À la veille de la deuxième édition des championnats du monde de trail et de course en montagne réunifiés, qui se déroulent à Innsbruck et dans la vallée de Stubai, au cœur des Alpes autrichiennes, du 6 au 10 juin, Distances+ vous propose un tour d’horizon de l’événement qui s’offre le décor enchanteur du Tyrol. La région est « un terrain de jeu idéal, avec une culture du trail déjà bien implantée », assure le jeune athlète professionnel Mathieu Delpeuch qui s’est récemment installé là-bas. « La ville vit au rythme des sports outdoor et c’est vraiment cool », s’enthousiasme celui qui a partagé plusieurs sorties préparatoires avec des coureurs de l’équipe de France ces dernières semaines, à défaut d’être parvenu à se qualifier pour ces mondiaux.
Les organisateurs attendent près de 1300 athlètes de 68 pays pour les quatre jours de compétition, avec deux épreuves de trail, le court et le long, et deux épreuves de course en montagne, la course verticale, constituée d’une ascension, et la course dite « classique », constituée d’une montée et d’une descente. La course verticale aura lieu le mercredi 7 juin, le trail court le jeudi 8, le trail long le vendredi 9 et la course classique, à savoir une montée et une descente, le samedi 10.
Selon Mathieu Delpeuch, la ferveur autour de cet événement se ressent depuis plusieurs semaines avec notamment ce compte à rebours avant le jour J installé au centre-ville d’Innsbruck et une importante communication autour notamment des « athlètes ambassadeurs » des mondiaux autrichiens.
Les championnats du monde se tiennent dans le cadre de l’Innsbruck Alpine Trailrun Festival, qui a débuté le 1er juin et dure 10 jours cette année. C’est l’événement de trail le plus populaire en Autriche, avec des courses « grand public » allant de 7 à 108 km. Tous les athlètes ont en plus l’opportunité, cette année, d’emprunter les parcours que les athlètes qui représenteront leur pays.
Pendant 10 jours, la région d’Innsbruck-Stubai se transforme en village du trail avec, outre les courses, des expositions, des projections de films, des concerts ou encore des randonnées guidées. Les organisateurs veulent profiter de ce coup de projecteur sur leur destination plein air pour offrir la meilleure expérience possible aux athlètes et aux spectateurs.
Ils mettent aussi en avant leur objectif — dans l’air du temps — de faire de ces mondiaux un exemple en matière d’événement éco-responsable avec des zones « zéro déchet », des incitations au recyclage ou encore des transports en commun à prix réduit…
Toutes les courses des championnats du monde feront l’objet d’un suivi en direct commenté, et ce en plusieurs langues, dont le français.
Parcours difficiles en altitude
Mathieu Delpeuch prévient : les sentiers sont techniques. Les parcours alpins, tracés en majorité sur des sentiers monotraces, mais aussi à travers de jolis balcons en altitude, laissent donc envisager selon lui de très belles courses. Dans une vidéo sur la première reconnaissance avec l’équipe de France de trail qu’il a partagée sur son compte YouTube, Mathieu qualifiait les parcours de « gros chantier » voire de « boucherie alpine », où les bâtons ne seront pas un luxe. D’ailleurs, selon le sélectionneur des bleus Adrien Séguret les sentiers sont raides et il y a peu de portions roulantes.
La course verticale sera une compétition courte et nerveuse de 7,1 km pour 1020 m D+. Elle aura lieu le mercredi 7 juin à partir de 13 h. Les champions en titre sont le Kényan Patrick Kipngeno et l’Américaine Allie McLaughlin. En Thaïlande, en novembre 2022 (la compétition a lieu tous les deux ans, mais la première édition avait été reportée en raison de la pandémie), l’Italie avait remporté le classement par équipe hommes et les États-Unis le classement par équipe femmes.
Le trail court, un 45 km avec 3100 m D+ et 2700 m D-, aura lieu le jeudi 8 juin à partir de 9 h. Les champions en titre sont le Norvégien Stian Angermund et la Roumaine Denisa Dragomir (absente cette année). À Chiang Mai, l’Italie avait remporté le classement par équipe hommes et l’Espagne le classement par équipe femmes.
