Pau Capell, le roi volant de la Transgrancanaria – Photo José Miguel Munos
DISTANCES+ À LA TRANSGRANCANARIA – La 20e édition de la Transgrancanaria promet d’être explosive. Les élites seront en grand nombre au départ. Chez les hommes on suivra le duel de feu entre le double tenant du titre, l’Espanol Pau Capell, et l’ambitieux américain Hayden Hawks, actuellement troisième ultra-traileur au classement international de l’ITRA, derrière Jim Walmsley et Kilian Jornet. Chez les femmes, la Chinoise Miao Yao a l’habitude de battre les records des courses auxquelles elle participe. La course de 128 km et 7500 m de D+ s’élance ce vendredi soir à 23 h (18 h, heure de Montréal).
Hayden Hawks, 28 ans, une cote de 923 à l’ITRA, n’est pas venu aux Canaries pour faire de la figuration. Il est arrivé il y a plusieurs semaines sur Grande Canarie pour s’acclimater. Il y a d’ailleurs remporté fin janvier l’Artanera Trail, un 30 km pour 2000 m de D+.
« Comme la plupart des gens avant une course, j’ai des papillons dans le ventre, et ils vont se transformer en excitation et en énergie positive », a imagé Hayden lors d’une courte entrevue d’avant-course. Et, pour lui, c’est clair, il est prêt à en découdre. « Je me suis entraîné fort. Je connais bien la course et je ne pense pas que je pouvais en faire plus », a-t-il commenté.
Tout gagner cette année!
Hayden Hawks ne cache pas ses ambitions. Elles sont claires, nettes et précises : « Je veux gagner la Transgrancanaria, assume-t-il. C’est toujours mon objectif d’ailleurs (de gagner les courses auxquelles je participe), ajoute celui qui pourrait ainsi s’offrir un beau cadeau pour son anniversaire. »
Mais il devra pour cela faire vaciller l’excellent Pau Capell, qui tentera de remporter la course pour la troisième fois d’affilée. En 2017, il avait passé la ligne en 13 h 21 et l’an dernier en seulement 12 h 42. La lutte que les deux hommes pourraient se livrer pourrait déboucher sur un record. À suivre!
Tant qu’à être ambitieux, Hayden n’a pas lésiné sur les confidences : « cette saison, je veux être champion de l’Ultra-Trail World Tour, mais aussi devenir le premier américain à gagner l’UTMB, déclare le vainqueur de la CCC 2017. Ce sera d’ailleurs ma plus longue course à vie, mon premier 100 miles. »
Qui pour embêter Hayden et Pau?
Parmi la longue liste des coureurs qui pourraient se démarquer sur la Transgrancanaria, il y a le Letton Andris Ronimoiss, vainqueur l’année dernière du MIUT à Madère et 6e de la CCC.
« Je suis un peu inquiet pour être honnête, a-t-il ceci dit tempéré. Mon entraînement n’a pas été à la hauteur cet hiver, mais par chance, ce sera mon quatrième départ ici donc j’espère que mon expérience et ma connaissance du parcours me permettront de faire quand même un bon résultat. J’aimerais être capable de terminer dans le top 10, mais si ce n’est pas le cas, ce ne sera pas grave. »
« J’aime cette course placée au milieu de l’hiver, a-t-il ajouté. D’où je viens, en Lettonie, les hivers sont longs et sombres, et c’est toujours super de faire une coupure. Je pense aussi que le profil de la Transgrancanaria m’est favorable. Il y a de grosses ascensions et normalement je m’éclate dans les 42 derniers kilomètres en descente. »
Andris a l’intention de consacrer toute sa saison à l’UTMB dont il prendra le départ cet été pour la première fois. « J’aimerais aussi faire de bons résultats à l’Ultra-Trail de l’île de Madère et au Penyagolosa », deux autres courses de l’UTWT.
Et si c’était le Français Julien Chorier qui parvenait à prendre une place sur le podium? Le coureur est expérimenté et visiblement très en forme si l’on se réfère à sa deuxième place au début du mois à l’Ultra-Trail des 9 Dragons à Hong Kong (144 km pour 8625 m D+). Il avait terminé deuxième de la Transgrancanaria en 2014, et septième en 2016.
« Je pense avoir bien récupéré de la course à Hong Kong, qui devait me servir de gros bloc d’entraînement », a commenté Julien.
Son objectif est de se positionner entre le top 5 et le top 10
Le hasard a voulu que Julien Chorier partage sa chambre en début de semaine avec Pau Capell, qu’il connaît bien et dont il apprécie la simplicité, puis celle d’Hayden Hawks par la suite. Il fait d’ailleurs lui aussi de ces deux-là les favoris de la course.
L’Espagnol Cristofer Clemente figure lui aussi parmi les favoris, après sa victoire sur le 50 km de l’Artanera Trail. Il avait terminé troisième l’année dernière. Quant à son compatriote Pablo Villa, il a remporté le 65 km de la Transgrancanaria l’année dernière.
N’oublions pas les coureurs susceptibles de tirer leur épingle du jeu, comme le Chinois Min Qi, deuxième de la CCC 2018, le Lituanien Vaidas Zlaby, deuxième de la Transgrancanaria en 2017, le Britannique Timothy Olson, ou encore le Népalais de toutes les courses Sangé Sherpa, et le Français Ugo Ferrari.
Un mot quand même de notre favori québécois, Jean-François Cauchon. Il vise un top 15 et 15 h de course.
Qui pour tenir tête à la bombe Miao Yao?
Du côté des athlètes féminines, la course sera très intéressante, avec la Chinoise Miao Yao qui pulvérise les records de toutes les courses partout où elle passe. La championne 2018 de l’Ultra-Trail World Tour a notamment gagné la CCC l’été dernier.
Elle devra toutefois se méfier de l’Américaine Kaytlyn Gerbin, 2e de la Western States 2018 et la mieux classée des concurrentes de Yao selon la cote ITRA.
La championne polonaise Magda Laczak sera également à suivre de près, de même que la Brésilienne Fernanda Maciel, qui est montée quatre fois sur le podium de l’UTMB et qui a récemment remporté le Cappadocia Ultra-Trail.
Luca Papi gagne la course autour de Grande Canarie et se lance un énorme défi
Un mot sur un athlète que nous connaissons bien au Québec, le franco-italien Luca Papi, qui est venu courir deux fois à Harricana déjà. Pour la deuxième année consécutive, il a couru et gagné la plus longue course du week-end, le Trans 360, une course de 264 km et 13 400 m de D+ tout autour de l’île. Il a parcouru la distance en 50 h 14. Juste à temps pour être sur la ligne de départ de la Transgrancanaria.
S’il y parvient, il aura couru près de 400 km et 20 000 m de dénivelé. Énorme.
Il a confié à Distances+ avant de se rendre sur la plage de Las Palmas qu’il était « défoncé », mais qu’il n’était pas question de renoncer de traverser l’île de Grande Canarie du Nord au Sud après en avoir fait tout le tour.