Photo : Maindru photo
La Montréalaise Michelle Bousquet fait partie de la délégation québécoise en route vers l’île portugaise de Madère, où se tient ce weekend la huitième course de la saison de l’Ultra-Trail World Tour. Distances+ lui a parlé quelques heures avant son départ. Voici le portrait d’une athlète déterminée à concilier sa passion pour la course avec sa vie de famille.
L’Ultra-Trail de Madère sera le plus gros défi de Michelle Bousquet à ce jour, bien qu’elle aie complété la course CCC de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc en 2016. Avec un minimum d’entraînement physique, mais une surdose de force mentale, elle compte bien compléter l’épreuve de 115 km et de 7500 m de D+.
À quelques jours de la course, Michelle Bousquet a hâte d’être sur la ligne de départ. « Je me sens bien, je n’ai pas de douleur, j’ai de l’énergie et ça serait le temps idéal pour prendre le départ, affirme-t-elle. Plus les jours avancent et plus je dois de conserver cette énergie et cette motivation. »
Finir, avant tout
Ses principaux défis seront les montées et les deux nuits consécutives qu’elle passera sur les pistes, puisque avec sa vitesse projetée, elle ne pense compléter la distance que le dimanche matin.
« Je sais que les montées vont être difficiles, mais j’espère me rattraper dans les décentes, sauf si elles sont trop techniques », explique l’athlète de 42 ans.
Son unique objectif est de terminer la course. C’est un défi, puisque son volume d’entraînement ne dépasse pas six ou sept heures par semaine.
« Je sais d’avance que je n’ai pas mis les heures et le kilométrage requis pour me préparer. D’ailleurs, je n’ai jamais fait le volume d’entraînement qu’un programme recommande, avoue-t-elle. Mais jusqu’à présent, ce n’est pas quelque chose qui m’a cassé. »
Courir pour survivre au stress du quotidien
Consultante en technologies de l’information, Michelle Bousquet est analyste d’affaire dans des projets d’envergure. Son travail l’amène à voyager, comme ce récent séjour d’à peine 24 heures à New York.
« Je suis arrivé en soirée à New York. J’avais un souper rapide, puis je suis allé courir avant de travailler jusqu’à minuit. Je me suis levé à 6 h le lendemain pour courir à nouveau, avant d’enchaîner ma journée de travail, puis de revenir à Montréal et chercher mes enfants », relate-elle.
Pour Michelle, la course est une soupape. « J’ai un travail hyper intense et deux garçons de 10 et 12 ans, dit-elle. Pour être franche, je n’arrête jamais. Je dois courir, sinon tout le reste va lâcher. C’est la colle qui tient tout en place. »
Une enfance dans la toundra
Au début des années 80, Michelle a vécu quelques années à Kuujjuaq, dans le nord du Québec, avec sa famille. « On était tout le temps dehors, se souvient-elle. Kuujjuaq m’a fait aimer le grand air et les Inuits pour leur grande résilience. Quand tu vis dans des conditions extrêmes neuf mois par année, tu relativises le fait de courir par -15 degrés. Ça m’a donné une grande tolérance à l’inconfort. »
De retour à Montréal, sa mère inscrit Michelle et ses trois frères au Pointe-Claire Canoe Club. « On a fait de l’exercice tous les jours pendant six ans. C’est devenu un mode de vie », explique-t-elle.
Après des compétitions de 3000 mètres sur piste, de cross-country et deux médailles de bronze en kayak aux Jeux du Canada, elle découvre les marathons autour de 2010.
La découverte des ultras
« Après avoir couru quelques 42 km, je me suis dit : what next. Quand j’ai entendu parler de la première édition de l’Ultra-Trail Harricana, je me suis dit : c’est pour moi, ça me ressemble d’être avec 200 coureurs dans le bois. »
Lors de son premier ultra, elle s’inquiétait de sa capacité à compléter l’épreuve. « À ma grande surprise, j’ai réussi. Je n’ai jamais eu de DNF (did not finish) et ça me fait un peu peur, parce que je me dis qu’un jour, je vais tomber sur un événement qui va me casser, avoue-t-elle. Tant que je vais réussir, je vais chercher à relever des défis de plus en plus grands. »
Le Marathon des Sables est un de ses rêves, mais sa situation ne lui permet pas d’y participer pour l’instant. « Pour moi, prendre quatre ou cinq jours de vacances pour faire cette course, c’est autant de jours de vacances de moins avec mes garçons, et je trouve ça égoïste. Ils seront d’ailleurs présents avec moi à Madère et ma cousine va les prendre en charge pendant ma course, mais c’est deux jours où je ne vais pas être présente », se désole-t-elle.
Elle attribue son aptitude à compléter les courses à son bagage sportif et sa tolérance à la douleur. « Je sais que l’inconfort est seulement temporaire et qu’il va disparaitre après la ligne d’arrivée, dit-elle. Je me dis qu’il y a des gens qui ont la vie bien plus difficile que moi. »
Au final, elle se considère transformée par la pratique des ultras. « Quand ça va moins bien dans ma vie, je me dis : je suis une femme forte, je suis capable de me pousser dans mes ultras. Ce n’est pas une difficulté dans la vie de tous les jours qui va me mettre à terre », conclut-elle.
Michelle Bousquet prendra le départ de l’Ultra trail de Madere à minuit, dans la nuit de vendredi à samedi.
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