Photo : Ultra-Trail World Tour
La mythique Diagonale des fous (DF) clôture en beauté en fin de semaine la troisième saison de l’Ultra-Trail World Tour (UTWT). Les 1 671 participants s’élancent de Saint-Pierre ce jeudi, à 14 h (22 h à La Réunion), à l’assaut des sentiers techniques, des volcans et des cirques naturels, avec l’espoir de ne pas se faire piéger par la rudesse de la météo, très variable selon l’endroit où l’on se trouve sur cette île de l’océan Indien.
Les coureurs doivent en effet faire face au froid, à la chaleur, à l’humidité et à la sécheresse, le tout sur un profil très cassant, dans un écrin de nature hallucinant de beauté.
Comme son nom l’indique, la DF traverse La Réunion en diagonale, du sud-est au nord-ouest, sur une distance de 167 km pour 9 700 m de D+, entre la Ravine Blanche, à Saint-Pierre, et le stade de La Redoute, à Saint-Denis.
Les meilleurs parviennent à parcourir la distance en 22 h environ, mais la grande majorité des participants sont contraints de marcher sur une grande partie du parcours tant il est exigeant et périlleux. Imaginez, la vitesse moyenne se situe autour de 2 km/h, selon ce qu’ont confirmé les organisateurs. Une statistique incroyable, mais qui en dit long.
Une compétition relevée
Cette 24e édition du Grand Raid, l’événement qui regroupe la DF, la Trail de Bourbon (111 km, 6 430 m de D+) et la Mascareignes (65 km, 3 500 m de D+), s’annonce une nouvelle fois palpitante grâce à la présence sur la ligne de départ de la DF de plusieurs des meilleurs spécialistes de la course en sentier, dont le tenant du titre Antoine Guillon, discret cette saison, et le double vainqueur de l’épreuve François D’Haene. Les deux hommes ont d’ailleurs remporté chacun l’une des deux premières éditions du championnat mondial.
Blessé avant la Western States 100 au début de l’été, D’Haene a été contraint de se refaire une santé et n’a repris l’entraînement qu’à la mi-août. S’il semble être arrivé frais et en grande forme à La Réunion, le coureur de Salomon ne veut pas s’avancer sur ses chances de victoire, synonyme de triplé.
« J’ai pu me rassurer sur mes sensations et sentir que la forme revenait bien, a-t-il dit en début de semaine. Je viens de terminer un gros mois en prenant beaucoup de plaisir en montagne et je me sens donc prêt sur le papier. […] Mais en ultratrail, on ne sait jamais ce qui peut se passer, tempère-t-il. Il faut donc être très humble et très prudent. C’est cela qui fait la magie de ce sport. Sur la Diagonale des fous, encore plus de facteurs entrent en jeu. On a vraiment ce sentiment d’être tout petit face à l’épreuve. Heureusement, la chaleur du public réunionnais nous pousse vers le nord de l’île pour achever cette grande aventure. »
Et ce ne sont pas des mots en l’air. La Réunion s’arrête lorsque débute le Grand Raid, comme s’il s’agissait d’une célébration nationale.
Outre D’Haene et Guillon, un trublion, français lui aussi, Sébastien Camus, a dans la tête de faire un grand coup. L’an dernier, au prix d’une remontée progressive exceptionnelle, il avait réussi à prendre la deuxième place de la DF. Il a confirmé son grand potentiel cette saison, notamment avec son podium à la Madeira Island Ultra Trail et sa septième place lors de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, en pleine canicule.
Manque de chance pour Camus, il est tombé malade en arrivant sur place et se sentait épuisé.
« Je suis dans le doute et très contrarié de me retrouver dans cet état si proche du but, a-t-il confié à Distances+. Après avoir été si bien, après avoir parfaitement tout enchaîné, il est dur de finir ma saison ainsi… Ce n’est pas pour autant que j’abandonne. »
Mardi, il se sentait déjà mieux, et ce, sans avoir recours « à la chimie », comme il dit, contraire à sa philosophie. Ce sera sa quatrième participation à la DF, il sait donc clairement à quoi s’attendre.
« La principale difficulté pour moi est le passage qui mène à Roche Plate avant le Maïdo. Longue, dure et alternative, cette partie est compliquée à ce moment de la course, il faut absolument savoir la gérer. »
L’an dernier, c’est précisément à cet endroit qu’il avait dû « abandonner » son frère en chemin pour aller chercher sa deuxième place avec panache. Sylvain Camus sera lui aussi de nouveau au départ jeudi.
Nous suivrons également le leader provisoire au classement de l’UTWT, Gediminas Grinius, qui réalise une saison exceptionnelle (trois fois deuxième et une troisième place sur les quatre ultras dont il a pris le départ), les Espagnols Javier Dominguez-Ledo, actuellement à la troisième place provisoire de l’UTWT (derrière le Lituanien Gediminas Grinius et son compatriote Pau Capell), et Jordi Gamito Baus, qui aura pris le départ de six courses sur les douze que compte le championnat. Il pointe pour sa part à la cinquième place.
Côté québécois, deux ultratraileurs ont fait le long voyage de 30 h depuis Montréal, soit Vincent Houle et Stéphane Poulin, deux amis qui ont l’habitude de courir ensemble. Nous les suivrons et rapporterons leur avancée au fur et à mesure de la course.