Après avoir accueilli les championnats de France de trail* sous l’égide de la Fédération française d’athlétisme (FFA) en 2023, le Trail de la Cité de Pierres enchaîne en étant l’événement support du 6e championnat de France universitaire de la discipline, samedi 23 mars à Montpellier-le-Vieux, en Aveyron. C’est l’épreuve de 16 km et 850 m D+ qui verra s’affronter les jeunes athlètes aux couteaux entre les dents.
Avant de briller sur les courses renommées, de nombreux athlètes ont fourbi leurs premières armes sur ces rassemblements étudiants, à l’image de Mathilde Sagnes et Théo Detienne ou encore de la championne du monde de trail court en titre Clémentine Geoffray. Près de 300 jeunes athlètes venus des quatre coins de l’Hexagone vont découvrir le magnifique parcours sillonnant le parc de la Cité de Pierres. Parmi eux, peut-être les prochains grands noms du trail français ou européen ? Distances+ dresse le portrait du trail universitaire français en ce début de saison 2024.
L’essor du trail universitaire
« Le trail n’est pas du tout une nouveauté à la Fédération française du sport universitaire (FFSU) », estime Jean-Jacques Renier, le directeur régional de la Ligue Bourgogne – Franche-Comté et chargé de missions nationales pour l’athlétisme hors stade. « La première édition de la Coupe de France remonte à la saison 2011-2012 à Marsannay en Côte-d’Or, se souvient-il. On commençait déjà à sentir cet engouement pour la course nature. »
Les débuts sont toutefois assez confidentiels. Les premières Coupes de France ne rassemblent que quelques dizaines d’étudiants représentant moins d’une dizaine d’académies. « Et puis en 2017, c’est le déclic, l’explosion, avec l’organisation du rassemblement étudiant en juin à La Réunion sur le parcours du Trail du Colorado », poursuit Jean-Jacques Renier. L’île intense avait accueilli 269 étudiants de toute la métropole française avec de grosses délégations de certaines régions, à l’image des 30 Lillois qui avaient monté plusieurs opérations de financement pour parvenir à faire le déplacement. Le succès de cette édition avait été « aussi lié à la découverte d’un territoire, d’une région, d’une culture. C’était du partage sportif et festif sur toute la semaine, ce qui est très en phase avec l’esprit étudiant. »
Chaque année, le choix de l’implantation de la compétition universitaire est guidé par la volonté d’inscrire l’événement dans des territoires marqués, typiques, en relation avec des organisations déjà bien en place à l’image du Trail de la Cité de Pierres (TDCP) où près de 300 participants étudiants et non étudiants (cette année, les personnels des universités et des grandes écoles ont la possibilité de prendre une licence FFSU) feront le déplacement en Aveyron de Lille dans le Nord à la Corse dans le Sud, en passant par La Réunion.
Le directeur de course du TDCP, Guilhem Prax, parvient chaque année depuis la création de son trail en 2021 (l’édition zéro en 2020 avait été annulée en raison de la covid) à organiser un événement dans l’événement – comme ce trail post-covid avec uniquement des athlètes élites, seuls autorisés à l’époque à participer à des compétitions. Il s’emploie à faire découvrir son magnifique parcours à des traileurs qui, pour beaucoup sans doute, ne soupçonnaient même pas l’existence de ce qui ressemble à un magistral parc américain sculpté dans la roche. Guilhem a expliqué à Distances+ que l’organisation de ce championnat de France de trail universitaire s’inscrivait dans la continuité logique de tout un processus qui lui est cher. Il a créé l’École de trail à Millau pour que les enfants pratiquent la course en sentier, il a organisé des courses de trail pour les jeunes et voilà qu’il s’implique cette année dans le championnat de France universitaire.
