Alors que plusieurs courses de trail ont été organisées durant l’été, comme l’Échappée Belle le week-end dernier, et que l’automne s’annonçait chargé en compétitions, entre celles qui sont prévues et celles qui avaient été reportées au printemps en raison de la pandémie, on assiste à une nouvelle vague d’annulations d’événements en France.
Face à l’épidémie de coronavirus qui progresse dans le pays, les autorités de santé publique ont en effet interdit la tenue de la Skyrhune, au Pays basque, et du Grand Trail de Serre-Ponçon, dans les Alpes du Sud. Les deux événements devaient avoir lieu en septembre.
Dans la foulée, l’édition 2020 de Gapen’cimes, qui accueillait début octobre cette année les championnats de France de trail, a été annulée par le maire de la ville de Gap. Celui-ci a invoqué la nécessite d’être extrêmement prudent face aux risques sanitaires, anticipant une éventuelle interdiction préfectorale.
Presque toutes les courses du Festival des Templiers annulées
Et c’est désormais au tour du Festival des Templiers, l’un des événements de trail les plus populaires en Europe, de mettre un genou à terre. L’organisation a pris la décision d’annuler 11 courses et le Salon du trail prévus les jeudi, vendredi et samedi 15, 16 et 17 octobre, mais de « sauver » l’emblématique Grand Trail des Templiers, le dimanche. L’épreuve de 78 km et 3560 m de D+, annulée l’an dernier en raison d’une mauvaise météo, accueille chaque année plusieurs des meilleurs traileurs nationaux.
« Au regard d’un dossier Covid verrouillé que nous pensions être en capacité de tenir, d’une situation sanitaire complexe insaisissable, au regard du nombre de départements virant au rouge, au regard de cette paranoïa ambiante, de cette pandémie de l’infox, du risque zéro qui n’existe pas, tous, organisation et service de l’État, nous avons pris la décision d’annuler les journées du jeudi, vendredi et samedi des Templiers », s’est exprimé ce jeudi Gilles Bertrand, qui est à la barre du Festival, dans un très long message émotif sur la page Facebook de l’organisation.
Coup de gueule de Serge Jaulin pour plus de cohérence des autorités
Dans le monde du trail, l’émotion est parfois remplacée par la colère, stimulée par l’incompréhension et le sentiment d’injustice, à l’image du « coup de gueule en réaction à des annulations qui semblent bien arbitraires » de Serge Jaulin, l’organisateur du Trail du Ventoux, qui avait pu avoir lieu en mars dernier, juste avant le confinement.
Dans un texte publié en début de semaine, en réaction à la nouvelle vague d’annulation, il s’insurge contre « le comble de l’incohérence », comme l’autorisation des championnats du monde d’escalade à Briançon avec des milliers de spectateurs non distanciés les uns des autres, mais le veto de la santé publique à la tenue de l’Embrunman, le triathlon longue distance d’Embrun, également dans les Hautes-Alpes. Ou comme l’annulation des championnats de France à Gap en octobre, alors que le Tour de France y fera étape début septembre.
« Que veulent dire ces incohérences? se questionne-t-il. Il n’est pas question de monter les événements sportifs les uns contre les autres, bien au contraire, tous sont bien assez malmenés depuis presque six mois et ce n’est pas fini, mais il s’agit aujourd’hui d’interpeller le ministère des Sports et les agences régionales de santé pour que tous les événementiels sportifs soient traités de la même façon à partir du moment où les protocoles exigés sont mis en place avec sérieux par les organisations. Quand on connaît l’investissement que demande la mise en place d’une organisation, c’est le minimum de respecter de la même façon tous les événements et par la même tous les participants à ces événements. Il en va de l’avenir de ceux-ci dans les prochains mois, mais aussi de la crédibilité que l’on peut accorder aux instances administratives qui doivent avant tout fédérer et non diviser surtout dans cette période de doutes. Exigeons de ces instances des décisions cohérentes s’appuyant sur un protocole de décisions identique pour tous », conclut Serge Jaulin.
Très remonté, l’organisateur a lancé une pétition sous la forme d’une lettre ouverte à la ministre des Sports Roxana Maracineanu, « pour demander une cohérence de décision par rapport aux demandes d’autorisations des événements sportifs ».
Ce jeudi, le ministère français de la Santé a placé 19 départements où la circulation du coronavirus est repartie à la hausse en zone rouge. 21 départements sont désormais en zone rouge sur 101, notamment tous les départements de la façade méditerranéenne.