7 choses à retenir de la SaintéLyon 2022

68e édition de « la Doyenne »

SaintéLyon
Départ de la SaintéLyon 2022 - Photo : Brice Robert

DISTANCES+ À LYON – La doyenne des courses en nature en France s’est tenue dans la fraîche nuit du 3 au 4 décembre entre Saint-Étienne et Lyon. Près de 14 000 participants étaient au départ de l’une des huit épreuves. L’Espagnol Andreu Simon et la Française Sarah Vieuille (16e au général) se sont imposés sur le format historique. Comme souvent, la SaintéLyon a eu lieu dans des conditions climatiques hivernales avec de la pluie et des chemins particulièrement boueux. Voici ce qu’il faut retenir de cette 68e édition :


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1. Andreu Simon Aymerich est devenu le premier coureur étranger à remporter la SaintéLyon

SaintéLyon
L’Espagnol Andreu Simon vainqueur de la SaintéLyon 2022 – Photo : Asics

L’Espagnol Andreu Simon Aymerich, membre de l’équipe Asics (équipementier partenaire de l’événement), est le premier coureur étranger de l’histoire à remporter la SaintéLyon (78 km, 2050  m D+) en 5 h 47. Une victoire d’autant plus marquante qu’il s’agissait de sa première participation. Face à d’autres favoris habitués du parcours, le coureur à 900 de cote ITRA avait pris soin de reconnaître les sentiers une semaine avant l’épreuve. Ce qui ne l’a pas empêché d’être « surpris » par endroits de la nature glissante du terrain.

Parti dans le groupe de tête avec notamment Thomas Cardin, Baptiste Chassagne, Emmanuel Meyssat et Theo Detienne (qui a abandonné par la suite sur blessure), l’Espagnol a fini par se détacher sur de bonnes sensations. « Au début, j’ai essayé de suivre tant bien que mal Thomas Cardin, car je pensais que c’était celui qui allait courir le plus vite. Je me suis senti si bien que j’ai attaqué et je n’ai pas été suivi. J’ai ensuite essayé de pousser jusqu’au bout » a-t-il expliqué au micro à son arrivée. Une erreur de parcours alors qu’il avait moins de 5 minutes d’avance sur Thomas Cardin aurait pu le mettre hors course au km 55, mais il s’en est rendu compte rapidement grâce à sa montre et a pu faire demi-tour, sans que son poursuivant ne le rattrape.

Sa stratégie de course s’est avérée payante et lui offre un temps de référence sur cette version de 78 km, 5 min devant Thomas Cardin (vainqueur 2021), 15 min devant Baptiste Chassagne et 25 min devant Emmanuel Meyssat (vainqueur 2016 et 2017). Ce couronnement sur la SaintéLyon met un point final à une saison réussie après une victoire sur le 105 km du Val d’Aran by UTMB (5500 m D+), sa 2e place à la Mozart 100 en Autriche et sa 6e place à la CCC (100 km 6100 D+). Il est important de préciser qu’Andreu Simon court à haut niveau depuis 4 ans avec « une forme de handicap », dit-il, puisqu’il est diabétique de type 1.

2. Sarah Vieuille victorieuse, une saison au sommet

Sarah Vieuille
Sarah Vieuille a remporté la 68e édition de la SaintéLyon – Photo : SaintéLyon

L’ex-double championne de France de trail et ex-championne du monde par équipe Sarah Vieuille s’est imposée pour sa première participation à la SaintéLyon. Elle a mené la quasi-totalité de la course en cavalière seule, en doublant progressivement des hommes dans le haut du classement, pour franchir la ligne d’arrivée en 6 h 54 à la 16e place du classement général.

« J’avais de très bonnes sensations au début et jusqu’au 44e km où j’ai accusé le coup en me disant que j’étais peut-être partie un peu trop vite, » a-t-elle raconté. On m’annonçait favorite, mais Sandrine Fléchet était une habituée de l’épreuve ». Un mois et demi seulement après sa 4e place sur le Grand Raid de Réunion (derrière Courtney Dauwalter, Anne-Lise Rousset et Anna Carlsson), l’athlète vosgienne a en effet battu l’expérimentée Sadrine Fléchet, victorieuse en 2021 et trois fois sur le podium de la Doyenne. Isabelle Dragon complète le podium.

