DISTANCES+ À ANNECY – Après une troisième place en 2016 et une deuxième place en 2017, le Français Michel Lanne, connu pour être un amateur de bière et de burgers, a remporté en beauté la Maxi-Race (82 km, 5200 m D+) autour du lac d’Annecy en fin de semaine, après un mois sans boire une goutte d’alcool. Favori de la plus longue des onze épreuves du week-end, l’Ultra-Race (115 km, 7000 m D+), François D’Haene a été contraint à l’abandon.
Victoire de Michel Lanne
On espérait voir Dylan Bowman dans le sas des élites de la Maxi-Race, dont le départ a été donné à 3 h 30 du matin samedi à grands coups de fumigènes rouges, mais l’Américain n’a pas fait le déplacement. Il a récemment repris la course après sa fracture de la cheville. Il était trop tôt pour la compétition. C’est donc un Michel Lanne détendu qui a assumé l’étiquette de grand favori sur des sentiers où il s’entraîne toute l’année. Et le coureur de l’équipe Salomon n’a pas déçu.
Michel a en effet dominé la Maxi-Race de la tête aux pieds, remportant la course en 8 h 40, à un peu plus de quatre minutes du record détenu depuis la première édition en 2011 par l’Espagnol Iker Karrera (même s’il y a des petits changements chaque année).
« C’était super bien! Dès le départ, sur le plat, j’avais de bonnes sensations, s’est félicité le champion quelques minutes après son arrivée. Dans les portions descendantes, j’étais plus à l’aise que les autres, donc je me suis dit que si j’arrivais à suivre dans les montées, je pourrais réussir à tirer mon épingle du jeu. » Il a fait mieux en s’extirpant du groupe de tête pour prendre le large dans la descente du Semnoz. « J’ai des petits soucis de genou, précise-t-il. Dès que je suis dans la retenue, ça fait mal. Et dès que je lâche, ça va mieux. Alors j’ai lâché. »
Il n’a toutefois pas spécialement aimé se retrouver à courir tout seul devant. « Je me suis dit: « T’es con, tu aurais dû rester avec du monde », parce qu’après je ne faisais que penser aux écarts, que de toute façon je n’avais pas. » À tel point qu’il a « descendu la dernière partie de course comme un malade », parce que des gens sur le parcours lui avaient indiqué, à tort, que Vincent Viet revenait sur lui. Son poursuivant se trouvait en fait à 20 longues minutes derrière lui.
Ce qui a mis également en joie Michel Lanne à l’arrivée, c’est qu’il allait enfin pouvoir déguster une vraie bière, après avoir relevé son défi sans alcool. « C’était un défi à la con, a-t-il lancé en rigolant, mais finalement je dois reconnaître que ça aide de ne pas picoler après l’entraînement. Mais bon, je ne le referais pas », assure-t-il, en précisant que, durant cette difficile période de carences, il avait « dû boire au moins 410 bières sans alcool ».
Vincent Viet et Nicolas Duhail complètent le podium
Vincent Viet a pour sa part signé une belle deuxième place (9 h 01) sur cet ultra très exigeant, qu’il « connaît par cœur » et qu’il « adore ». Il a participé à la plupart des épreuves ici. Il s’est, cela dit, beaucoup amélioré en montagne au cours de la dernière année passée à Annecy. Voilà un an qu’il a quitté Paris, où il lui fallait se décarcasser pour cumuler du dénivelé lors des entraînements. « J’ai fait quand même 45 minutes de moins » que l’année dernière, a-t-il fait remarquer, satisfait. Il faut dire que, durant sa préparation, il n’a pas couru une semaine sans faire en dessous de 4000 m de dénivelé. « L’année dernière, j’étais arrivé à la Maxi-Race avec maximum 1600 m de dénivelé par semaine », se souvient-il.
C’est un autre gars originaire de la région parisienne, Nicolas Duhail, qui est monté sur la troisième marche du podium (9 h 12) après une course intelligente durant laquelle il a laissé partir les meilleurs sans trop se laisser distancer jusqu’à Doussard, où il a commencé à accélérer.
Il a notamment dépassé le Chinois Canhua Luo, qui avait tenu le rythme toute la moitié du parcours, restant en deuxième position jusqu’au ravitaillement de la mi-course, là où, dit-on, la course commence. De toute évidence en surrégime, on l’a retrouvé titubant dans l’ascension vers le roc de l’Encrenaz. Il a terminé en 17e position, après 10 h 39 de course.
La première athlète féminine, la Française Marion Delespierre, a signé sa première grande victoire sur un ultra après 10 h 57 de course, loin devant sa compatriote Isabelle Dragon (11 h 19) et l’Italienne Virginia Oliveri (12 h 29).
François D’Haene se blesse, Jason Schlarb trop juste
Le départ de l’Ultra-Race (114 km, 6930 m D+) avait été donné quelques heures avant la Maxi-Race, à minuit vendredi, sur la plage d’Albigny en direction du sommet du Semnoz. On attendait une course rythmée par François D’Haene et l’un des Américains en forme du moment, Jason Schlarb (victoire à Oman by UTMB et Ushuaia by UTMB), mais le Français a abandonné avant le lever du jour en raison d’une entorse.
« Le début de course se déroulait à merveille, avec de très bonnes sensations, mais j’ai sans doute fait preuve d’un peu trop de relâchement dans la seconde grosse descente, a expliqué D’Haene, qui s’est tordu la cheville. Ce n’est pas trop grave, mais ça me faisait trop souffrir pour envisager de poursuivre encore 70 kilomètres de course. C’était trop risqué pour la suite de la saison. » La Maxi-Race s’inscrivait en effet dans le cadre de sa préparation à son principal objectif, la Hardrock 100, en juillet. Le vainqueur du MIUT sur l’île de Madère en avril a passé un contrôle médical ce jeudi, et les nouvelles sont bonnes. Il avait d’ailleurs rapidement repris le vélo en attendant d’avoir le feu vert pour courir.
D’Haene hors course, Jason Schlarb a pris la tête de la course avec l’Espagnol Unai Dorronsoro, souvent bien placé, rarement gagnant, qui a profité d’un gros coup de mou de l’Américain en fin de matinée dans le montée du pas l’Aulp pour prendre ses distances et ne plus jamais être rattrapé.
Avant cela, les deux hommes avaient été arrêtés vingt minutes par l’organisation pour avoir coupé le parcours, de toute évidence par erreur, mais ils étaient tellement en avance que la sanction n’a pas eu de conséquences sur l’issue de la course.
Dorronsoro a passé la ligne en 13 h 47, suivi par Schlarb en 14 h 05. Le coureur du Colorado a reconnu qu’il avait beaucoup souffert. « C’est vraiment une course difficile », a-t-il commenté à l’arrivée, exténué et le visage marqué, tombant dans les bras du champion suisse Diego Pazos, qui assurait son ravitaillement. Le Français Yannick Noël, vainqueur cette année du Grand Raid du Ventoux (103 km), est venu compléter le podium.
La Hongroise Ildiko Wermescher (17 h 34), la Suissesse Denise Zimmermann (18 h 16) et la Française Sandrine Béranger (18 h 22) ont été les trois premières athlètes féminines à franchir la ligne d’arrivée de cette Ultra-Race 2019.
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