DISTANCES+ À LA MALBAIE – L’athlète québécois Jean-François Cauchon a dominé l’Ultra-Trail Harricana ce samedi, remportant en 13 h 47 l’épreuve de 125 km pour la deuxième fois de sa jeune carrière. Chez les femmes, Sarah Verguet-Moniz s’est imposée en 16 h 14 sur le nouveau parcours, modifié pour cette 7e édition de la course membre de l’Ultra-Trail World Tour. Distances+ a recueilli les commentaires des champions.
Un double vainqueur de l’UTHC
« C’était un gros objectif de ma saison, je suis content », a affirmé Cauchon dans les minutes qui ont suivi son arrivée. « Je venais pour gagner, c’était ça, mon objectif. » En 2016, alors peu connu dans le milieu, Cauchon avait survolé le parcours en 12 h 54.
Il a dû batailler en cours de route avec l’Américain Colton Gale, qui a terminé deuxième, et avec qui il a échangé la tête à un moment de la course. « Au ravito des Coyotes, il m’a rattrapé et, dans le chemin forestier, il a pris de l’avance, parce qu’il a des meilleures jambes. Mais dans une montée, j’ai couru et je l’ai rattrapé. C’était plus dur pour lui et j’ai poussé à fond », a expliqué Jean-François.
Son temps de course est plus long cette année, mais cela tient à la modification des 20 premiers kilomètres de l’épreuve. Lors des six premières éditions, cette portion se faisait sur route, au grand déplaisir des amateurs de sentiers.
« La nouvelle section est super belle, a reconnu Jean-François. C’était la nuit. Les sentiers sont vraiment techniques, ce sont les plus techniques de la course. »
L’athlète de Québec visait un temps de course de 13 h, mais a reconnu lui-même que cela était « un peu trop agressif ».
Un Américain heureux
Colton Gale s’est dit « sans mot » à la fin de l’épreuve. « C’était une journée incroyable », a dit l’athlète de 27 ans, résident de l’Oregon. « C’était incroyable. Tout l’événement est super, c’était vraiment bien organisé, le marquage était parfait, le parcours est excellent, la météo était phénoménale. Aussi, il y avait de la compétition pour me mettre au défi. »
Un Charlevoisien sur le podium
La tête de la course a été disputée tout le long, au final 16 minutes séparaient le premier du troisième. C’est David Savard-Gagnon qui complète le podium, avec un temps de 14 h 03. Le coureur charlevoisien, qui vient de la route, avait pris le départ du 125 l’an dernier, mais avait abandonné après une trentaine de kilomètres en raison d’une foulure.
« Quand on m’a sollicité pour m’inscrire, j’ai tout de suite dit oui, parce que je ne resterai jamais sur un échec », a-t-il dit. « Mais toute la journée, je me suis demandé pourquoi je me suis inscrit au 125, pourquoi je n’ai pas fait le 65? »
Tout au long de la course, « je ne croyais vraiment pas à ma troisième position », a dit le coureur, qui a eu de mauvaises sensations pendant une bonne partie du circuit. Des problèmes gastriques l’ont malmené, ainsi qu’une bonne chute, qui lui a écorché le genou.
« Je commence le trail. Tout l’équipement obligatoire, le fait de courir de nuit, ça me stressait beaucoup », a dit Savard-Gagnon.
« Je voulais arrêter après 40 kilomètres », a dit Savard-Gagnon, mais la pause au ravito de mi-parcours lui a redonné de l’énergie.
Verguet-Moniz confirme sa domination
Sarah Verguet-Moniz a pour sa part remporté l’épreuve chez les femmes, un an après avoir pris la troisième marche de ce même podium. Elle a gagné en 16 h 14.
Il s’agit de la troisième victoire sur un ultra pour la Franco-Portuguaise installée au Québec. Cette année, elle a gagné le 100 km du Québec Méga Trail et le 80 km du The North Face Endurance Challenge New York à Bear Mountain, en plus de faire une quatrième place à l’Ultra Tour du Beaufortain, en France (105 km).
« Je suis vraiment contente, parce que j’ai gagné du temps par rapport à l’an passé », a-t-elle dit. En effet, si l’on considère la modification du parcours, qui a rendu ce dernier plus technique et donc plus long à compléter, Sarah n’a pris que 27 minutes de plus que l’an dernier.
L’athlète, qui n’en est qu’à sa deuxième saison en trail, reconnaît qu’elle doit améliorer sa technique dans les montées et les descentes. Par contre, elle est rapide sur le plat, et c’est ce qui lui a permis de prendre les devants sur sa poursuivante, Élisabeth Cauchon.
« Dans les Morios, elle m’a dépassée et elle a dévalé pour vraiment prendre les devants. Mais plus tard, sur le plat, je l’ai rattrapée et je n’ai pas lâché », explique-t-elle.
Une belle 2e place pour Cauchon
Élisabeth Cauchon, sœur de Jean-François, s’est évidemment dite « très contente » de sa 2e place sur cet ultra, la plus longue course à laquelle elle a pris part de sa vie.
« Je n’ai pas fait le temps que je voulais, mais ce n’est vraiment pas grave, parce que je pense que je m’étais donné un trop gros défi », a-t-elle dit. À l’instar de son petit frère, elle avait mal jugé la modification du parcours.
« C’était une portion très technique, dans la nuit, dans du single track. Il y avait des branches dans la trail, alors il fallait faire attention », a-t-elle dit, au sujet de ce nouveau segment.
Tout au long de la course, et même lorsque Sarah l’a dépassée, Élisabeth s’est trouvée « sereine ». « Je me disais que c’était sûr que j’étais capable de le faire. J’ai fait des bonnes courses cet été, ça m’a mis en confiance. »
Au moment d’écrire ces lignes, la troisième femme, Karen Holland, venait de traverser le fil d’arrivée. Nous n’avons pas pu recueillir son témoignage en raison de l’heure tardive.