Ne laissez pas le tendon d’Achille être votre point faible!

pieds
Photo : Jan Romero

Saviez-vous que le tendon d’Achille est le plus gros tendon du corps? Pendant la course, il est soumis à des forces très importantes : on a mesuré qu’il encaisse jusqu’à 12,5 fois le poids du corps pendant la foulée. Pas étonnant que les blessures soient fréquentes! Voici un petit guide utile, de la part de notre médecin spécialiste.

Si vous avez toujours mal au tendon d’Achille, que vous vous levez le matin en boitant, que vous descendez les escaliers avec le pied en rotation, le temps est venu de consulter un médecin.  

Il vous aidera à voir le problème de façon globale, à évaluer vos faiblesses musculaires, la souplesse de votre tendon et la qualité de vos entraînements. Si certains coureurs enfilent des semaines à plus de 100 km au compteur, il se peut très bien que cela ne convienne pas à votre physionomie. 

L’entraînement croisé peut faire partie des solutions et de la prévention. Le gros bon sens porte à croire qu’il est préférable de ne pas perdre son temps dans le bureau du médecin ou de se taper des séances de physiothérapies à vie!

Les tendinites

On peut diviser les blessures du tendon d’Achille en deux grands groupes : les blessures « dégénératives » (de surutilisation) qui incluent les tendinoses et les tendinites, et les blessures « traumatiques », telles que la rupture du tendon. 

La tendinite « simple » est la plus fréquente, avec plus de 60 % des cas. Le problème peut parfois être inflammatoire, mais dans la très vaste majorité des cas, il s’agit d’une condition dégénérative, souvent due à l’usure « normale », à des micros-blessures ou encore à la surutilisation. 

Le plus souvent, on retrouve une douleur à environ 2 cm au-dessus de l’attache du tendon sur l’un des os du talon que l’on nomme « calcanéum ». Cette douleur peut être diffuse ou, au contraire, très localisée, avec un nodule douloureux, un épaississement local et une certaine chaleur. 

La présence d’un nodule (une sorte de « bosse ») indique qu’il s’agit d’une condition plus aiguë. Elle se résout assez bien avec du repos, en modifiant les activités et sans nécessairement avoir besoin d’autres traitements.

Lorsque la douleur est plus diffuse, sans nodule, il s’agit souvent d’une condition plus chronique. Il est approprié, alors, de faire évaluer votre technique de course et de revoir vos entraînements avec un spécialiste. Il pourrait être utile de travailler sur la faiblesse relative de certains groupes musculaire et sur la raideur de la cheville.

Pour traiter une tendinite « simple », l’utilisation d’une semelle de surélévation peut soulager partiellement les symptômes, mais en conservant le tendon raccourci, elle peut aussi contribuer à la persistance du problème. Ce n’est donc n’est pas vraiment un traitement de choix. Il n’existe pas de semelle miracle, tout comme il n’existe pas de chaussure miracle. 

Les protocoles d’exercices excentriques sous supervision de physiothérapeutes ont démontré leur efficacité bien que les résultats soient longs à obtenir.

Le traitement chirurgical sera rarement envisagé, puisque les résultats sont très mitigés. Les infiltrations de cortisone ne devraient jamais être pratiquées. D’autres techniques de traitement, comme l’utilisation d’un plasma riche en plaquettes ou les ondes de choc, ne sont pas concluantes bien que certaines études semblent démontrer une certaine efficacité.

Les tendinites « insertionnelles » regroupent les problèmes à l’attache du tendon. Elles sont moins fréquentes et, malheureusement, plus difficiles à traiter. Plusieurs causes et problèmes peuvent coexister, comme une déformation  de l’os du talon (le syndrome de Haglund), une bursite, etc.

Les exercices excentriques ne sont en général pas efficaces et peuvent même nuire pour ce type de blessure.

Les options thérapeutiques impliquent de modifier les chaussures, de modifier l’entraînement, de travailler la proprioception, parfois de tenter les ondes choc, mais, en aucun cas la cortisone!

Les chirurgies peuvent donner de bons résultats, mais elles ne sont pas sans risque et elles ne garantissent toujours pas un retour aux activités normales. Dans certains cas, il vaut mieux diminuer le volume d’entraînement pour contrôler le problème plutôt que de devoir cesser de courir suite à un résultat chirurgical non optimal.

La rupture du tendon d’Achille

Les ruptures complètes du tendon d’Achille sont relativement peu fréquentes en course en sentier, mais elles peuvent survenir lors d’une décélération, d’un changement brusque de direction, d’une mise du pied dans un trou ou, très rarement, de façon spontanée. 

  • La rupture du tendon touche plus d’hommes que de femmes, souvent des « sportifs du dimanche », avec une prédominance pour le côté gauche et avec un pic d’incidence autour de 40 ans. 
  • Certains facteurs de risque existent, dont une déchirure ancienne, l’injection de cortisone autour du tendon, le tabagisme, l’obésité et la prise de certains antibiotiques.

C’est une blessure sérieuse qui nécessite des soins appropriés! Deux options de traitement sont possibles.

1) Un traitement chirurgical, à faire de façon urgente dans les 7 à 10 jours suivant la blessure.

Le traitement chirurgical donne de bons résultats, mais il est associé à des complications cutanées, comme l’adhérence de la cicatrice ou une infection et à des blessures d’un nerf se trouvant à proximité du tendon. En théorie, il offre moins de risque de re-rupture et offre possiblement une meilleure « force tensile » par la suite.

2) Un traitement conservateur, avec immobilisation partielle de la jambe dans une orthèse articulée. Il existe différents protocoles de réhabilitation qui semblent se valoir. Certains spécialistes n’offriront que le traitement non chirurgical.

De nombreuses études ont démontré que le traitement non chirurgical donne des résultats équivalents au traitement chirurgical, et qu’il comporte moins de risques. Cependant, le risque de re-rupture est légèrement plus élevé.

Dans les deux cas, une orthèse fonctionnelle et la réhabilitation sous supervision d’un physiothérapeute habitué de ces protocoles sont essentiels.

La reprise de la course?

Avant de pouvoir recommencer à courir, il faut compter un minimum de 3 à 5 mois de repos et de réhabilitation.

Dans les faits, il est souvent difficile de « bien » courir avant six mois, et parfois plus. Toutefois, beaucoup de sportifs récupèrent suffisamment pour reprendre leurs activités avant cette échéance.


À lire aussi :