Un public très diversifié
Le trail attire de plus en plus de jeunes et cette tendance se reflète dans la pratique étudiante compétitive, mais pas seulement. À ce jour, la FFSU n’impose pas de système de qualification. Tout licencié peut s’inscrire au championnat de France. Le profil des 300 participants à cette édition 2024 est donc assez mixte. On retrouve pas mal d’athlètes « traditionnels » qui aiment participer autant aux courses sur route, sur piste, de cross et bien sûr de course en sentier, pourvu qu’ils courent. Mais également des spécialistes de trail, formés et entraînés pour performer sur cette discipline. Par exemple, à La Réunion, en STAPS et au service universitaire des activités physiques et sportives (SUAPS) des modules de formation dédiés au trail sont mises en place. « C’est un sport qui plaît aux jeunes quand on leur apprend et on ne leur apprend pas à faire du trail en tournant autour d’une piste », souligne Yoann Mornet, enseignant d’EPS et responsable du Diplôme Universitaire en trail running à La Réunion.
Pour certains étudiants, ce sera l’expérience d’une fois, une initiation à l’activité et puis ils passeront à autre chose. Pour d’autres, ce sera le début d’une carrière comme en leur temps Théo Detienne (2e en 2019), Mathilde Sagnes (championne de France universitaire 2019) ou Clémentine Geoffray (2e en 2018) pour ne citer qu’eux. Ils ont accroché leurs premiers podiums sous les couleurs de leur université et ont continué de briller au plus haut niveau national ou international sur les sentiers une fois leur carte d’étudiant rendue.
Participer au France universitaire « a été une vraie étape dans mon parcours », se félicite la championne du monde et championne de France de trail court, qui est aussi la championne en titre des Skyrunner World Series. « En 2018. J’étais étudiante à Sciences Po Toulouse et j’étais membre de l’ancien team Hoka – Buff – Les Saisies. Avec mon entraîneur, Julien Rancon, nous avions mis cette compétition dans notre programme. Je me souviens d’une course assez épique, d’un trail trop urbain en banlieue parisienne sous la pluie et la neige mêlées. Malgré ces conditions, tout le monde était content de partager ce moment, de se retrouver entre étudiants de divers horizons, même moi qui râlais pourtant un peu de ne pas avoir gagné ! »
Pourquoi pas l’international ?
Pour l’instant, le championnat de France de trail universitaire ne débouche sur rien au niveau international, contrairement au cross (en février dernier, l’équipe de France masculine a d’ailleurs remporté le championnat du monde universitaire à Oman, avec une médaille de bronze pour le Baptiste Fourmont, NDLR). Clémentine le déplore. « Je suis toujours très attachée aux événements fédéraux, aux sélections, au maillot de l’équipe de France, mais ce serait vraiment bien qu’il y ait des compétitions internationales universitaires », affirme-t-elle. Pourquoi la France ne serait-elle pas à l’initiative de la mise en place d’un premier championnat d’Europe par exemple ? Ce serait un beau prolongement pour cette discipline en constant développement.
En 2023, Enzo Ratti et Claire Meyer étaient devenus champions de France universitaires au Trail de l’Améthyste, à Sauxillanges, dans le département du Puy-de-Dôme. En 2024, les dauphins du jeune Enzo, Adelin Grenier et Mathieu Dorval ainsi que la médaille de bronze Marine Alluin seront sur la ligne de départ pour tenter de faire encore mieux au cœur de la Cité de Pierres.
Le 16 km du championnat de France sera lancé à 11 h, 30 minutes avant la course ouverte à tous. L’épreuve classique du Trail de la Cité de Pierres, le 31 km et 1600 m D+ aura lieu le dimanche.
À noter que la projection du film documentaire « Accross Norway » avec Corentin et Fleury Roux, réalisé par Kenta Ozaki, sera présenté au Cinéma de Millau vendredi soir à 20 heures, en présence du premier des deux frères. Les deux athlètes racontent leur folle traversée en 2022 de la Norvège en orientation, soit 2800 km et 72 000 m de dénivelé en 83 jours.
*Les championnats de France de trail, court et long, ont lieu cette année dans le cadre de la 15e édition du Trail Drôme le dimanche 7 avril.
Distances+ est média partenaire du Trail de la Cité de Pierres
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