Laurence Filion dans le désert du Sahara – Photo : Cimbaly
DISTANCES+ AU MARATHON DES SABLES – Le Marathon des Sables s’est achevé le samedi 12 mai dans le Sahara. Six Québécois étaient présents sur la ligne de départ une semaine plus tôt pour parcourir 247 km en autosuffisance alimentaire en plein désert, et tous ont achevé leur aventure avec la médaille de finisseur autour du cou.
Rien n’a épargné les 977 concurrents de la 33e édition du Marathon des Sables (MDS) au Maroc. Entre tempêtes de sable, nuits glaciales et chaleur étouffante, tous ont vécu une aventure exaltante dans le désert marocain.
Les Québécois fiers d’eux
À 26 ans, Laurence Filion s’est imposée comme chef de file du contingent québécois. Meilleure représentante de la province, elle a parcouru les 257 km de l’épreuve en 32 h 03 : 49 et s’est offerte la 11e place du classement féminin.
Elle avait forcément de quoi s’enthousiasmer au passage de la ligne d’arrivée. « Le vent a rendu les choses difficiles, a raconté l’ergothérapeute à l’issue de la cinquième étape. Il fallait vraiment être puissant, mais le terrain de jeu était super beau! Le dernier jour, les jambes étaient un peu « rackées », mais je suis très heureuse. J’ai vécu une semaine pleine de plaisir et rencontré des copains pour la vie. Et puis, je me suis rendu compte qu’en fait, on n’a pas vraiment de limites. »
C’est un sentiment largement partagé par un autre Québécois, Patric Kam Thong, qui a trouvé dans le désert beaucoup plus qu’une simple prouesse sportive. « Après chaque étape achevée, je me disais que jamais je n’avais couru aussi longtemps, que jamais ça n’avait été aussi difficile. Jamais. Après celle de 86 km, la longue, qui me paraissait presque infranchissable, je me suis dit : « mais pourquoi on se fixe tant de limites dans la vie? On se met des barrières tout seuls, alors qu’elles n’existent pas. On est tous capables, tous! »
Jean Christoph Van der Beken, 26 ans, « fasciné par le désert », s’était « inscrit sur un coup de tête », et il a achevé tout sourire le mythique raid en 34 h 03 : 05 . « Oh mon dieu, ça a été long vers la fin, mais je suis super content.»
Dormant sous une tente berbère voisine, en tout point similaire en termes d’ambiance et de poussière, trois autres concurrents québécois ont eux aussi transporté leur vie sur leur dos pendant six jours… autosuffisance alimentaire oblige!
Visiblement, les kilomètres avalés n’ont laissé aucune place à la satiété à Alain Caron et Bouchra Reggad, venus partager en couple l’aventure. « Durant la course, on ne mange pas beaucoup… explique la médecin. En revanche, on boit et on prend des pastilles de sel pour éviter la déshydratation. » « On n’a pas la sensation de faim, ajoute son compagnon. Avec l’effort, l’hydratation et la chaleur : manger, ça me lève le coeur. On a des boissons énergisantes, caloriques qui fonctionnent bien».
« C’est une course exigeante, assez intense, renchérit leur colocataire Éric Côté. Cela a été une belle expérience qui nous amène à nous dépasser. Il y a des moments très difficiles. C’est vraiment le mental qui nous empêche de partir ailleurs. Et puis on pense aux gens qui souffrent, derrière, mais aussi devant nous, pour nous accrocher. »
Sixième titre pour Rachid El Morabity
Bien loin devant, Rachid El Morabity a tranquillement ajouté un sixième titre à son palmarès, le cinquième consécutif sur cette épreuve. Également victorieux du MDS Pérou en décembre dernier, le coureur marocain a bouclé les 247 km en 19 h 35 : 49, devant son frère Mohamed (20 h 01 : 28) et le Français Mérile Robert (20 h 42 : 00). Loin d’être blasé, l’aîné des frères Morabity compte bien continuer à marquer les futures éditions. « Mon objectif est de le gagner dix fois et d’égaler le record de Lahcen Ahansal » (le Marocain qui a remporté dix fois le MDS).
Côté féminin, l’Américaine Magdalena Boulet a décroché son premier trophée sur l’épreuve (25 h 11 : 19), devant la Danoise Bouchra Eriksen, reléguée à plus de 1 h 20.
« Ce fut une belle expérience de vie pour moi. Je suis fière d’être finisseure pour cette première participation, et me trouver ici sur cette ligne d’arrivée avec ma médaille au cou. Je suis d’ailleurs vraiment fière de toutes les personnes ici. On fait finalement tous partie d’une grande famille », a dit Magdalena Boulet.
La Russe Natalya Sedykh, annoncée comme une des favorites, a écopé d’une heure de pénalité à l’issue de la première étape (en raison d’un manquement au matériel obligatoire), fatale dans sa conquête d’un deuxième titre au Maroc, après celui de 2016.
La Suissesse Andrea Huser, championne de l’Ultra-Trail World Tour 2017, blessée et contrainte à l’abandon en début de parcours, n’a pas pu défendre ses chances.
D+TV au Marathon des Sables
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