Jean-François Cauchon sur le parcours du Bromont Ultra – Photo : Team Cauchon
Un texte co-écrit avec Vincent Champagne, rédacteur en chef
Jean-François Cauchon, Joëlle Hébert, Alister Gardner, Anne Champagne, Elliot Cardin… ce sont des gros noms qui ont emporté les longues épreuves du Bromont Ultra le week-end dernier, avec plusieurs records de parcours à la clé. Distances+ a recueilli les commentaires des champions, quelques jours après leur grande course.
Jean-François Cauchon a douté pendant sa course de 160 km. « J’avais les jambes plus lourdes qu’à l’habitude », « je redoutais la difficulté », confie-t-il. Il savait qu’il allait finir, mais le ferait-il sous la barre des 20 h, tel qu’il s’en était fixé l’objectif?
La réponse est oui. Le double champion de l’Ultra-Trail Harricana et gagnant de la Sinister 7 a franchi l’arche d’arrivée en 19 h 47.
Ce qui lui a mis les doutes, c’est une vilaine chute rendue au sommet d’une montagne. La douleur a fini par s’estomper, ce qui lui a permis de reprendre le rythme.
Le départ avait été rapide en compagnie de David Jeker et Jérôme Bresson. Il a ensuite pris son rythme à lui, qu’il dit « conservateur », afin de se garder de l’énergie pour la fin. Après les abandons successifs de Jeker et Bresson, la voie lui était ouverte.
Tout au long de la course, de nombreux amis sont venus encourager Jean-François, qui a effectué les 39 derniers kilomètres avec sa soeur Élisabeth comme donneuse de rythme.
Tel qu’il l’avait annoncé sur les réseaux sociaux quelques jours plus tôt, Jean-François remettra la bourse de 2000 $ qu’il a gagné, en terminant la course en moins de 20 h, à la Fondation des sports adaptés.
Joëlle Hébert à sa troisième tentative
Joëlle Hébert s’élançait pour la troisième fois sur le 160 km du Bromont Ultra, et elle a réussi à descendre sous la barre des 30 heures cette fois. La gagnante a mis 28 h 56 pour compléter l’épreuve.
Au départ de la course, « les pensées négatives et les démons me tourmentaient », dit-elle. Elle savait que ce serait difficile, mais son équipe de soutien, au fil des ravitos, lui a insufflé l’énergie nécessaire pour lui permettre de changer d’état d’esprit.
« Je me dis sans cesse que je suis chanceuse d’avoir la santé et la force mentale pour courir et pour profiter de la nature, dit Joëlle. Les couleurs étaient belles, la forêt était calme et les paysages à couper le souffle. »
« Plus la distance augmentait, plus j’allais bien. J’étais toujours heureuse d’arriver aux ravitaillements pour voir mes ami(es) », ajoute-t-elle, même si, dans les derniers kilomètres, « la douleur était omniprésente ».
Celle qui court sans montre n’en croyait pas ses yeux lorsqu’elle a vu le chrono à son arrivée. « Ma passion, c’est de courir pour le plaisir et d’avoir le sourire du début à la fin », dit-elle. Mission accomplie.
Soulignons qu’un imbroglio a entouré la course de Caroline Côté. Ayant terminé en première position, elle a été disqualifiée.
« Je suis heureuse de ce petit quiproquo de communication et d’organisation qui me donnera envie de revenir prendre ma place lors du Bromont Ultra 2019 », a écrit Caroline sur Facebook.
Alister Gardner, maître du 80
Après avoir remporté le 160 km l’an dernier, Alister Gardner est parvenu à compléter l’épreuve du 80 km sous la barre des 8 h en franchissant la ligne d’arrivée en 7 h 55. L’athlète de la région connaissait le parcours par coeur, pour l’avoir créé.
C’était son objectif. « Je regardais continuellement ma montre : à 50 km, j’étais encore sur mon objectif avec 5 h d’écoulées, mais j’ai commencé à ralentir et j’ai réalisé que c’était probablement impossible jusqu’à ce que je me souvienne qu’il y avait un bon bout sur le plat à la fin. J’ai donc accéléré une fois la dernière montée franchie », se souvient-il.
Jusqu’au kilomètre 65, Alexandre Sauvageau et Rémi Poitras, les deuxième et troisième homme de l’épreuve, lui ont fait une chaude lutte. Alister reconnaît d’ailleurs qu’avec la pression de ces deux coureurs, il n’avait pas besoin de donneur de rythme. Il s’en est d’ailleurs fallu de peu pour qu’Alexandre termine en premier. « J’ai poussé fort à la fin, car on ne peut jamais voir ce qui se passe en arrière », dit-il.
Anne Champagne, la coureuse venue du Spartan
Une des grandes surprises de cette édition est la victoire d’Anne Champagne, une athlète de 24 ans qui performe habituellement dans les courses à obstacles. « C’est ma première vraie course de trail d’envergure. C’est un parcours incroyable, c’est tellement beau avec un mélange de sentiers techniques et roulants, c’est juste malade ce que Gilles Poulin a fait. Des ravitos qui étaient parfaits. Je n’ai pas eu de moment de faiblesse, ça vraiment été une belle course », explique-t-elle enthousiaste.
En août dernier, Anne a gagné le Ultra Spartan Race de Québec toutes catégories confondues. Il s’agissait d’une course de 50 km (1900 m D+) avec 68 obstacles.
Au Bromont Ultra, sa seule déception est de ne pas avoir eu à batailler plus pour monter sur la première marche du podium. Elle a complété la course en 6 h16, avec une avance de plus d’une heure sur sa poursuivante.
« J’aime être challengée, avoue-t-elle. Sarah-Bergeron Larouche n’est pas venue et Lyne Bessette s’est blessée et a dû abandonner. C’est donc parti remise. »
Elliot Cardin, tour du chapeau
Elliot Cardin est parvenu à battre le record du parcours de 55 km en le terminant en 5 h 22, gagnant du même coup cette épreuve pour la troisième fois de suite.
Il avoue être un peu surpris de sa performance, puisqu’il avait tenté, sans succès, de passer sous la barre des 5 h 30 à la précédente édition. Il faut mentionner que le parcours a été modifié cette année.
« Ça s’est super bien passé du début à la fin, sauf peut-être une baisse d’énergie vers le cinquantième kilomètre », dit-il.
Il a fait sa course essentiellement en solo, son plus proche poursuivant ayant complété l’épreuve 28 minutes plus tard. « J’ai toujours gardé mes distances, c’est rare que ça m’arrive dans une course. Après 32 km, j’avais déjà 20 minutes d’avance sur Yohann Delisle. C’est un jeune coureur qui a du potentiel », annonce-t-il.
Le seul ennui qu’il a rencontré sur le parcours est l’état de certains sentiers. « C’était très boueux avec le passage des coureurs du 80 km dans la nuit, précise-t-il. J’ai réussi à bien m’en tirer en circulant un peu plus sur les côtés. Pour le reste, j’avais beaucoup d’énergie, il n’y a peut-être que trois montées ou je n’ai pas couru. »
Après trois victoires consécutives sur cette distance, Elliot Cardin annonce déjà ses couleurs pour l’année prochaine. « J’avais trois de mes amis sur le 80 km et ça aurait été vraiment le fun d’être avec eux, avoue-t-il. Je regarde donc pour le 80 km l’année prochaine et pourquoi pas, faire le 160 km un jour. »
Nous n’avons pu recueillir les propos d’Amy Rusiecki, gagnante du 80 km chez les femmes.