En 2022, à l’exception de la Diagonale des Fous, Sarah Vieuille a remporté toutes ses courses dont l’UTPMA (Ultra Trail Puy Mary Aurillac, 105 km, 5500 m D+) et surtout la très technique Échappée Belle (145 km 11 100 m D+), une épreuve très opposée à la SaintéLyon.

3. Baptiste Chassagne monte sur le podium et « reviendra pour la gagne »

SaintéLyon 2022
Podium masculin de la SaintéLyon 2022 (de gauche à droite Manu Meyssat, Thomas Cardin (2e), Andreu Simon (1er), Baptiste Chassagne (3e) et Pierre-Emmanuel Alexandre (5e) – Photo : Léo Girard

4e en 2019, 3e en 2022, Baptiste Chassagne gravit les échelons un à un sur cette SaintéLyon qu’il aime tant. C’est du moins l’impression qu’il donne en livrant « une performance aboutie » selon ses propres termes. Depuis sa première participation, le coureur lyonnais dont la famille et le cœur sont stéphanois, a dans l’idée de remporter la SaintéLyon un jour. Son histoire avec la Doyenne est une affaire de patience puisqu’il n’avait pas pu confirmer sa bonne première performance ces deux dernières années en raison de la pandémie d’abord (2020) puis d’une blessure (2021). 

Au lendemain de sa course, il a confié à Distances+ que le sentiment de satisfaction primait sur tout. « C’est la première fois que j’ai couru pour gagner a-t-il avoué, mais le niveau était beaucoup plus élevé cette année, avec des spécialistes du format. ».

Parti dans le groupe de tête sur un rythme soutenu (plus de 15 km/h de moyenne jusqu’au premier ravitaillement), il a couru pendant plusieurs heures avec Thomas Cardin avant que ce dernier ne lui mette « une mine » vers Soucieu-en-Jarrest (km 55). Un moment de doute qui ne l’a pas empêché d’assurer un podium sur ses terres, en avalant le segment de la redoutable montée des aqueducs (dernière difficulté de fin de course avec des passages à plus de 20 %) aussi vite que l’année de sa victoire sur la SaintExpress (44 km, 900 m D+). Selon lui, une longue préparation spécifique est indispensable pour gagner cette course. « La mienne survient après une année chargée et je pense que j’ai encore une marge de progression », ajoute-t-il.

Une année chargée, mais une excellente saison, la meilleure jamais réalisée même puisqu’elle a été marquée par une 4e place à la Transgrancanaria (126 km, 7500 D+) et au Lavaredo Ultra-Trail (120 km, 5800 D+) où il a devancé Mathieu Blanchard, puis une 10e place en moins de 11 h à la CCC (100 km 6500 m D+). En septembre, Baptiste Chassagne s’était vu offrir une sélection pour les championnats du monde de trail en Thaïlande. Il avait décliné, car il se sentait « cramé » physiquement. Ceci dit, même si la SaintéLyon est une course de cœur où il reviendra « jusqu’à la gagner », il assure qu’il n’a pas décliné la sélection tricolore en vue de cet objectif. S’il souhaitait arriver en forme début décembre, c’était surtout parce que la SaintéLyon marque pour lui le début d’une préparation qui le mènera jusqu’aux prochains championnats du monde qui se tiendront en juin 2023 à Innsbruck en Autriche. Mais avant cela, il participera aux championnats de France de trail qui auront lieu lors du Trail de la Cité de Pierres, en Aveyron, en mars 2023.

4. LyonSaintéLyon : 3 victoires en 3 participations pour Casquette Verte, Laura Fleury l’emporte chez les femmes

Laura Fleury
Laura Fleury, 31 ans, a remporté le classement féminin de la LyonSaintéLyon – Photo : SaintéLyon

Lancée en 2019, ce format de 156 km et 4400 m D+ a lui aussi une histoire à part entière. L’initiative d’effectuer un aller-retour entre les deux villes revient à l’origine à une poignée de coureurs, dont le cofondateur de l’UTMB Michel Poletti, qui avait bravé en premier en 2003 les monts du Lyonnais à deux reprises, de jour et de nuit, sur un parcours de 130 km. 

