L’Ultra-Trail des Chic-Chocs, l’aventure sauvage et rude

Gaspésie (Québec)

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L'environnement du redouté Mont Albert dans les Chic-Chocs - Photo : UTCC

Une teinte orangée éclaire le ciel encore pâle. Au loin, le voile nuageux se dissipe. Après plus de 70 km de course, Kim Gaudet débouche au lever du jour sur les cimes du Pic du Brûlé (790 m d’altitude), au cœur de la chaîne de montagnes des Chic-Chocs, en Gaspésie (Québec). Autour d’elle se dessinent d’autres sommets, les contours du lac Cascapédia et une forêt immense, aux frontières indéfinissables. 

Éreintée par sa bataille nocturne contre les sentiers humides, la boue et les racines, l’infirmière de 35 ans retrouve à cet instant le sourire. « Ces paysages grandioses vous transmettent tellement d’énergie, s’enthousiasme-t-elle encore. Les falaises abruptes, les couleurs, cette vue à 360 degrés, c’était tout ce que j’étais venue chercher. » Quelques heures plus tard, la Saguenéenne remporte la version longue de l’Ultra-Trail des Chic-Chocs (UTCC) 2022, première femme et cinquième au classement général. 

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Kim Gaudet a remporté le 113 km de l’Ultra-Trail des Chic-Chocs 2022 en 21h01 – Photo : UTCC

Cette année, la quatrième édition de l’événement aura lieu du 18 au 23 août. Huit épreuves sont au programme, de différentes distances. Elles convergent toutes vers le mont Albert (1154 m), figure emblématique de l’UTCC, qui prend chaque été ses quartiers à son pied. Porte d’entrée du parc national de la Gaspésie, au nord de la péninsule, le sommet abrite sur ses versants plusieurs familles de caribous, une espèce protégée de ces cervidés emblématiques de ce coin de pays.

« Les Albert », c’est ainsi que l’on surnomme les 70 bénévoles environ qui prennent part à l’organisation de ces courses. Parmi ces épreuves, le redouté Tel-Loc, un aller-retour de 113 kilomètres et 5470 m de dénivelé positif jusqu’au lac Thibault, dans une nature sauvage, voire hostile. En 2022, aux côtés de Kim Gaudet, il n’y avait que 25 autres coureuses et coureurs au départ. Et seulement 17 à l’arrivée. C’est dire la difficulté du parcours. 

« les vraies montagnes du Québec »

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Le Pic-du-Brûlé dans les Chic-Chocs – Photo : UTCC

Vainqueur chez les hommes, Julien Yamba évoque à la fois la singularité de ce territoire — « les vraies montagnes du Québec » —, mais aussi sa férocité. Les chemins techniques laissent parfois la place à des amas de cailloux, des pierriers, des « plateaux lunaires » sur lesquels les participants doivent sauter de roches en roches, « branlantes, glissantes en cas de pluie ». « Ici, on voit loin, l’horizon est ouvert comme nulle part ailleurs dans la province, caractérisée par de denses forêts, résume ce gestionnaire de projet de 36 ans. C’est un terrain très accidenté, qui surprend bon nombre de coureurs européens. »

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Julien Yamba, roi de l’Ultra-Trail des Chic-Chocs 2022 (victoire sur le 113 km en 18 h 36) – Photo : UTCC

En langue autochtone micmac, le nom « Chic-Chocs » signifie « barrière impénétrable ». La majorité des portions du tracé serpentent loin de tout, des bruits et des lumières de la ville, de l’accès au réseau cellulaire. Associé à la beauté brute des décors, cet isolement confère au massif une dimension mystique, un air de bout du monde palpable dans l’atmosphère. « Le fait que la course traverse des zones si reculées, c’est ce qui m’a attiré, confie Kim Gaudet. Cela ajoute un défi supplémentaire, cette sensation d’être déconnectée, livrée à soi-même, à 100 % en pleine nature. »

L’athlète québécoise s’est pourtant laissée surprendre par le hurlement des coyotes, la nuit. Peu rassurée, elle se rapproche d’un autre coureur muni d’une clochette anti-ours accrochée à son sac, censée effrayer les animaux. « Au début de la course, le tintement de l’objet m’agaçait, il venait rompre le silence et j’ai tout fait pour m’éloigner de lui, confesse Kim Gaudet. Mais j’ai été bien contente de le retrouver plus loin. » De son côté, seul en tête pendant de nombreuses heures, Julien Yamba a croisé la route de trois orignaux — « davantage qu’au cours de toute une saison d’entraînement », précise-t-il —, les plus grands cervidés au monde, les maîtres des lieux.

Une course crainte et ardue en Amérique du Nord

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Les alentours du Mont Albert dans les Chic-Chocs – Photo : UTCC

Les deux champions parlent avec les mêmes souvenirs douloureux de la cuve du mont Albert, « une montagne de roches » à gravir sur le retour, « raide et interminable », avant de basculer vers l’arrivée. Et puis du bonheur d’en finir et de renouer avec l’ambiance familiale de l’événement, limité à 1000 participants sur l’ensemble des épreuves dans une optique de préservation du territoire. 

Forcément, l’organisation d’un défi de cette envergure, au sein de contrées si sauvages, nécessite la mise en place de mesures de sécurité particulières. Depuis 2022, il est demandé à chaque coureuse et coureur engagés sur le Tel-Loc d’avoir déjà complété au préalable, au cours des trois années précédentes, au moins une course de 100 km et plus. 

L’itinéraire est également étudié de façon à pouvoir porter secours aux concurrents le plus vite possible. « Au maximum, sept kilomètres séparent le parcours de voies accessibles à des véhicules motorisés, explique Éric Lévesque, le directeur de la course et lui-même athlète aguerri. Tout est ensuite mis en œuvre pour fournir une assistance à pied ou en VTT. »

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L’athlète Eric Lévesque, l’homme à la barre de l’Ultra-Trail des Chic-Chocs – Photo : UTCC

Des efforts sont aussi faits en matière de couverture du réseau téléphonique. 

Reste à trouver le bon dosage. Ne pas aseptiser à force de sécuriser. Grâce au bouche-à-oreille, l’UTCC commence à s’imposer au Québec et en Amérique du Nord comme une course crainte et ardue. C’est une marque de fabrique auxquels les adeptes de la course en sentier sont attachés, d’autant plus sur les formats longs. « Il faut parvenir à maintenir un équilibre, confirme Éric Lévesque, entre d’un côté l’exigence de sécurité et, de l’autre, la nécessité de conserver la dimension sauvage et spectaculaire de la course. »

Ces considérations n’empêchent pas l’organisation de réfléchir à un défi encore plus démesuré. Un rêve presque, qui fait frémir d’excitation toute la communauté du trail au Québec : une traversée linéaire du massif des Chic-Chocs, de la réserve faunique de Matane jusqu’au mont Albert. Plus d’aller-retour. Une expérimentation totale de ce territoire reculé. Envisagé pour l’édition 2024, le parcours devrait mesurer 170 km assortis de 9500 mètres de dénivelé positif. Selon les prévisions, les premiers mettront aux alentours de 30 heures pour en venir à bout. La barrière horaire, elle, sera fixée à 50 heures. Incontestablement, l’Ultra-Trail Chic-Chocs deviendra dès lors l’une des courses les plus dures au monde. 

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Le lac aux Américains, Chic-Chocs, Gaspésie – Photo : UTCC

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