Photo : courtoisie
Le bout du monde existe et il se trouve beaucoup plus prêt de nous qu’on le pense. Créer une course en sentiers précisément à cet endroit n’est pas une sinécure. Ce qui l’est encore moins, c’est de réussir à attirer des coureurs des quatre coins du Québec. Et c’est Jacques Aubin, porte-parole de la deuxième édition de l’Ultra-Trail du bout du monde (UTdBM), qui se tient ce weekend dans le parc Forillon en Gaspésie, qui l’affirme.
« Organiser une course à l’autre bout du Québec, c’est s’obliger à relever un sacré défi, lance avec enthousiasme Jacques Aubin. Car il faut amener le monde ici. On ne passe pas par la Gaspésie, on y va par choix. »
Une course en développement
À quelques jours du coup de sifflet, le niveau des inscriptions à cette course en terre et mer, qui promet des paysages époustouflants, se situe en deçà des espoirs de l’organisation. Elle n’en demeure pas moins très satisfaite de voir déjà 290 participants prêts à s’élancer dans les sentiers ouverts et étroits entourés de vieux pins.
Il n’y a pas à proprement parler de têtes d’affiche pour le moment, mais on compte des coureurs aguerris qui sont prêts à affronter les 22, 35, 53 et 110 km.
« 25 participants se sont inscrits sur le 110 km, une nouvelle distance au programme cette année, précise le porte-parole. Nous attendons aussi 80 coureurs sur le 55 km. »
Beaucoup de coureurs présents cette année ont déjà participé à la première édition, en 2016, et ont décidé de tenter à nouveau l’expérience. Jacques Aubin n’est pas surpris. « Au Québec, les forêts sont toutes formidables, mais celle-ci a un petit quelque chose en plus, précise-t-il. Sa situation est exceptionnelle, puisque les sentiers débutent au bout de la péninsule, sur une longue bande de terre posée sur la mer. On a cette impression de se trouver précisément à l’endroit où terre et mer se confondent pour ne former plus qu’un. »
La part bénévole
La réussite d’une course repose souvent sur le dos des bénévoles, présents pour accueillir les coureurs aux ravitos, mais pas seulement. « C’est sans doute l’autre grand défi auquel nous sommes confrontés. Dans la plupart des courses, 50 % des bénévoles sont eux-mêmes des coureurs qui choisissent de redonner à la communauté des ‘’traileurs’’ et les 50 % suivants sont des proches, soit de l’organisation, soit des inscrits. Ici, la réalité est tout autre. Près du tiers des bénévoles est issu du grand public. Ils ne courent pas et n’ont pas de lien avec l’UTdBM. Parce qu’ils sont néophytes, l’organisation doit en tenir compte. C’est à la fois extrêmement exigeant, mais aussi passionnant de voir ces gens s’enthousiasmer pour un tel événement. »
Jacques Aubin ne tarit pas d’éloges pour cette course de la pointe extrême du Québec et raconte avec amusement sa rencontre l’année dernière avec un orignal, alors qu’il avait pris le départ de l’UTdBM. « J’ai vécu un truc incroyable. Il y avait cet orignal qui me devançait. Je l’ai aperçu à 200 mètres devant moi avec son immense panache. Lorsque je me suis approché, il est parti à la course pour s’arrêter un peu plus loin. De nouveau, je me suis approché et il est reparti. Nous avons joué à cache-cache comme cela pendant un certain temps. C’est mémorable. »
L’aventure, à son grand regret, ne pourra pas se reproduire cette année, puisqu’il ne prendra pas le départ. Mais, qui sait, l’orignal sera peut-être à nouveau de la partie et un autre coureur chanceux pourra se mesurer à l’imposante bête.