Photo : Ian Corless
La 33e édition du Marathon des Sables (MDS) a débuté dimanche matin au cœur du Sahara. Presque 1000 coureurs venus de 49 pays différents, dont cinq Québécois, ont pris le départ de la course à étapes de 247 km en plein désert, le tout en autosuffisance alimentaire. Zoom sur une aventure pas comme les autres.
Ils sont déjà plus de 20 000 à avoir foulé le désert marocain depuis la création du premier raid désertique au monde, en 1986. Il y a trente-trois ans que, chaque année, ces « fous du désert » arpentent le Sahara avec des ambitions variées. Il y a trente-trois ans que ces ambitions sportives, spirituelles ou les deux évoluent au fil des jours, des heures et des minutes sous l’effet de la chaleur, du désert et de l’isolement, jusqu’à dépasser des barrières physiques et mentales supposées infranchissables.
« On ressort différent après avoir participé à un Marathon des Sables. Les portes de l’esprit s’ouvrent et chacun découvre des secrets qu’il n’avait pas imaginés et qui nourriront son existence pour toujours », aime à rappeler Patrick Bauer, créateur historique du MDS.
Une semaine, cinq tronçons chronométrés, dont la redoutable étape longue de 86,2 km, ainsi qu’une étape caritative le dernier jour jalonneront les 247 km de cette nouvelle édition. Largement assez pour tenter d’apprivoiser la palette d’émotions qui envahiront chacun des concurrents pendant six jours.
Comme chaque année, tous courront en autosuffisance alimentaire et porteront l’essentiel, et rien que l’essentiel, dans leur sac à dos au poids réglementé (entre 5,5 kg et 15 kg avec au moins 2000 calories emportées par jour de course). Comme chaque année, ils devront faire face aux agressions du soleil, s’adapter aux difficultés du relief, apprivoiser leur fatigue et faire avec les bobos, dont les redoutables et redoutées ampoules, blessure n°1 du coureur des sables.
Comme chaque année, ils dormiront par petits groupes sous leur tente berbère, au sein d’un bivouac nomade qui deviendra petit à petit un refuge, voire un lieu de confessions aussi unique qu’inattendu.
Qui pour succéder à Rachid El Morabiti et Elisabeth Barnes ?
Magie du désert? Au fil des dunes et de la chaleur, les différences s’évaporent. Il n’existe plus de barrière de langue, plus de hiérarchie sociale. Coureurs anonymes et confirmés se côtoient, échangent, partagent.
Cette année encore, le Marocain Rachid El Morabiti, quintuple vainqueur du MDS Maroc (2011, 2014, 2015, 2016, 2017) et n°1 du MDS Pérou fait figure de grand favori, chez lui.
Le Lituanien Gedimias Grinius, victorieux de l’Ultra-Trail World Tour en 2016 et concurrent courageux du MDS Pérou, malgré une sévère déshydratation dès la première étape, pourrait bien lui faire de l’ombre, en plein désert.
Chez les femmes, en l’absence de la Suédoise Elisabeth Barnes (tenante du titre, blessée) et de la Française Nathalie Mauclair (vainqueure au Pérou, deux fois 2e au Maroc), la Suissesse Andrea Huser, victorieuse en 2017 du Grand Raid de la Réunion, du Madeira Island Ultra Trail et de l’Eiger Ultra Trail, notamment, possède de solides atouts pour s’imposer. À moins que son manque d’expérience dans le désert ne la pénalise… ou que Natalia Sedykh, tout juste 30 ans, ne réitère son exploit de 2016 où elle l’avait emporté… Légitimement attendue, la Russe joue la prudence : « Je ne préfère pas tirer de plans sur la comète. Dire, c’est bien, mais faire, c’est mieux » confesse-t-elle avant le départ de la course.
Du côté du Québec, cinq concurrents ont démarré leur aventure : Alain Caron et Bouchra Regad, en couple dans la vie, Jean-Christophe Van Der Beken, Patrick Kam Thong et Éric Côté.
Pas de souci d’écart thermique sous la tente 43 du bivouac, malgré près de 40° d’écart en moyenne entre le Québec et le désert marocain. « Je me suis entraîné avec une combinaison en néoprène pour m’habituer à la chaleur », explique Éric Côté, là où Alain Caron compte s’appuyer sur son expérience concluante de 2016, dans le Sahara, pour « profiter davantage et prendre du plaisir. »
Désormais, « place à la course, la solidarité, l’aventure commune, le goût de l’effort et le dépassement de soi », conclut Patrick Bauer. Des valeurs ancrées au Marathon des Sables qui se perpétuent depuis 33 ans. Rien que ça.
Les Québécois engagés
- Alain Caron – dossard 127 (Saint-Alphonse-Rodriguez)
- Bouchra Regad – dossard 128 (Notre-Dame-des-Prairies)
- Jean-Christophe Van Der Beken – dossard 735 (Montréal)
- Éric Côté – dossard 913 (Laval)
- Patrick Kam Thong – dossard 965 (Laval)
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