Grace Panoff – Photo : Dave Taylor
SPÉCIAL HARRICANA – À quelques jours de l’Ultra-Trail Harricana, Distances+ présente des portraits d’athlètes qui prendront part à la course ce weekend.
« J’ai un esprit très fort, très solide ». Ce sont les seuls mots qui viennent à Grace Panoff lorsqu’on lui demande comment une personne de 54 ans est passée, en une dizaine d’année, de femme un peu ronde à ultra-marathonienne.
Cet esprit d’acier, qu’elle traîne depuis son enfance en Grande-Bretagne, lui a permis de réaliser des marathons, des triathlons, des Ironman et même un 100 mi (environ 160 km), alors qu’elle n’avait jamais été active avant la quarantaine.
« J’avais un peu de surpoids, peut-être 35 lb de trop », dit Grace. « C’est la vie : on a des enfants, on s’occupe d’eux et peu de soi-même », explique-t-elle. Elle avait juré à son mari qu’elle se remettrait en forme, mais comment s’y prendre? Par où commencer?
C’est peut-être à cause de son emploi que Grace a eu le coup de pied au derrière pour commencer à mettre un pied devant l’autre, de plus en plus vite. En effet, elle possède sa propre entreprise de nettoyage commercial, où elle travaille seule la plupart du temps. « Je me suis dit que si je joignais un club, je pourrais me faire des amis! »
C’est peut-être le fait de vieillir qui lui a donné envie de sortir de sa zone de confort. « Je me demandais : « Qu’est-ce que je vais faire de ma vie? Aller travailler, revenir à la maison, regarder la télé? Est-ce que c’était ça que j’allais faire de ma vie? »
La course a tout transformé
Grace a donc joint un club près de sa petite ville de Mount Hope, au sud de l’Ontario. Elle a suivi tous les programmes l’un après l’autre. D’abord, le 5 km. Puis, le 10. Ses capacités physiques s’améliorant, elle est passée au demi-marathon, puis au marathon. Elle en a d’ailleurs fait quatre.
« La course sur route a commencé à m’ennuyer », dit-elle. Il lui en fallait plus. Elle s’est donc mise au triathlon, puis au demi-Ironman, et enfin au Ironman complet. Elle en a fait deux!
Devinez quoi? Elle s’est encore mise à s’ennuyer! Alors, Grace s’est tournée vers la course en sentier. En moins d’une année, elle effectuait son premier ultra de 60 km.
La course lui procure un élan incroyable. Rien ne l’arrête. À ce jour, elle a terminé plusieurs courses de 25 km et cinq courses de 50 km. En 2013, elle a couru son premier 100 mi à Dundas, en Ontario. Il lui a fallu un peu plus de 25 heures pour le terminer sans aucune anicroche. « J’aime les longues distances », dit-elle. Je suis meilleure sur les longues distances que sur les courtes. Je ne sais pas pourquoi. Je crois en moi-même. »
« J’ai toujours fini mes courses. Je n’ai jamais fait un DNF, ajoute Grace. Je suis très compétitive. Dans les trois dernières années, j’ai toujours terminé 2e ou 3e pour mon groupe d’âge! »
Une présence de chaque instant
Grace n’est peut-être pas consciente de sa force intérieure lorsqu’elle dit : « Je ne suis qu’une femme d’âge moyen tout ce qu’il y a de plus normale. Je n’ai rien de spécial. »
Mais attention, l’esprit philosophe, elle ajoute : « Par contre, j’essaie de faire de moi quelqu’un de spécial ». Car c’est la grâce qui a touché Grace quelque part dans sa vie. Sa vision du monde est lucide : « on n’a qu’une vie à vivre et on ne sait jamais quand elle va se terminer; ça peut être demain matin, alors il faut embrasser chaque instant », dit-elle.
Je ne suis jamais déprimée, je suis toujours contente, je crois en moi-même, j’aide les autres…
– Grace Panoff
Une internaute branchée et active
Grace aime Twitter. Et Twitter le lui rend bien. Très active, elle engage la conversation avec des coureurs, retweete et fait ses propres veilles d’actualité sportive.
C’est ainsi qu’elle a découvert l’Ultra-Trail Harricana. Intéressée par l’événement, elle s’est mise à retweeter des publications, ce qui n’a pas manqué d’attirer l’attention de Sébastien Côté, le président-fondateur.
« Sébastien m’a écrit en me disant : “Tu es notre fan no 1, viens courir dans Charlevoix!” ». Il n’en fallait pas plus pour que Grace s’inscrive au 65 km. « Je pense que ça va être ma course la plus difficile, dit-elle, à cause des limites de temps de passage. Ça m’inquiète un peu. Sébastien m’a dit de m’entraîner très fort. »
Elle sera donc là, au départ, avec son sourire, sa bonne humeur et son mental à tout casser, pour affronter la nature sauvage de Charlevoix. Elle se sera fait, au passage, de nouveaux amis québécois. La course a transformé Grace. Ses pas l’amènent maintenant au bout du monde.