Marie-Ève Trudel à l’arrivée de la dernière étape du Marathon des Sables 2017 – Photo : Courtoisie
AVRIL 2017 – C’est en pleine forme, mais avec le cœur gros, qu’est revenu, la semaine dernière, Thomas Duhamel de son épopée dans le désert marocain. Du 7 au 17 avril 2017, ce Français de 31 ans, installé depuis un peu plus d’un an au Québec, a participé avec son ami Quentin Broue à la 32e édition du Marathon des Sables.
Près d’une dizaine de Québécois figuraient à la liste des participants, dont Marie-Ève Trudel, de Québec, qui s’est classée au 13e rang sur 230 femmes en 34 heures et 22 minutes.
« Je suis toujours dans la bulle du désert. J’ai de la difficulté à revenir sur terre », a confié Thomas Duhamel à Distances +. Il dit avoir vécu un véritable rêve, de bout en bout. Aucun pépin technique, aucune blessure, pas même une petite ampoule.
Il ne s’était pas fixé d’objectif de temps ou de performance et participait d’abord et avant tout pour le plaisir du dépaysement et celui de relever un défi de taille avec son ami.
Il ramassait aussi des sous pour l’association Y Arrivarem, qui permet à des enfants handicapés d’accéder à des lieux qui leur sont généralement inaccessibles, que ce soit à la montagne ou en mer.
« On s’est attendus, Quentin et moi. Le but, c’était de faire la course à deux, alors on discutait, on profitait du désert, on prenait le temps de faire des photos et des vidéos et on se concentrait sur nos besoins vitaux », explique l’athlète qui a l’habitude de relever des défis de taille.
Bien sûr, la performance demeure relative, puisque le Normand d’origine a tout de même terminé les cinq principales étapes du Marathon des Sables avec une très respectable 325e position, en un temps cumulé de 39 heures et 9 minutes, sur un total de 1094 participants ayant complété l’épreuve.
Une performance exceptionnelle chez les femmes
Marie-Ève Trudel, de son côté, s’est rendue au Marathon des Sables avec légèrement plus d’ambition que Thomas. Celle qui avait déjà l’expérience de courses à étapes, avec la participation au Grand to Grand Ultra 2015, voulait « performer » un peu. « Je suis très contente et satisfaite de mon expérience », admet-elle, avec une belle 13e place chez les femmes et la 176e position au classement général.
Pour elle aussi, tout s’est déroulé à merveille, même si elle confirme que 90 % des participants ont eu des difficultés à un moment ou à un autre, comme de la déshydratation, des coups de chaleur, des problèmes musculaires ou autres.
Elle a fabriqué elle-même ses propres guêtres. Aucun grain de sable n’a pu pénétrer dans ses souliers, ce qui l’a peut-être aidée puisque la majorité des abandons au Marathon des Sables sont dus à des problèmes aux pieds.
Une course difficile à tous les points de vue
Rappelons que le trajet du Marathon des Sables, quatrième étape de l’Ultra-Trail World Tour (UTWT), totalisait cette année 237 km. Le parcours de la course change régulièrement pour une favoriser la préservation du désert et de son environnement bien particulier.
Il devait être complété en cinq étapes de respectivement 30,3 km, 39 km, 31,6 km, 86,2 km et 42,2 km, auxquelles s’ajoutait une 6e étape symbolique, dite de solidarité, de 7,7 km, visant à soutenir le développement du sport dans les écoles au Maroc.
L’une des particularités de ce défi est qu’il se déroule en autosuffisance alimentaire, ce qui signifie que les coureurs doivent apporter la bonne quantité de nourriture pour la durée complète du défi et la traîner avec eux tout au long de la course. Il en va de même pour leurs vêtements de rechange, leur matériel, leur matelas de sol, etc.
« Il n’y aucun confort », confirme Thomas, qui s’est d’ailleurs résigné à manger des mac’n cheese pendant six jours parce qu’il n’arrivait pas à bien digérer d’autres types de repas déshydratés.
« On dort dans des sortes de bivouac à plusieurs personnes. Il n’y a pas d’hygiène, pas de douche et on reçoit un petit sac pour les besoins… naturels. Mais ce ne sont que quelques jours dans une vie », relativise-t-il.
Avec des température extrêmes, à près de 55 ° en pleine journée, et du sable mou où il est difficile d’avancer bien vite, nombreux sont les coureurs qui y vivent l’expérience la plus difficile et intense de leur vie.
Une aventure également touristique et humaine
Thomas et Marie-Ève resteront tous deux marqués par les paysages magnifiques, avec les dunes et le sable à l’infini. « C’est d’une beauté! Autant les dunes nous apportent de la difficulté, autant c’est beau », illustre Marie-Ève.
Alors que Thomas avait peur que le désert soit quelque peu monotone au bout de quelques jours, il a finalement été fasciné par la diversité des paysages. « Ce n’était jamais pareil. Nous sommes passés par des montagnes du désert, des lacs et des rivières asséchés. C’était fascinant! ».
Les deux coureurs ont également beaucoup aimé leurs rencontres avec d’autres personnes d’exception. « Il y a un melting pot vraiment intéressant de gens de tous horizons, des quatre coins du monde. Ensemble, on vit quelque chose de très intense. Nous sommes devenus de très bons copains. Je ne voulais plus revenir », confie Thomas, déjà nostalgique.
Les quelque 1200 coureurs sont répartis dans les bivouacs en une douzaine de groupes d’une centaine de personnes. Ils dorment et mangent ensemble pour toute la durée du défi, ce qui facilite les rapprochements.
Un défi plus accessible qu’il ne le paraît
Si on peut imaginer le défi de taille et difficilement accessible au commun des sportifs, Thomas se fait plutôt encourageant. « Il y a des temps limites, mais ils sont très larges. C’est fait pour que de bons marcheurs rapides puissent le compléter. J’ai été très étonné de voir des gens qui n’avaient pas l’air très en forme se rendre jusqu’au bout », fait-il remarquer.
II y a d’ailleurs très peu d’éliminations ou d’abandons par rapport à d’autres courses extrêmes du genre. Seulement 89 personnes sur 1183 inscrites, soit 7 % des participants, ont dû déclarer forfait cette année.
Cela dit, le défi demeure quand même important, tient-il à rappeler, et les coûts pour participer à l’évènement ne sont pas non plus à la portée de toutes les bourses. Le tarif d’inscription est de 3500 € (5200 $), un montant auquel il faut ajouter le prix du billet d’avion, l’achat d’équipement, etc.
Le conseil de Thomas, pour ceux qui voudraient se lancer dans l’aventure? Bien préparer son équipement, en dosant le mieux possible confort et poids du sac. « J’avais apporté un matelas de sol gonflable, légèrement plus lourd et plus gros, mais j’ai dormi comme un bébé et ça a fait toute une différence », croit Thomas.
On devrait revoir Thomas pour son premier 160 km en juin au Gaspésia 100. Marie-Ève, de son côté, se prépare pour sa plus longue distance en continu lors du 100 km de l’Ultra-Trail du Mont-Albert (UTMA). Elle fera de nouveau le Grand to Grand Ultra, en septembre prochain, mais cette fois au sein d’une équipe d’excellents coureurs français qui l’a recrutée et qui la commandite. Elle rêverait de pouvoir participer à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB) dans un avenir plus ou moins rapproché.
Certains des Québécois ayant complété le Marathon des Sables
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