grand to Grand Ultra n’a pas été retenu).

« Nous avons beaucoup discuté des orientations à donner au développement du circuit et la décision a été d’en modifier le fonctionnement pour ne plus laisser les “Futures” en marge de la compétition », a expliqué le patron de l’UTWT, Jean-Charles Perrin, à Distances+ au moment de faire le bilan de l’édition 2016.
« Les intégrer dans le circuit envoie un message clair aux organisateurs : le circuit n’est pas réservé à quelques courses et, dès lors qu’elles répondent à nos critères, il n’y a pas de raison de ne pas les intégrer. Cela permet aussi de compléter notre offre géographique et d’inviter un plus grand nombre de coureurs à découvrir de nouvelles courses [qui n’affichent généralement pas complet]. Toutes les courses voulant faire partie du circuit, il nous fallait construire un autre schéma plus cohérent pour tous. »

Ce schéma repose sur trois nouveautés majeures, visant à simplifier la structure de l’UTWT et à renforcer son « invitation aux voyages » sur les cinq continents.

1. Le championnat mondial va ainsi passer à un calendrier unique de 12 à 23 courses officielles, divisées en quatre catégories en fonction de leur statut (Challenger, Pro, Series et Series Bonus). Chacune d’entre elles octroiera un nombre de points fixe aux finishers (respectivement 400, 700, 1 000 et
1 300 points) en fonction de leur place à l’arrivée. À noter que la TDS (119 km) et la CCC (101 km), deux petites sœurs de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB), ainsi que le Trail de Bourbon (111 km), petit frère de la Diagonale des fous, à La Réunion, intégreront le circuit. L’Ultra-Trail du Mont-Fuji, au Japon, ne figure pas sur la carte ci-dessous parce que la date de la compétition n’a pas encore été arrêtée, mais selon toute vraisemblance, elle devrait être au rendez-vous en 2017.

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2. Un athlète pourra accéder au classement annuel de l’UTWT dès qu’il aura participé à deux ultras au calendrier de l’année en cours. Son classement tiendra compte de ses deux meilleures performances, contre trois auparavant. L’UTWT précise vouloir, de cette manière, tenir compte des contraintes financières des coureurs, qui doivent voyager parfois à l’autre bout du monde, mais aussi de leurs capacités physiques.

3. À ce classement annuel viendra s’ajouter un classement mondial qui prendra en compte les cinq meilleurs résultats de chaque coureur au cours des trois dernières années. Ce classement a pour but de mettre de l’avant les meilleurs ultratraileurs, mais aussi les plus réguliers.

Bilan

Peu de temps avant l’annonce de la réforme du circuit, Jean-Charles Perrin, était revenu sur la troisième saison de l’UTWT, qui a notamment été marquée par d’importantes perturbations météorologiques, qui font partie des risques de la course en sentier.

« L’Ultra-Trail de l’île de Madère a subi une tempête la veille de sa course, l’Ultra-Trail du Mont-Fuji a dû gérer un typhon et réorganiser totalement ses courses (à tel point que les résultats n’ont pu être pris en compte), la Hong Kong 100 a connu la neige et des conditions climatiques qui n’avaient pas été vues depuis 60 ans, mais quelles que soient les difficultés rencontrées, les organisateurs ont toujours eu la volonté de relever les défis proposés et d’accueillir du mieux possible les participants et leurs accompagnants », a-t-il souligné.

La saison 2016 a été remportée par Gediminas Grinius chez les hommes, qui avait terminé sur la troisième marche du podium en 2014 et sur la deuxième en 2015.

« Gediminas est né sur l’Ultra-Trail World Tour, affirme le directeur de l’UTWT. Il s’est pris au jeu du circuit alors qu’il se lançait dans le trail. C’est un excellent ambassadeur, toujours ouvert et porteur de valeurs qui donnent cette spécificité à la course en sentier. On l’a soutenu et c’est un deal gagnant-gagnant, parce que je crois savoir que grâce à ses résultats sur les courses du circuit, il a signé plusieurs contrats avec des marques. Même si cette année il n’a pas gagné de course, il a réalisé de très belles performances [troisième à la Hong Kong 100 et deuxième à la Transgrancanaria, au Lavaredo Ultra Trail et à l’UTMB], a mieux géré sa saison que les autres et a appris, je crois, de sa seconde place de 2015, année durant laquelle il avait gagné des courses, mais finalement terminé au pied de la première marche du podium. »

Grinius devance au classement général les Espagnols Javier Dominguez-Ledo et Pau Capell Gil.

Chez les femmes, l’année a été marquée par un duel de combattantes entre Caroline Chaverot et Andrea Huser. La Suissesse a pris le départ de six ultras et a tout gagné, sauf quand la Française a été en course. Chaverot a en effet remporté les trois compétitions dont elle avait pris le départ (Transgrancanaria, Ultra-Trail de l’île de Madère et UTMB).

« Caroline Chaverot est la meilleure athlète de l’année, même si sa dauphine Andrea Huser lui a mené la vie dure, a commenté Jean-Charles Perrin. Je me rappelle de la détresse dans laquelle Caroline était l’année dernière après son abandon sur le Grand Raid de La Réunion. Un an après, avec une plus grande maturité, elle a mené sa saison de main de maître et remporté le titre de la plus belle des manières avec un mano a mano avec Andrea à l’UTMB qui restera dans les annales. »

La course en sentier à la télévision

Le patron de l’UTWT a insisté sur le fait que son projet était de donner une exposition plus large à la course en sentier.

« Pour installer le trail sur les TV à grandes audiences*, on doit donc permettre aux organisateurs de se développer en accueillant plus de coureurs et en trouvant de nouveaux soutiens. Faire en sorte que nos organisateurs collaborent davantage entre eux fait aussi partie du projet parce qu’ainsi ils seront plus forts », croit-il.

« Pour les participants, l’objectif est de pouvoir donner un accès à l’UTWT qui soit le plus simple possible, ce qui implique une meilleure couverture géographique de la planète et davantage de courses, pour que l’invitation aux voyages ne se limite pas à une dizaine de courses qui, comme on le sait, ne peuvent accueillir autant de participants qu’elles le voudraient, a-t-il ajouté. Plus globalement, notre projet est d’installer le circuit de façon pérenne et qu’il devienne LA référence mondiale en matière de trail longue distance. »

Distances+ se fera un plaisir de suivre cette quatrième saison, qui s’étalera désormais de janvier (14 janvier : Honk Kong 100, catégorie « Pro ») à décembre
(5 décembre : Ultra Trail de Cape Town, en Afrique du Sud, catégorie
« Challenger »).

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Le directeur de l’UTWT, Jean-Charles Perrin (à gauche) a couru le 28 km de l’UTHC en 2016 – Photo : Ultra-Trail Harricana / Pierre-Étienne Vachon
* Des accords de diffusion ont été signés cette année avec trois médias télévisés, à savoir L’Équipe, en France, Gol TV, en Espagne, et TVA Sports, au Québec.