L’athlète de Team Salomon lors de son exploit en Californie – Photo: DROZ PHOTO pour Salomon Running
François D’Haene vient de boucler sa fabuleuse saison par un record dément : un mois et demi après sa victoire à l’UTMB, l’ultra-traileur français a traversé les montagnes californiennes de la Sierra Nevada sur le John Muir Trail, un sentier de grande randonnée mythique, long de 359 km pour 14 630 m de dénivelé, en seulement 2 jours 19 heures et 26 minutes. Il a explosé de plus de 12 heures le record du parcours.
Ce record était détenu depuis 2014 par l’Américain Leor Pantilat (3 jours 7 heures 36 minutes).
359 km, 14 630 m de dénivelé, 2 jours, 19 heures et 26 min – ou 67 h et 26 min, soit une vitesse moyenne de plus de 5 km/h en comptant les ravitaillements et plusieurs heures de sommeil à même le parcours. Les coureurs d’ultra mesureront aisément, à la lecture de ces quelques chiffres, l’ampleur de l’exploit.
Les habitués se rendront compte aussi de la force mentale du bonhomme et de son aisance face à ce défi hors du commun. Sur les vidéos relayées par son équipe sur les réseaux sociaux, on peut en effet constater le calme et la zénitude absolue du champion ultra-concentré. Si l’on devine l’emprise progressive de la fatigue à mesure que les kilomètres défilent par dizaines, l’homme demeure impassible, déterminé. Parti vite, il a surclassé Pantillat dès les premiers pointages, pour gérer la suite – et se laisser guider par les siens – dans les règles de l’art. Sur la ligne d’arrivée virtuelle, François D’Haene avait l’enthousiasme modeste.
« Ce John Muir Trail (entre Whithney Portal et Happy Isles) est vraiment l’aventure qu’on était venue chercher, a commenté le champion mercredi sur sa page Facebook. Un sentier simplement incroyable dans un cadre sauvage et préservé encore plus qu’on ne l’imaginait! Une équipe intime et soudée face à tout avec qui on fait le plein d’émotions… »
François D’Haene n’a de cesse de mettre en avant ceux qui l’ont accompagné dans son aventure, pour que l’on n’oublie pas qu’il n’est pas le seul maître d’oeuvre de sa réussite.
Il avait expliqué avant de se lancer sur le John Muir Trail qu’il avait envie « d’évasion, de liberté, de découverte et de quelque chose de différent d’un trail où le dossard est partagé avec beaucoup de monde. » Mais aussi de partager ça avec ses amis proches, « cinq copains qui se sont entraînés à fond » pour l’accompagner à tour de rôle, « pour la sécurité, mais aussi pour vivre ensemble quelque chose de fort. »
D’Haene et son équipe ont traversé six parcs nationaux. Pour cela, ils avaient dû demander un permis pour avoir le droit de courir. Ils sont partis le 14 octobre, comme prévu lorsqu’ils se sont lancés dans ce projet ambitieux il y a six mois. Le règlement local interdit tout report en fonction de la météo. « Ça fait partie des codes et règles du jeu que je [tenais] vraiment à respecter par rapport aux coureurs américains qui font fréquemment ce genre de record seul en nature, les FKT (Fastest Known Time) », avait souligné D’Haene avant le départ.
Pour la petite histoire, sur le parcours, près de Mammouth Lakes, l’ultra-marathonien en sentier américain Tim Tollefson, troisième de l’UTMB cette année, est venu le soutenir et l’a accompagné amicalement sur 5 km. Une image qui en dit long sur le fameux « esprit trail » que Distances+ se plaît à relayer.
Après le record du GR 20 en Corse et celui du sentier John Muir en Californie, il faut s’attendre à ce que François D’Haene se projette sur un défi plus grand encore. Il avait d’ailleurs précisé que cette tentative de record serait une façon de se tester pour de futurs défis, de voir comment son grand corps allait réagir sur un effort de plus de 300 km et d’environ 80 heures (moins de 68 h en fait).
L’an dernier, à la même époque, François D’Haene remportait la Diagonale des fous pour la troisième fois. Il s’est ensuite consacré à son travail de vigneron et à l’entraînement pour préparer son UTMB. On pensait que son année avait atteint son apogée cet été avec sa victoire éclatante devant Kilian Jornet à la grande-messe du trail à Chamonix.
Plus tôt dans la saison, celui qui sera sacré champion de l’Ultra-Trail World Tour 2017 quelle que soit l’issue de la Diagonale des fous ce weekend (l’épreuve fait partie de l’UTWT) a également enchaîné les victoires à l’Ultra-Trail de l’île de Madère (115 km), le 100 km de la Maxi-Race autour du lac d’Annecy et le 61 km de l’ultra-trail Verbier Saint-Bernard.