DISTANCES+ À LA MALBAIE – Il a fait froid au départ du 65 km de l’Ultra-Trail Harricana (UTHC) samedi matin, au parc des Hautes-Gorges, dans Charlevoix. Il tombait même une petite bruine. Mais le soleil a pointé ses rayons, et la journée a été belle. Elle a donné de superbes victoires et un record de parcours.
Elliot Cardin a pris le départ du 65 km avec une certaine inquiétude. Cet été, il a couru le 100 km du Quebec Méga Trail, et sa bandelette a flanché. Il a traîné cette blessure, jusqu’à devoir abandonner l’idée de participer à la course Squamish 50, en Colombie-Britannique.
« J’étais bien déçu, c’était l’objectif de l’année. J’avais bâti ma saison pour arriver là », a-t-il confié à Distances+.
« Te sens-tu assez remis pour faire un 65 km au complet? », lui avions-nous demandé à la ligne de départ, quelques minutes avant le décompte. « Non », avait répondu l’athlète de Cowansville.
Au final, il a gagné et battu le record du parcours.
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Elliot Cardin a en effet mis 5 h 30 pour franchir l’arrivée au camp de base du mont Grand-Fonds. L’an dernier, le Néo-Brunswickois Rémi Poitras et le Français Kevin Vermeulen avaient établi le record du parcours en remportant ex æquo la course en 5 h 38. Il y a donc une nouvelle marque à battre, la marque Cardin.
« Personne n’est parti en fou, ça a été bon pour moi, a expliqué Elliot, parce que lorsque les gens partent vite, tu as envie de t’accrocher. Là, ce n’était pas le cas, c’était smooth. »
« Je n’ai vraiment pas fait beaucoup de millage en préparation pour cette course-là, alors j’étais reposé. Ça a paru », a-t-il dit, évoquant des « jambes reposées ».
Après l’épisode de la non-participation à la Squamish, Elliot assure de ne pas être resté sur de la négativité. Il s’est dit qu’il allait venir à l’UTHC en mode relaxe, et qu’il allait courir sur son problème de bandelette malgré tout.
Elle lui a d’ailleurs fait mal dès le 40e kilomètre, ce qui l’a obligé à modifier sa foulée. Il avait pratiqué sa technique en entraînement.
Rémi Leroux poursuit son apprentissage
Elliot Cardin a été poursuivi dans les sentiers par Rémi Leroux, un jeune coureur ambitieux de 21 ans, qui n’a jamais été capable de rattraper le leader. « J’ai fait ma course en me disant que les gars étaient tout près derrière, fallait pas que je lâche », a dit Elliot.
Rémi est arrivé 10 minutes pile après lui, confirmant son statut de vedette montante du trail au Québec. L’an dernier, il avait également pris la deuxième marche du podium sur cette même distance, mais il est rentré cette fois 7 minutes plus rapidement.
« Ça s’est super bien passé sur les premiers 35 km. J’avais des très bonnes sensations et j’avais vraiment du plaisir, toujours en étant devant sur mes splits de 2017, a raconté Rémi. Les derniers 30 km ont été difficiles, mais je suis resté fort mentalement pour pousser jusqu’à la fin. »
« Je sens vraiment que je gagne beaucoup d’expérience et je ne panique plus quand ça devient difficile, a ajouté Rémi Leroux.
Il dit maintenant espérer que des commanditaires vont remarquer ses résultats.
Personne ne déclasse Sarah Bergeron-Larouche
La fin de semaine a été chargée en émotions pour l’athlète de Québec Sarah Bergeron-Larouche. Inscrite au 65 km, elle a dû s’en retirer pour des raisons familiales quelques jours avant le départ.
La veille même de la course, elle confirmait encore, lors de la rencontre d’athlètes organisée par Distances+ à laquelle elle prenait part en compagnie de Rob Krar, Hillary Allen et Mathieu Blanchard, qu’elle allait courir le 28 km du dimanche matin, afin d’avoir son samedi libre.
Le revirement de situation est arrivé tard vendredi soir : Sarah s’est rendu compte qu’il lui était impossible de se rendre à Rimouski et d’en revenir, en raison des horaires de traversiers. Elle est donc revenue sur sa décision et a pris le départ du 65 km.
« Au fond de mon cœur, c’était ça que je voulais le plus, courir le 65 », a dit l’athlète habituée des podiums.
Elle n’a pas fait défaut en remportant l’épreuve, terminant 8e au classement général. En 2014, elle avait gagné le 28 km et y avait établi le record de parcours. Cette année, il lui a manqué 2 min 10 sec pour battre la marque Annie Jean sur le 65 km, établie en 2016.
« Étonnamment, je n’ai pas vraiment eu de down, a-t-elle confié à Distances+. Les gens nous demandent comment on gère la douleur, mais moi, aujourd’hui, tout allait bien, c’était vraiment une bonne journée. Je n’ai pas eu de moments bas. »
Dans la semaine, Sarah avait pourtant confié avoir vécu une baisse de motivation dans l’entraînement, à la suite de sa blessure à la tête, au Trans Vallée, et en raison de l’avancement de la saison. Elle a su se ressaisir pour la course, qui lui a offert de belles sensations.
« Le parcours est vraiment beau. Tout se court. Un moment donné, je voulais quasiment que ce soit plus à pic pour marcher un peu », a-t-elle dit en riant.
DNF pour Hillary Allen
Les amateurs qui suivent de près la compétition espéraient un beau duel dans les sentiers avec l’athlète élite Hillary Allen, invitée spéciale de l’Ultra-Trail Harricana. Le duel n’a finalement pas eu lieu, puisque Hillary a terminé sa course au 22e kilomètre en raison de douleurs aux chevilles.
L’Américaine a fait une chute terrible lors d’une compétition en Norvège il y a un an, et elle s’en remet encore. Elle affrontait ce week-end sa plus longue distance depuis l’accident, mais la tentative n’aura pas été la bonne.
« Je suis motivée pour revenir l’an prochain », a-t-elle confié à Distances+.
Claudine Soucis confirme sa montée en puissance
Le DNF d’Allen a permis à des coureuses locales et talentueuses de monter sur le podium. C’est le cas de Claudine Soucis, que Distances+ avait vu dans le palmarès avant la compétition. Cette autre vedette montante du trail québécois avoue que « ma saison est plus fructueuse que je ne l’aurais pensé. Ce sont des résultats vraiment plus grandioses que ce que à quoi je m’attendais! ».
Claudine a terminé la course en 6 h 27, soit moins de 20 minutes après Sarah, avec une excellente 12e position au classement général. « Une chance que le parcours est roulant », a-t-elle confié, avouant avoir « trouvé ça long » à partir du 40e kilomètre.
Les troisièmes marches du podium du 65 km ont été prises par Mathieu Dubé chez les hommes et par Léonie Boudreau-Labossière chez les femmes.
Le 65 km est une épreuve classique de l’Ultra-Trail Harricana. Elle est au programme chaque année depuis 2013, soit un an après la création de la compétition. Elle occupe une place particulière dans le grand panorama du trail au Québec, se révélant une sorte de passage obligé vers les plus longs ultras.