Le départ du trail long, un 85 km pour 5600 m D+ et de D-, sera donné vendredi à 6 h 30 du matin. À noter qu’en raison de l’enneigement en altitude au sommet du Nockspitze à 2400 m, entre la vallée de Stubai et Innsbruck, les organisateurs pourraient basculer sur un tracé alternatif de 86 km et 6000 m D+ et 6400 m D-. Les champions en titre sont l’Américain Adam Peterman (qui avait coché la Western States plutôt que les mondiaux, mais il a dû renoncer également à sa tentative de doublé en Californie en raison d’une fracture de stress au sacrum) et la Française Blandine L’hirondel qui pourrait tripler la mise. Les États-Unis et la France sont champions du monde en titre par équipe, respectivement hommes et femmes.
La course classique clôturera la semaine de compétition le samedi 10 juin avec le championnat du monde senior à partir de midi (précédé d’une course pour les juniors moitié moins longue), un 15,5 km pour 751 m de dénivelé positif à grimper le plus rapidement possible. Les champions en titre sont les Ougandais Samuel Kibet et Rebecca Cheptegei. En Thaïlande, l’Ouganda avait décroché l’or en équipe chez les hommes tandis que la Suisse avait tiré son épingle du jeu chez les femmes sans qu’aucune Suissesse ne monte sur le podium.
Zoom sur le parcours de trail court
Au lendemain du championnat du monde de course verticale, les traileurs prendront le départ du parcours court dans la ville d’Innsbruck. Après une portion constituée d’une montée d’environ 600 m D+ puis d’une descente sur les 10 premiers kilomètres menant au ravito, les athlètes entameront la plus grosse difficulté de la journée, une longue montée sur 15 km les amènera à 2100 mètres d’altitude. Ensuite, ils évolueront sur un parcours essentiellement descendant — tout en restant au-dessus de 1600 mètres d’altitude — avant de grimper jusqu’au sommet de la course, à 2400 m d’altitude, au kilomètre 37,5. Ils rejoindront la ligne d’arrivée à Neustift dans la vallée de Stubai après une dernière grosse descente de 7 km et 1400 m de D-.
Zoom sur le parcours de trail long
Au lendemain du trail court, les spécialistes du long entreront dans la danse tyrolienne. Le tracé (du parcours original comme du plan B) est plus conséquent que lors des derniers mondiaux en Thaïlande (78 km et 4800 m D+). À l’inverse du format court, les athlètes partiront de Neustift, pour terminer à Innsbruck. Ils commenceront par une « petite » boucle d’environ 16 km pour presque 1300 m D+, qui les ramènera au lieu de départ pour leur premier ravitaillement. Ils atteindront vite le point culminant de la course au km 26, à plus de 2500 m d’altitude. Malgré quelques bosses, le profil est plutôt descendant jusqu’au pied de la dernière difficulté après le quatrième et avant-dernier ravito, au km 67. Ils monteront 1100 m D+ sur 7,5 km, avant de redescendre sur Innsbruck, après plus de 85 km d’efforts.
Il s’agit là d’un parcours exigeant qui laissera très peu de répit aux athlètes, à part peut-être entre les km 55 et 70, où les organismes pourraient être déjà bien entamés. Cette course promet d’être tout particulièrement passionnante, d’autant que le grand favori, Jim Walmsley, est forfait en raison d’une cheville blessée, qu’il souhaite préserver en vue de son objectif numéro 1 de 2023 : l’UTMB. Son absence rebat les cartes et rend la compétition beaucoup plus ouverte.
Si les mondiaux en Thaïlande nécessitaient de s’acclimater à la chaleur et à la forte humidité ambiante, ce sera l’altitude qui pourrait être un facteur clé des performances en Autriche. Les longues montées amèneront les athlètes à passer plusieurs heures à plus de 2000 m d’altitude. Les montagnards partent avec un avantage non négligeable, estime Mathieu Delpeuch.
Tour d’horizon des athlètes têtes d’affiche attendus sur les épreuves trail
Pour cette édition 2023, la plupart des athlètes qui étaient sur les podiums individuels des derniers championnats du monde de trail seront de nouveau présents, à part la championne du monde de trail court Denisa Dragomir, la Suédoise Ida Nilsson (2e du trail long 2022) qui sera au départ de la Western States fin juin, et donc l’Américain Adam Peterman.
Sur le trail long voici quelques-uns des grands noms qui se disputeront probablement une place sur le podium dans la course masculine, par ordre d’indice de performance ITRA : l’Allemand Hannes Namberger, le Français Thibaut Garrivier, l’Italien Andreas Reiterer, l’Italien Gian Schicktanz et le Français et vice-champion du monde en titre Nicolas Martin. À noter la présence de l’Américain Zach Miller, qui ne détient pas la plus grosse cote ITRA des partants, mais qui donne l’impression de jouer sa vie à chaque course jusqu’à la ligne d’arrivée. La moyenne des cotes de performance du top 10 masculin est de 907, ce qui donne une bonne idée de la solidité de la liste de départ.
