La tradition a été respectée : ce week-end, dans le parc de Bear Mountain, les coureurs de trail québécois ont montré ce qu’ils ont dans les jambes, même après un hiver rigoureux. Au The North Face Endurance Challenge New York (TNFEC), plusieurs d’entre eux sont montés sur le podium. Distances+ a recueilli leurs commentaires.
Sur le plus long format, le 80 km (50 miles), la 2e marche du podium est québécoise, autant chez les hommes que chez les femmes. Alexandre Sauvageau et Caroline Côté ont complété l’épreuve en respectivement 7 h 22 et 9 h 35.
« Je visais 7 h 15, avec plus ou moins 15 minutes », a confié Alexandre à la suite de sa course, alors qu’il courait pour la première fois à Bear Mountain.
« J’avais certaines attentes par rapport au temps, mais, avant tout, c’est vraiment le plaisir que je recherche dans la course », a-t-il ajouté.
Réalisant en cours de route qu’il filait pour un podium, Alexandre a essayé de « casser » la mentalité compétitive, afin de rester dans le plaisir. « Si je ne faisais pas un podium, j’aurais été content pareil », a dit le coureur de Granby.
De son côté, Caroline Côté, qui avait fait une troisième position sur la même distance en 2017, dit avoir « adoré » sa journée. Elle se dit particulièrement fière d’avoir pu retrancher une heure et une minute sur son temps d’il y a deux ans.
Alors qu’elle commençait à être fatiguée et à perdre du rythme, surtout dans les montées, elle a eu la chance à la mi-parcours d’avoir un donneur de rythme d’exception : Mathieu Blanchard en personne.
Celui qui a remporté les deux dernières éditions du 80 km du TNFEC New York y était cette fois en soutien, puisqu’il se remet d’une blessure.
« C’était vraiment apprécié, et ça m’a vraiment amenée à me dépasser à chaque moment, chaque minute, a-t-elle confié au micro de Distances+. Quand il est arrivé, j’ai réussi à reprendre le moral. Ça m’a donné une deuxième énergie. »
Le gagnant du 80 km a un nom purement québécois, mais c’est un Américain. Patrick Caron, 21 ans, vit à Boston et ne parle pas français. Sa famille paternelle est originaire de Trois-Pistoles.
Il a complété l’épreuve en 7 h 00 min 34. Nos recherches ne nous ont pas permis de savoir s’il s’agissait exactement du même parcours qu’en 2014, lorsque le champion américain Dylan Bowman l’a fait en 6 h 51 min 52 s.
L’an dernier, c’est Mathieu Blanchard et Sarah Verguet Moniz, deux néo-Québécois, qui avaient remporté l’épreuve. En 2017, le podium masculin était entièrement québécois, avec Elliot Cardin et Alister Gardner en 2e et 3e position.
Ce dernier a pris le départ du 80 km ce week-end, mais il a abandonné en cours de route. N’étant pas à 100 % remis de son demi-marathon du week-end dernier, Alister a laissé filer les autres concurrents, en espérant que l’un d’eux casse en cours de route.
Au kilomètre 55, il a décidé d’en rester là afin de ne pas nuire à sa préparation pour le marathon d’Ottawa.
L’athlète Anne Champagne a aussi subi un revers sur le 80 km, alors qu’elle filait en première position. Disqualifiée pour avoir emprunté une mauvaise route en suivant un groupe de coureurs, elle a tout de même complété la course en mode entraînement, en prévision de sa participation au Québec Méga Trail en juin.
« Ne pas toujours faire confiance aux autres et se renseigner sur le parcours. Leçon apprise », s’est-elle exprimée à la suite de sa course.
Le 50 km dominé par deux Québécois
Deux Québécois ont gagné le 50 km. Chez les hommes, c’est Olivier Collin qui l’a emporté en 4 h 16, alors que, chez les femmes, c’est Hélène Michaux qui a gagné en 5 h 07.
En 2017, Hélène Michaux avait remporté le 80 km. À deux autres reprises, elle avait pris la 2e marche. Elle avait déjà couru aussi sur le 50 km. C’est dire qu’elle connaissait bien les sentiers de Bear Mountain.
« Je connais un peu tous les virages, donc je sais ce qui s’en vient, et ça aide énormément sur le mental, c’est sûr », a-t-elle dit.
Depuis un an, Hélène dit ressentir une douleur au dos, qu’elle n’arrive pas à expliquer. « En course, ça a quand même un gros impact, reconnaît-elle. Mes sensations ne sont pas top, parce qu’il y a tout le temps une douleur qui est là. »
« Je me suis dit : OK, j’ai mal, mais c’est stable, donc je vais y aller. Je sais que, si je m’arrêtais, la douleur allait continuer de toute façon, alors j’ai le mental et je finis. »
Malgré tout, « ça faisait longtemps que je ne m’étais pas amusée comme ça sur une course », a lancé Hélène Michaux en bout de parcours.
La vétérinaire des Cantons-de-l’Est n’a pas de course au programme cet été au Québec, entre autres pour s’occuper de son dos, mais elle devrait s’envoler pour Chamonix fin août pour participer à l’OCC de l’UTMB (56 km), puis à la Mascareignes du Grand Raid de la Réunion (65 km), en octobre, avec toute une cohorte de Québécois.
Olivier Collin, pour sa part, en était à son tout premier 50 km, et à sa deuxième compétition en trail. Celui qui a étudié à l’Université Victoria de Colombie-Britannique est plutôt un habitué de la piste.
« Je ne m’attendais à rien, honnêtement. Je savais que je pouvais faire un top 5 », a-t-il confié.
« Je n’avais aucune idée du parcours, a-t-il ajouté. Je ne suis pas encore super habile, alors dans les montées et les descentes dans la grosse roche, j’ai commencé à cramper dans les deux jambes en même temps. »
Celui qui est tombé deux fois sur le parcours – « je suis tombé en pleine face! », dit-il – avoue n’avoir pas été certain de se rendre jusqu’au bout. Mais ayant pris une bonne avance sur ses poursuivants, il a pu garder les devants.
On devrait le revoir au Trail de la Clinique du coureur et au Québec Méga Trail cet été.
Un autre Québécois, Éric Lévesque, a pris la troisième place du 50 km, en 4 h 25.
Anne Roisin gagne le marathon
Chez les femmes, c’est Anne Roisin qui l’a emporté sur l’épreuve du marathon, en 4 h 36.
« C’était le fun de jouer dans le bois! s’est-elle exclamée à la fin de sa course. Ça a bien été. C’était une journée parfaite, si ce n’est qu’il faisait un peu chaud. »
La coureuse de Sherbrooke est une habituée de Bear Mountain. Elle a participé plusieurs fois au 50 km.
« Ça part la saison, dit-elle. C’est comme un rendez-vous avec plein de Québécois. On aime ça descendre à Bear! »
Plus de 3330 participants étaient inscrits à l’une ou l’autre des courses du week-end. La prochaine compétition de la The North Face Endurance Challenge aura lieu au Massachusetts, les 8 et 9 juin prochain.
Propos recueillis par Jean-Mathieu Chénier
À lire aussi :
- Plus de 150 Québécois attaquent Bear Mountain ce week-end
- Résultats : de belles performances québécoises à Bear Mountain
- Notre dossier spécial Bear Mountain