DISTANCES+ AUX TEMPLIERS – Après l’UTMB, le Festival des Templiers est sans doute le rendez-vous le plus populaire des coureurs en sentier en France. La fin de semaine dernière, ils étaient 12 800 traileurs à prendre part à l’une des 16 courses proposées au départ de Millau, dans l’Aveyron.
C’est aussi l’un des événements consacrés au trail les plus anciens en Europe. Il se déroule à travers des paysages emblématiques, marqués par une alternance de causses, ces hauts plateaux calcaires typiques de cette région située au sud du Massif central, de vallées et de gorges.
Un peu de Canada et de Québec aux Templiers
Selon les chiffres fournis par l’organisation, 80 % des participants viennent de l’extérieur de l’Occitanie. Lors de cette 24e édition, 45 nationalités étaient représentées, dont le Canada avec Jocelyne Serveau qui participait dimanche à l’épreuve reine, le Grand Trail des Templiers (76 km, 3540 m D+) à travers le Causse Noir, le Causse du Larzac, et les vallées du Tarn et de la Dourbie.
Pour la petite histoire, Jocelyne est née il y a 40 ans au Nouveau-Brunswick, elle a grandi en Ontario, a fait ses études au Québec et les a terminées en Angleterre avant d’aller s’installer en France. Elle vit aujourd’hui dans le Vercors, comme le double vainqueur de la Diagonale des fous Benoît Girondel.
Habituée du festival, dont elle adore l’ambiance, Jocelyne avait décidé de boucler sa saison à Millau. Après avoir couru deux fois le Marathon des Causses, elle a choisi de s’élancer sur le parcours phare, caractérisé par une alternance de longues sections où l’on peut courir à bon rythme et des sections très techniques. Elle a terminé à la 32e place chez les filles, et 10e de sa catégorie (Vétéran 1 Femme), en pile 12 heures de course.
« C’était une journée parfaite, s’est-elle enthousiasmée à l’arrivée, pas vraiment émoussée. Il a fait beau, mais finalement pas trop chaud, je n’ai pas trop souffert. C’est une énorme course. Plus de 12 000 coureurs sur la fin de semaine, on ne connaît pas ça au Québec… »
Blaise Dubois, qui donnait une formation de la Clinique du coureur la semaine dernière à Millau aux côtés de Thomas Lorblanchet, quadruple vainqueur du Grand Trail, avait pris un dossard, mais il a dû renoncer à prendre le départ de sa course en raison d’une blessure à la hanche.
Combat d’élites sur le Grand Trail des Templiers
Le Grand Trail des Templiers a été le théâtre d’une lutte à haute intensité en tête de course, avec 40 coureurs affichant une cote ITRA supérieure à 800. Comme l’an dernier, le Grand Trail a été animé par deux des meilleurs coureurs en sentier français, Sébastien Spehler (cote ITRA 886) et Nicolas Martin (897). Et une fois encore, c’est Sébastien (6 h 36) qui a eu le dessus sur Nicolas avec 1 min 30 d’avance. Ce dernier tentait sa chance pour la septième fois, sans succès.
Sébastien Spehler, magistral, s’est effondré sur la ligne d’arrivée, éreinté par le combat qu’il venait de remporter.
« C’est une course qui est très exigeante. Elle demande une bonne préparation, a affirmé le champion à Distances+. Il y a de gros murs, mais surtout de belles parties roulantes sur lesquelles il faut savoir courir et relancer. C’est très casse-pattes. »
Comme pour son adversaire malheureux, le Festival des Templiers est précieux. « Il existe de plus en plus de courses, chacune avec sa spécialité, son «petit truc à elle», mais aucune autre course à mes yeux ne peut remplacer les Templiers, dit-il. Je ne dirais pas que c’est mieux ou moins bien, c’est juste unique. »
Après quelques vacances, Sébastien Spehler ira boucler sa saison aux États-Unis. Il sera au départ de The North Face Endurance Challenge à San Francisco.
Une réussite populaire
« C’est la cinquième fois que je viens sur le Festival des Templiers et je suis toujours autant fasciné par cette course, a souligné Sébastien Spehler. L’ambiance y est vraiment particulière, c’est une compétition, mais une ambiance de grande fête y règne. »
Ce commentaire, Distances+ l’a entendu durant tout le week-end sur le site bucolique des courses, d’où l’on peut notamment admirer le célèbre Viaduc de Millau. Ils étaient nombreux aussi à comparer cet événement avec l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, même si ironiquement nombreux sont ceux aussi qui viennent y chercher les quelques points nécessaires à se qualifier à l’UTMB.
« Ici, c’est authentique, on n’est pas à Chamonix, ce n’est pas surfait. C’est super convivial, sans prise de tête », a notamment commenté un participant au départ de l’Endurance Trail (101 km, 5260 m D+), avant que ne résonne l’hymne des Templiers, Ameno d’Era et que les milliers de traileurs passent sous la belle arche en bois, qu’ils ont retrouvée, sur une butte un peu plus haut, à l’arrivée.
« Cette édition 2018 a été une exceptionnelle réussite, avec un nombre record de participants sur l’ensemble des épreuves, s’est félicité Odile Baudrier, cofondatrice du Festival, ravie « de constater l’enthousiasme conservé de [son] événement ».
Odile s’est dite particulièrement fière du nombre de finisseurs sur le Grand Trail des Templiers auxquels 2700 coureurs avaient pris part dimanche matin. « 2034! C’est une belle réussite pour toute l’équipe d’organisation d’avoir pu ainsi « ramener » autant de coureurs sous l’arche d’arrivée, et de pouvoir gérer toutes ces compétitions en parallèle. »
À noter que contrairement à la tendance observée sur la plupart des grandes courses en sentier, le Festival des Templiers n’impose pas aux coureurs le gobelet réutilisable.
Soulignons enfin que parmi les 16 courses au programme des trois jours, la Templière (7 km, 280 m D+) est dédiée depuis 20 ans aux seules athlètes féminines. Les organisateurs reconnaissent que les femmes sont de plus en plus nombreuses à s’élancer aux côtés des hommes dans les sentiers, mais ils tiennent à lui laisser toute sa place. Sur cette 24e édition du Festival des Templiers, 32 % des inscrits à l’ensemble des courses étaient des femmes.