De 2009 à 2018, le Club Lyon Ultra Run a œuvré en marge de la course pour faire perdurer l’épreuve avec un petit groupe de coureurs sélectionnés chaque année pour faire l’aller Lyon–Saint-Étienne en « off ». Ce n’est qu’en 2019, à la suite d’une collaboration entre ce club et les organisateurs de la SaintéLyon qu’est née la LyonSaintéLyon. Les participants réalisent un temps chronométré, mais sans classement à l’aller, puis sont classés sur leur temps de retour de Saint-Étienne à Lyon. 

Après deux victoires lors des deux premières éditions, Alexandre Boucheix alias Casquette Verte était attendu, car « jamais 2 sans 3 », avait-il confié à Distances+ il y a quelques mois. Le plus connu des coureurs parisiens a conservé son titre en réalisant son aller en 9 h 02 et son retour en 7 h 12.

« Je suis arrivé à Saint-Étienne très frais, puis je me suis un peu mis en danger sur le retour » a-t-il expliqué. Après avoir placé une attaque pour se démarquer de son poursuivant Steeve Dobert, avant le premier ravitaillement, il a couru avec des élites de la SaintéLyon, en se payant même le luxe d’en doubler certains, « J’avais presque envie de m’excuser » a-t-il raconté tout sourire. Casquette Verte a réalisé le 28e meilleur temps du 78 km. Il a passé la ligne d’arrivée 1 h 25 seulement après le vainqueur de la SaintéLyon.

Ces trois objectifs pour 2022 étaient d’« accrocher un top 30 sur l’UTMB 2022, un top 10 sur la Diagonale des Fous, et de gagner la LyonSaintéLyon pour la troisième fois ». Il en a validé deux sur trois. Après sa 18e place sur l’UTMB 2022 en moins de 23 h, le traileur parisien a calé sur le Grand Raid de La Réunion notamment en raison d’une côte fêlée, terminant tant bien que mal en 35 h 01, loin du temps visé s’il avait été en pleine possession de ses moyens. À noter qu’Alexandre Boucheix avait participé à sa première SaintéLyon en 2015 alors qu’il débutait la course à pied. Il avait alors bouclé les 71 km et 1860 m D+ en 10 h 51, terminant à la 3813e place.

À noter aussi que la journaliste Cécile Bertin, qui a fait l’assistance de Casquette Verte pour la deuxième fois après l’UTMB cet été, avait été la première femme à effectuer l’aller-retour LyonSaintéLyon en 2010. À l’époque, il s’agissait d’une course off nommée la 180.

19 femmes étaient au départ de la LyonSaintéLyon 2022, 11 ont passé la ligne l’arrivée. C’est Laura Fleury, 31 ans, qui a remporté l’épreuve. Elle a couru Lyon–Saint-Étienne en 11 h 10 puis la SaintéLyon en 10 h 55.

Partie dans l’idée d’y aller « doucement », ce n’est qu’au retour et après avoir jeté un œil sur le classement, qu’elle a pris conscience de sa position. « C’était dur, je ne pensais qu’à avancer, puis j’ai senti qu’un rêve pouvait se réaliser. Je m’en serais voulu de lâcher si près du but », a-t-elle raconté. Les encouragements reçus des autres coureurs l’ont aidée à poursuivre son effort. Elle loue d’ailleurs cette « vraie solidarité ». Malheureusement, Laura a passé la ligne d’arrivée sans banderole, sans être annoncée ni célébrée. Les organisateurs étaient à ce moment-là en pleine remise des prix de la SaintéLyon. Ils ont présenté leurs excuses le lendemain sur les réseaux sociaux, après notamment que plusieurs participants ou supporters s’en soient vivement émus.