La course féminine est, elle aussi, prometteuse, avec la double championne du monde en titre Blandine L’hirondel qui retrouvera celle qui l’avait poussée dans ses retranchements lors de la CCC 2022, la Népalaise Sunmaya Budha. Il faudra compter aussi sur l’Espagnole Azara Garcia et les Françaises Manon Bohard et Audrey Tanguy entre autres. La moyenne des cotes de performance du top 10 féminin est de 770.
Sur le trail court, voici quelques-uns des grands noms de la compétition masculine : le Britannique Jonathan Albon, l’Italien Davide Magnini, le Suédois Petter Engdahl, le Norvégien champion du monde en titre Stian Angermund, le Français Fred Tranchand ou encore les Italiens Cristian Minoggio et Francesco Puppi, les Français Thomas Cardin, Thibaut Baronian et Loïc Robert, mais aussi le Japonais Rui Ueda. La moyenne des cotes de performance du top 10 masculin est de 915. C’est exceptionnel!
Le plateau féminin sera un poil moins relevé sur le papier que sur le trail long. Sur le fil de départ, on retrouvera la Sud-Africaine Toni McCann, l’Américaine Brittany Charboneau, l’Espagnole Nuria Gil, la Néo-Zélandaise Caitlin Fielder, l’Italienne Fabiola Conti ou encore la championne de France de trail court Clémentine Geoffray. La moyenne des cotes de performance du top 10 féminin est de 763.
L’équipe de France, très dense, apparaît une nouvelle fois comme l’une des délégations favorites de ces championnats du monde. Que ce soit sur le court ou sur le long, la victoire est possible en individuel chez les femmes comme chez les hommes. L’ambition première étant d’aller chercher les victoires en équipe. Notamment sur le trail long qui avait échappé d’un rien à Nico Martin et les siens en novembre dernier. Le classement par équipe est constitué sur la base des trois meilleurs athlètes de chaque délégation à l’arrivée.
Rappelons que depuis 2021, la World Mountain Running Association (WMRA) — qui s’occupait d’organiser le championnat du monde de course en montagne — et l’International Association of Ultrarunners (IAU) — qui s’occupait d’organiser le championnat du monde de trail — se sont entendues, en collaboration avec l’International Trail Running Association (ITRA) et avec l’appui de la Fédération internationale d’athlétisme (World Athletics), pour créer un événement centralisé, à l’instar des championnats du monde d’athlétisme qui réunissent toutes les disciplines.
Après Chiang Mai en 2021 (novembre 2022 après report) et Innsbruck-Stubai 2023, ce sera autour de Canfranc-Pirineos, dans les Pyrénées espagnoles, d’organiser les mondiaux de trail et de course en montagne 2025, du 25 au 28 septembre.
Article écrit en collaboration avec Nicolas Fréret
Voici l’équipe de France de trail sélectionnée par Adrien Séguret à l’issue des championnats de France au Trail de la Cité de Pierres en mars.
La sélection pour la course en montagne avait été annoncée en mai par la Fédération française d’athlétisme à l’issue des championnats de France au SuperDevoluy. Les quatre premiers ont été qualifiés pour les championnats du monde de course en montagne. Chez les hommes, le champion de France Thomas Cardin étant déjà engagé sur trail court ce sont Quentin Meyleu, Alexandre Fine, Théodore Klein et le 5e, le vétéran Manu Meyssat qui sont partis à Innsbruck. Chez les femmes, la championne de France Cécile Jarousseau sera accompagnée par Christel Dewalle, Élise Poncet et Nélie Clément.
Distances+ sera sur place en Autriche et suivra, outre les athlètes français, les performances des 11 athlètes québécois qui ont fait le déplacement à Innsbruck [Geneviève Asselin-Demers (85 km), Anne-Marie Comeau (verticale et montée-descente), Mélodie Gilbert (45 km), David Jeker (85 km), Rémi Leroux (verticale), Anselme (montée-descente junior) et Samuel Poher (45 km), Alexandre Ricard (verticale et montée-descente), Mylène Sansoucy (45 km), Jean-Philippe Thibodeau (85 km) et Lindsay Webster (montée descente)]
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