La première étape du Golden Trail Series National France/Belgique, l’Ergysport Trail du Ventoux, dans le Vaucluse, a bien eu lieu ce week-end malgré l’épidémie de coronavirus qui voit s’annuler les événements les uns à la suite des autres en Europe. La course reine, le 46 km (2400 m D+), a offert un superbe spectacle, et un nouveau format de 72 km (3900 m D+) a été inauguré. Retour sur un événement qui s’est imposé au fil des années comme le rendez-vous du début de saison en France.
Le podium du Trail du Ventoux a une fois de plus fière allure avec sur la première marche le Suisse Marc Lauenstein devant les cadors français Nicolas Martin, Ludovic Pommeret et Thomas Cardin, ces deux derniers étant arrivés 3e ex aequo. il faut dire que si depuis de nombreuses éditions, les meilleurs traileurs de l’Hexagone aiment commencer leur saison ici, au pied du Géant de Provence, la course tend à s’internationaliser. En 2019, on comptait d’ailleurs sept étrangers dans le Top 15, contre cinq cette année.
Plus connu des cyclistes que des coureurs de trail, le Mont Ventoux est un terrain de jeu idéal pour courir. Culminant à près de 2000 mètres d’altitude, isolé, on l’observe à des centaines de kilomètres à la ronde. L’hiver, le froid et la neige repoussent les quelques valeureux qui tentent d’atteindre le sommet chaussures aux pieds. Le Trail du Ventoux marque en quelque sorte la reprise officielle.
Duel franco-suisse
L’édition 2019 nous avait offert une arrivée endiablée avec un sprint entre Marc Lauenstein, vainqueur, et Thibaut Garrivier, deuxième à une seconde. On n’en espérait pas moins ce week-end, d’autant que le plateau était une nouvelle fois très relevé au départ de Bédoin avec plus de 20 athlètes présentant une côte ITRA supérieure à 800.
Sans surprise, les 21 kilomètres d’ascension jusqu’au sommet du Ventoux (1915 m) ont été très soutenus. Malgré une douleur au genou dès le début de course qui a failli le contraindre à l’abandon, c’est bien Nicolas Martin qui pointait en tête tout en haut avant la longue et exigeante descente vers Bédoin. Marc Lauenstein, de l’équipe Salomon, a rapidement pris les choses en main sur la deuxième partie de course, démontrant une nouvelle fois ses qualités exceptionnelles de descendeur. Selon ses concurrents du jour, il est certainement l’un des meilleurs au monde dans cet exercice à l’heure actuelle.
Et nouveau record!
Nicolas Martin a reconnu après la course que le Suisse lui avait donné une « leçon en descente ». « Je regardais ma montre, on était à 3’10/km, et je n’arrivais pas à combler le trou, c’est incroyable », s’est-il extasié. La bataille pour la victoire aura donc duré 3 h 37 et 37s, le temps qu’il a fallu à Lauenstein pour avaler ces 46 km en montagne, soit plus de 12 km/h de moyenne. Il a ainsi battu son propre record (3 h 39) réalisé l’an passé, et inscrit pour la quatrième fois son nom au palmarès de l’épreuve.
Derrière, l’inusable Ludovic Pommeret (ancien vainqueur de l’UTMB, 2e sur le dernier Grand Raid) s’adjuge la dernière marche du podium qu’il partage cette fois-ci avec Thomas Cardin, son jeune et prometteur collègue de l’équipe Hoka.
Début de saison canon pour Camille Bruyas
Chez les femmes, la course a été nettement dominée par Camille Bruyas, l’une des meilleures athlètes françaises sur les trails de moyenne distance (victoires Mascareignes, Trail de Bourbon, Ultra-Trail Cape Town, Swiss Canyon Trail, SaintéLyon). Elle a bouclé les 46 km en 4 h 31, juste devant un autre ultra-traileur émérite, Vincent Viet. Elle a devancé de plus d’un quart d’heure la Suissesse Ariane Wilhem et de plus d’une demi-heure sa compatriote Rene Cardinaals.
Un nouveau format de 72 km réussi
Cette édition 2020 a été également marquée par le lancement d’une nouvelle course. Serge Jaulin, organisateur historique du Trail du Ventoux, avait la volonté de proposer un parcours plus long, pouvant attirer d’autres profils de coureuses et de coureurs. Un 72 km et 3900 m de dénivelé a ainsi vu le jour, passant bien sûr par le sommet du Mont Chauve (autre surnom du Mont Ventoux) et offrant de splendides panoramas sur les Baronnies et les Alpes.
Pour cette première, c’est le Français de l’équipe Arc’teryx, Martin Kern, qui s’est facilement imposé en 7 h 27. Il a pris la tête dès le départ et a fait cavalier seul jusqu’à l’arrivée à Bédoin. Une bonne manière de commencer la longue saison qui l’attend et qui s’achèvera par le Grand Raid de la Réunion, où il sera de retour après sa cinquième place de l’an dernier.