5. « Il fallait avoir de l’ADN de sanglier pour courir cette SaintéLyon »

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Les monts du Lyonnais dans le brouillard – Photo : Brice Robert

La pluie, la boue et le brouillard ont accompagné les coureurs tout du long. Entre la Loire et le Rhône, il est coutume de dire que la SaintéLyon annonce les prémices de l’hiver. La météo fait pleinement partie de cet événement, avec la nuit, et met chaque année les participants à rude épreuve. Après une édition 2021 en partie sous la neige, la pluie s’est invitée sur les monts du Lyonnais, rendant les chemins extrêmement glissants et boueux. « Par endroits, c’était une vraie patinoire, j’ai chuté trois fois et j’ai relevé plusieurs personnes tout au long du parcours. », a raconté un finisseur du 78 km à son arrivée. Des milliers de coureurs ont emprunté la même trace, ce qui a eu pour effet de « labourer » les chemins en continu. L’animateur vedette de la SaintéLyon, Ludovic Collet (membre de La Bande à D+), qui a le sens de la formule, a conclu qu’il « fallait avoir de l’ADN de sanglier pour terminer cette SaintéLyon ».

En milieu de nuit, sur les plus hautes parties du parcours à une altitude de 700-800 m, le brouillard a rendu la progression difficile tellement il était dense. Les faisceaux des frontales ne parvenaient pas tous à éclairer correctement les sentiers. La fin de nuit vers Lyon a quant à elle été plus clémente, avant une reprise de la pluie pour accueillir les derniers finisseurs de la doyenne qui ont terminé leur périple entre 12 h et 15 h d’efforts.

6. Le suivi en direct proposé pour la première fois. 

La SaintéLyon a rejoint les grands événements qui proposent une diffusion vidéo en direct, comme l’UTMB, le Marathon du Mont-Blanc, Sierre-Zinal ou encore l’Ultra-Marin en Bretagne. En plus du suivi LiveTrail (qui a planté à plusieurs reprises), les internautes ont pu s’immiscer dans la tête de course en images, mais aussi profiter de l’ambiance au cœur de peloton sur les ravitaillements et au bord des chemins. L’ancien champion du monde de trail, quadruple vainqueur des Templiers et Team Manager de l’équipe Asics Thomas Lorblanchet (membre de La Bande à D+) était entre autres, avec notre confrère de Trails Endurance Mag Frédéric Bousseau, aux commentaires de ce direct qui a duré toute la nuit. 

7. Un événement hyper populaire avec 17 000 coureurs inscrits et de nombreux fidèles

SaintéLyon
La SaintéLyon est course de nuit souvent marquée par une météo chaotique – Photo : Brice Robert

Née en 1952, La SaintéLyon est passée en 68 éditions du statut de randonnée pédestre à celui d’un des plus grands événements de course à pied en France. Constituée à 65 % de sentier et 35 % de route, elle attire chaque année des coureurs aussi bien sur route que des montagnards.

17 000 personnes étaient inscrites aux huit courses de la SaintéLyon (allant de 13 km à 156 km), selon l’organisateur, soit 2000 dossards de plus qu’en 2021, mais ils étaient finalement 13 901 coureurs et coureurs à défier la nuit selon les statistiques de l’application de suivi de courses Live Trail.

Sur les 6037 participants au départ de l’épreuve phare, 5305 ont rallié l’arrivée.

« C’est une course qui nécessite de l’engagement » souligne Baptiste Chassagne, qui connaît bien ces sentiers. Le froid, la nuit, la pluie voire la neige, et cette année la boue, c’est ce que viennent chaque année chercher les participants qui, pour beaucoup, sont fidèles à l’organisation. « Cela fait sept fois que je viens », s’enthousiasmait Myriam, assise sur son tapis dans le Palais des sports de Saint-Étienne en attendant que le départ soit donné. « On vient ici pour se dépasser, mais aussi et surtout pour l’ambiance ». Le doyen de la course, Étienne Pupier, a pour sa part terminé sa 34e SaintéLyon cette année. 

L’aura qui se dégage de la SaintéLyon plaît beaucoup, même du côté des élites. « Je trouve que c’est un grand événement qui, malgré que ce soit une machine de guerre logistique, reste très humain », a commenté Alexandre Boucheix.

Les amateurs de football auront peut-être croisé d’anciens joueurs internationaux français comme Sydney Govou ou Éric Abidal qui ont couru en relais. L’ancien cycliste professionnel et sélectionneur de l’équipe de France Thomas Voeckler était aussi au départ de la SaintExpress. La SaintéLyon est ancrée dans son territoire et rayonne au-delà du monde de la course à pied, avec une capacité à rassembler des novices aussi bien que des élites, ou des amateurs éclairés. 


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