Laurent Homier a mis 4 ans pour arriver à l’UTMB!

Laurent Homier en entraînement dans les Rocheuses – Photo : Laurent Homier

SB_728x90

Quatre ans! C’est le nombre d’années que cela a pris à l’athlète Laurent Homier pour réaliser son grand projet de participer à l’UTMB, la course mythique de 170 km qui fait le tour du Mont-Blanc en partance de Chamonix à travers la France, l’Italie et la Suisse.

À l’automne 2014, Laurent venait de terminer une saison de course en sentier « tout pété ». Il avait découvert le trail peu de temps auparavant et s’était lancé dans de longues compétitions, malgré des douleurs, surtout au genou.

« Je me suis dit : c’est le fun, mais je devrais peut-être faire ça différemment », raconte l’aventurier et conférencier de 53 ans, qui a une longue liste d’accomplissements sportifs derrière lui, surtout en alpinisme, en escalade, en triathlon et en vélo de montagne.

Il a décidé que l’UTMB serait son objectif 2018, et s’est fait un plan. Chaque année, il a augmenté un peu plus les distances, jusqu’à faire, l’an dernier, le 125 km de l’Ultra-Trail Harricana (qu’il a gagné dans sa tranche d’âge) et son premier 100 miles (160 km), le Cloudsplitter, en Virginie.

Il a patiemment accumulé les points, s’est inscrit à la loterie et… a été sélectionné du premier coup. Quatre ans de préparation, et ça y est. Vendredi soir, comme 2300 autres coureurs, il sera au départ.

Un entraînement de luxe

Laurent Homier arrive préparé. Il a passé l’été dans les Rocheuses en compagnie de sa conjointe qui y est guide touristique. Semi-retraité, il a pu prendre une pause de son emploi comme conseiller aux ventes dans une boutique de plein air de Saint-Sauveur, et s’est entraîné tous les jours.

« Quotidiennement, j’étais dans les montagnes et je faisais du 15-20-30-40-50 km par jour », raconte-t-il. Il s’attaque surtout aux sommets en mode « scrambling », dit-il, sans nécessairement chercher à travailler la vitesse. 

Pour cet alpiniste féru d’escalade, le dénivelé, c’est le bonheur. Plus c’est abrupt, plus il aime ça. « Je me suis questionné pendant l’été. Je me suis dit qu’il faudrait que je cours plus, que je grimpe moins, mais j’avais du fun alors je me suis dit que ça a allait donner ce que ça allait donner. »

C’est pourquoi l’UTMB n’est peut-être pas le circuit sur lequel il va performer le plus, pense-t-il, parce qu’il s’agit d’une course assez roulante. « Je suis plus performant quand le terrain est très technique, quand il y a bien de la roche et que c’est à pic. C’est là que je me démarque le plus. »

Du D+, il s’en est pris dans les jambes au cours de l’été : plus de 51 000 m, vérifié sur sa montre! Depuis le début de l’année, il est rendu à 90 000 m. Avec le dénivelé de 10 000 m de l’UTMB, il va frapper le 100 000 m de D+. Pas mal!

Une stratégie de gros mangeur

Pour passer à travers les quelque 36 heures de course qu’il prévoit, Laurent a quelques stratégies en tête. La première : manger beaucoup.

Sur les ravitos, « j’essaie de manger, manger, manger, boire, boire, boire », dit-il. Je me mets au défi de ne pas laisser baisser le fuel. Souvent, je mange jusqu’à avoir l’impression d’être bourré, mais c’est ça qui fait que je ne perds pas d’énergie au fil de la course », confie-t-il.

Une autre façon de fonctionner, gagnante pour lui, est de s’arrêter peu. Pour son premier 100 miles l’an passé, le plus longtemps qu’il s’est arrêté, c’est 15 minutes, dit-il. Il fallait qu’il soigne ses pieds. « Sinon, je m’arrête, je remplis mes gourdes, je prends de la bouffe et je repars. »

Enfin, la stratégie ultime de Laurent, c’est de tout courir avec ses bâtons. « Même sur le plat, dit-il, pour toujours avoir un léger appui sur les bâtons. Ça aide pour mes genoux. »

Voilà le problème qui peut survenir en cours de route : le maudit genou. Laurent a déjà couru 97 km, sur une course de 110, avec une bonne douleur dans le genou. Il l’a enduré, parce que, comme il dit : « j’ai une force de détermination assez grande. »

Quoiqu’il arrive, il est fier de s’être rendu là, en respectant son plan. « Je suis vraiment fébrile, content, un peu anxieux… y’a de l’émotion là-dedans, dit-il. Je suis content parce que je suis plus habitué à me fixer des objectifs à court terme, alors d’avoir maintenu mon idée sur quatre ans, c’est vraiment génial. »

Il devrait en tirer une conférence, qu’il intitulera « Quatre ans pour le Mont-Blanc », et qu’il présentera dans des entreprises, des écoles et d’autres groupes.


Toute la semaine, suivez l’équipe de Distances+ à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc sur Twitter, pour un récit quotidien de l’événement!


Ce texte a été rendu possible grâce à la collaboration de l’Ultra-Trail Harricana du Canada.